C'est un succès qui peut surprendre. Depuis plusieurs jours, la série documentaire Alexandre le Grand : au rang des dieux occupe le classement de la plateforme Netflix. Composé de six épisodes, ce travail, mélangeant expertises de la part d'historiens et reconstitutions épiques, retrace la vie de cette figure de la Grèce antique qui a, en seulement six ans, conquis l'Empire perse.
Seulement sur les réseaux sociaux et notamment X - anciennement Twitter -, la série documentaire est au cœur d'une petite controverse. Certains internautes accusent la plateforme de Netflix de "propagande". La raison ? Le programme met en scène la bisexualité du conquérant. Un fait pourtant historique prouvé de nombreuses fois par des experts.
"Netflix a sorti un nouveau documentaire sur Alexandre le Grand. Dans les huit premières minutes, ils font de lui un gay", écrit End Wokeness - "Mettre fin au wokisme" en français - sur le réseau social. Le post en question a été vu 23 millions de fois. "Alexandre le Grand n'a jamais été gay. Une nouvelle connerie de la propagande Netflix", ajoute un autre utilisateur.
En Grèce antique, la bisexualité - et plus particulièrement chez les hommes - était pourtant monnaie courante. En 2014, l'historien Michel Larivière publie Les Amours masculines de nos grands hommes et écrit, entre autres, sur le cas d'Alexandre le Grand. Dans une interview accordée à Libération, il fait en mention de la censure sur le sujet de l'orientation sexuelle dans l'Histoire : "Cette censure s'exerce encore à l'université et dans les musées. On refuse d'accepter et d'enseigner qu'un homme a été influencé par l'amour qu'il portait à quelqu'un de son sexe."
Le documentaire Alexandre le Grand : au rang des dieux détaille les liens qu'aurait pu entretenir la légende grecque avec d'autres hommes. Parmi eux, son ami d'enfance Hephaestion et Ptolemy. Sur le premier, le docteur Salima Ikram de l'Université américaine du Caire - qui apparaît dans la série - détaille : "Hephaestion n'était pas seulement un compagnon fidèle, mais peut-être son plus grand amour."
En 2004, lorsque le réalisateur américain Oliver Stone réalise un film sur Alexandre le Grand avec Colin Farrell dans le rôle principal, il doit également faire face à des critiques sur ce sujet. Aborder le thème de l'homosexualité a refroidi beaucoup de ses producteurs : "Il était tout simplement impensable que les Etats-Unis s'impliquent dans un film qui décrit l'homosexualité d'Alexandre le Grand, confie-t-il dans une interview accordée au média Le Temps. En fait, il était plutôt du troisième genre, attiré par les hommes et par les femmes, comme il était normal dans la Grèce antique."