Karin, 11 ans, est abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville de la province japonaise. Celui-ci demande à Anzu, son chat-fantôme jovial et serviable bien qu’assez capricieux, de veiller sur elle. La rencontre de leurs caractères bien trempés provoque des étincelles, du moins au début...
Présenté à la Quinzaine des Cinéastes lors du dernier Festival de Cannes et en compétition officielle au Festival d'Annecy 2024, le film d’animation Anzu, chat-fantôme arrive aujourd’hui dans les salles françaises. Ce long-métrage est l’adaptation du manga du même nom signé Takashi Imashiro, à qui l’on doit également 20th Century Boys et Colère nucléaire pour les connaisseurs.
Son héros ? Anzu, un chat parlant de taille humaine, qui se tient sur ses pattes arrières et cache sous ses airs de gros nounours une étonnante personnalité : s’il souhaite avant tout aider les gens (et les animaux !) autour de lui, il est également imprévisible et capricieux à l’image de n’importe quel autre félin, et parfois même un peu grossier. À la fois chiropraticien et gardien de temple, il navigue en scooter de consultation en consultation, son téléphone portable autour du cou.
Un héros atypique donc, dont la présence parmi les humains ne semble pas le moins du monde perturber ceux qui l’entourent. Non pas considéré comme un intrus, Anzu est une simple curiosité très bien intégrée au sein de la communauté locale.
"Comme dans le manga original, les Yokai [des créatures surnaturelles très présentes dans le folklore japonais, tels que les chats-fantômes, ndlr] que l’on voit dans le film sont assez éloignés de leur image traditionnelle des légendes. [...] Dans notre histoire, il s’agit de Yokai un peu ratés, de seconde catégorie pour ainsi dire ! Et c’est ce qui les rend amusants," explique la réalisatrice Yoko Kuno.
Protagoniste principal du manga sur lequel est basé le film, Anzu est accompagné dans le long-métrage de Karin, 11 ans, personnage imaginé spécialement pour l’adaptation. Adolescente impertinente, responsable et solitaire, elle est livrée à elle-même dans ces lieux et cet environnement qu’elle ne connaît pas. À travers son histoire et sa rencontre avec le fameux chat-fantôme, le film offre un touchant récit initiatique sublimé par une magnifique animation en rotoscopie.
Cette création franco-japonaise a en effet été quasi-entièrement tournée en prises de vues réelles avec des acteurs avant d’être animée, ce qui permet un résultat authentique et moderne absolument bluffant. Ne manquez pas le générique de fin pour voir défiler les images avant l’animation, une expérience époustouflante !
Ce qui peut les inquiéter : Anzu, chat-fantôme aborde des thématiques fortes, notamment le deuil, qui peuvent évidemment être sources d’inquiétude pour les plus jeunes. Le film les traite néanmoins à hauteur d’enfants grâce au personnage de Karin. Les scènes se déroulant dans l’au-delà sont également déconcertantes, mais le format de l’animation permet d’atténuer la brutalité des séquences.
Bien que s’adressant à de jeunes spectateurs, ce long-métrage propose un récit nuancé bien loin des films d’animation classiques en mettant en scène des personnages complexes et authentiques : “Les méchants absolus font partie des clichés et accentuent le caractère artificiel d’une histoire. Nous voulions donc éviter ce schéma à tout prix. Tout comme les personnages gentils et sans défaut, qui ne sont pas crédibles non plus,” précise Nobuhiro Yamashita.
Le co-réalisateur du film espère que le public sera touché par l’histoire de Karin et la force puisée par l’adolescente dans les épreuves qu’elle traverse : “Le vrai thème principal du film est l’évolution d’une jeune fille qui s’est renfermée sur elle-même et qui a une attitude un peu coincée parce qu’elle a vécu des choses difficiles. Au cours de cette histoire, elle va commencer à s’ouvrir, retrouver le sourire, et aider les autres à se relever. Nous serions ravis si les spectateurs ressentaient eux aussi cette énergie positive en découvrant le film,” souligne-t-il.