Renaître peut attendre. C’est ce que disent aujourd’hui les fans de James Bond, trois ans après la sortie de Mourir peut attendre, le film qui signait les adieux de Daniel Craig à la saga et, en conséquence, le début des grandes interrogations sur sa succession et le nécessaire reboot des aventures de 007.
Trois ans, ce n’est pas si long dans le monde des franchises, mais comme aucun film ne semble se manifester à l’horizon, on peut raisonnablement penser qu’on ne verra pas de nouvel épisode de James Bond avant 2026. Soit cinq ans de hiatus, tout proche du record d’absence bondienne : six ans entre Permis de tuer et GoldenEye (période d'une grosse crise industrielle et artistique pour la saga), six ans aussi entre 007 Spectre et Mourir peut attendre (à cause des incessants reports de sortie en pleine pandémie de COVID).
"Les spectateurs vont patienter. Nous ne voulons pas que trop de temps s’écoule entre deux films mais nous ne nous faisons pas de souci à ce stade", a déclaré au quotidien britannique The Guardian Jennifer Salke, boss de Amazon MGM Studios (désormais propriétaire de la licence 007) à l’occasion d’un point sur l’avenir du personnage inventé par Ian Fleming :
"Plein d’idées intéressantes (sur des acteurs potentiels – ndlr) ont été évoquées. Il y a plein de pistes différentes que nous pourrions suivre. Nous avons une solide relation avec EON Productions, Barbara Broccoli et Michael G. Wilson (les producteurs historiques de la saga, qui gardent le contrôle créatif sur les films Bond - ndlr). Nous ne cherchons pas à bouleverser la manière dont ces merveilleux films sont faits."
Jennifer Salke est également revenue – sans trop se mouiller – sur l’idée d’une série située dans l'univers bondien, idée qui est dans l’air depuis 2021 et le rachat de la MGM par Amazon :
"Quand il est question d’une telle « propriété intellectuelle », on réfléchit forcément sur le long terme. On regarde sous tous les angles." Des angles déjà bien étudiés par Amazon, puisque la marque Bond se décline depuis l’année dernière sur Prime dans la télé-réalité 007 : en route pour le million, présenté par Brian Cox.
Il y a deux ans, Barbara Broccoli expliquait qu’elle et Michael G. Wilson travaillaient à une "réinvention de Bond" et qu’il faudrait attendre "au moins deux ans" avant que la production d’un nouveau film ne puisse commencer.
Nous voici deux ans plus tard et rien n’est encore fixé. Des rumeurs sur un successeur de Daniel Craig ont circulé – après des années de spéculation autour du nom d’Idris Elba, les bookmakers parient ces jours-ci sur Aaron Taylor-Johnson et Barry Keoghan. Les rumeurs vont bon train aussi sur l’identité du réalisateur de ce qui sera le 26ème épisode de la saga. Alors que Denis Villeneuve a exprimé son intérêt pour le personnage, on a pu entendre circuler ces derniers mois les noms de Kelly Marcel (réalisatrice de Venom : The Last Dance, qui sort à la fin du mois), Edward Berger (A l’ouest, rien de nouveau), David Michod (Animal Kingdom, War Machine, Le Roi), Bart Layton (The Imposter) ou Yann Demange (’71, Undercover : une histoire vraie).
L’été dernier, le site World of Reel propageait une rumeur – à prendre donc forcément avec des pincettes – selon laquelle Damien Chazelle aurait eu un meeting avec les pontes de EON Productions (Chazelle avait dit un jour que les Bond était "la seule franchise" sur laquelle il se verrait travailler). Le réalisateur de La La Land et Babylon au service de Barbara Broccoli ? On peut rêver, mais ça paraît presque aussi improbable que de voir un jour Christopher Nolan signer un Bond – vieux rêve de fan qui semble aujourd’hui dissipé pour de bon, surtout après les difficultés que Danny Boyle a connu en bossant sur son Bond à lui, un projet pré-Mourir peut attendre pour lequel il a fini par jeter l’éponge.
"Les producteurs de Bond sont à la recherche de réalisateurs plus contrôlables", a récemment dit Sam Mendes, le plus "auteur" des cinéastes ayant bossé sur la saga, alors qu’on lui demandait s’il pourrait réaliser un jour un autre épisode, après Skyfall et 007 Spectre.
"Il ne faut jamais dire jamais, comme dirait l’autre. Mais ça m’étonnerait. (…) Ils veulent des gens plus malléables, qui sont à un stade moins avancé de leur carrière, qui vont peut-être se servir du film comme un tremplin, et qui sont plus contrôlables par un studio."