CoCo Lee, chanteuse du film Mulan, est morte à 48 ans

Le monde de la musique est une fois de plus en deuil. Ce mercredi 5 juillet 2023, il a perdu la chanteuse sino-américaine CoCo Lee, à seulement 48 ans. De son vrai nom Ferren Lee, cette artiste aux 30 ans de carrière avait su se faire une place de choix en Chine et aux États-Unis. Sa voix reconnaissable entre toutes a été entendue dans plusieurs bandes originales, dont celle de Mulan (Disney) et celle de Just Married (ou presque) avec Julia Roberts et Richard Gere.

L'annonce de son décès a été faite ce mercredi 5 juillet 2023 sur le compte Instagram de sa sœur Nancy. "CoCo souffrait de dépression depuis quelques années, mais son état s'est considérablement détérioré au cours des derniers mois", écrit-elle. Elle révèle que Coco Lee se serait suicidée le dimanche 2 juillet 2023. Les efforts du personnel hospitalier pour la sortir du coma ont été vains. Coco Lee a finalement perdu la vie ce mercredi 5 juillet 2023.

Coco Lee laisse derrière elle une carrière impressionnante. Sa signature avec Sony Music lui avait ouvert les portes de succès phénoménaux. La chanteuse jonglait avec une facilité déconcertante entre anglais, cantonais ou mandarin, pour le plus grand bonheur de ses fans. Ses chansons se sont vendues à des millions d'exemplaires, notamment la bande originale du film Disney Mulan qu'elle a interprétée. Sa renommée lui a valu la place de jurée dans Chinese Idol en 2013 et dans la version chinoise de Danse avec les stars en 2015.

Sa véritable consécration a toutefois eu lieu en 2011. Cette année-là, elle est devenue la première et unique chinoise à avoir chanté à la cérémonie des Oscars à Los Angeles. "En tant que famille de CoCo, nous sommes très reconnaissants et honorés d'avoir une sœur aussi excellente et remarquable. Nous sommes reconnaissants à Dieu de nous avoir donné un ange si gentil", partage sa sœur. Ses fans sont bien sûr dévastés par la terrible nouvelle. Ils sont nombreux à partager leur tristesse sous son dernier post Instagram, en date du 31 décembre 2022 : "Je n'y crois pas", "CoCo, s'il te plaît reviens…", "On se souviendra de toi", peut-on y lire. Encore une vedette partie trop tôt...

Mulan sur Disney+ : comment le film s’est-il inspiré du traditionnel film de sabre chinois ?

Mulan est dès à présent disponible sur Disney Plus. Bien plus qu’un simple remake en prises de vues réelles du célèbre film d’animation, le long métrage de Niki Caro est une réinterprétation de la légende de Hua Mulan, héroïne fictive du poème La Ballade de Mulan. Mais cette nouvelle version en live-action aura également été l'occasion de rendre hommage à l’un des genres les plus emblématiques du cinéma chinois, le wu xia pian.

Dans le Dictionnaire du cinéma asiatique publié aux éditions Nouveau Monde, le wu xia pian est défini comme le regroupement "de films relatant les exploits d’hommes valeureux, qui maîtrisent les arts martiaux et se battent pour de nobles causes". Le genre puise notamment son inspiration des romans de chevalerie publiés au cours de la dynastie Qing (1644-1911). Apparu au cinéma dès les années 20, le wu xia pan connaît son âge d’or au cours des années 60 grâce à des maîtres comme King Hu, Chang Cheh et la création du célèbre studio Shaw Brothers qui se spécialise dans la production de films d’arts martiaux.

"Bien que très présent à partir des années 20, c'est dans les années 60 que le wu xia pian connaît son âge d'or en étant produit à Hong Kong. C'est un genre cinématographique majeur en Chine. Outre le côté arts martiaux, il y a aussi souvent une composante fantastique, des valeurs (notamment l'héroïsme) et un romantisme qui fait écho aux récits de la littérature classique locale." nous explique Pa Ming Chiu, spécialiste du cinéma asiatique.

Revisité dans les années 70 et 80 par des cinéastes plus modernes, notamment John Woo et Tsui Hark, le wu xia pian a connu un regain d’intérêt au début des années 2000 grâce au succès de Tigre et Dragon d’Ang Lee ; découvert par le grand public occidental à cette occasion, le genre a alors connu un engouement international, influençant quelques-uns des plus célèbres cinéastes hollywoodiens comme Quentin Tarantino (Kill Bill) et les Wachowski (Matrix).

Par authenticité envers l’histoire originale, l’intégralité du casting de Mulan se compose de comédiens asiatiques. En outre, d’illustres personnalités du cinéma d’arts martiaux figurent au générique du long métrage, comme par exemple Donnie Yen, apparu dans des classiques du film de sabre tels que Hero de Zhang Yimou, L’Auberge du Dragon (remake du célèbre Dragon Gate Inn de King Hu) et Seven Swords de Tsui Hark. 

Autre légende du cinéma chinois, Jet Li – qui campe l’Empereur dans Mulan – était lui aussi apparu dans Hero, mais également d’autres productions mémorables comme Les Seigneurs de la guerre ou encore Dragon Gate, la légende des Sabres volants, autre remake de l’incontournable Dragon Gate Inn par Tsui Hark.

"Avoir ces acteurs qui sont populaires et angler le film plus fortement dans le genre est une sorte de caution pour le public local. Dommage qu'à côté de ça, la philosophie des arts martiaux ne soit pas du tout comprise. En faire une sorte de pouvoir magique façon la Force dans Star Wars décrédibilise le film... reste quelques jolies chorégraphies et jolis plans" regrette néanmoins Pa Ming Chiu.

Mulan sur Disney+ : l'histoire vraie de la légende chinoise

L’héroïne Mulan est connue des fans de Disney grâce au film d’animation sorti en 1998. Inspirant et très vite populaire, le dessin animé est une très libre adaptation de la légende de Hua Mulan. Le remake en live-action Mulan réalisé par Niki Caro et porté par l’actrice Yifei Liu s’éloigne de la version enfantine et musicale du film d’animation en étant plus fidèle à la véritable histoire de Hua Mulan. Connaissez-vous la vraie légende ?

Hua Mulan est l’héroïne d’une légende chinoise narrant l’histoire d’une jeune femme déguisée en homme pour combattre à la place de son père dans la guerre de l’Empereur Taiwudi contre les Ruanruan. Ses aptitudes exceptionnelles lui forgent une grande réputation pendant de nombreuses années avant que l’on ne découvre qu’elle est une femme en réalité. La légende de Mulan provient d’un poème appelé La Ballade de Mulan, mentionné dans le Recueil de chants anciens et modernes de la dynastie Chen.

Ce n’est que sous les Ming que le nom de famille Hua fut attribué à Mulan par Xu Wei dans sa pièce Mulan, femme, remplace son père sous les drapeaux. Contrairement à ce que l’on peut voir dans le dessin animé, la légende chinoise indique que Mulan, excellente dans les arts de combat, a demandé l’autorisation à son vieux père avant de prendre sa place en tant qu’officier dans l’armée de l’Empereur Taiwudi. Elle se déguise en homme et va lutter pendant une douzaine d’années sans que personne ne se rende compte de sa véritable identité. Grâce à son sens de la stratégie et à ses capacités de combat, elle devient général.

Après ses exploits et une trahison parmi ses rangs, Mulan prend sa retraite à la fin de la guerre et retourne auprès de son père et de son petit frère. Lorsque l’Empereur Touba Huang, le prince héritier qui pris la place de Taiwudi, a appris que Mulan était en réalité une femme, il a voulu faire d’elle sa concubine et lui envoya plusieurs propositions. Mulan refusa à chaque fois que l’Empereur insistait. Finalement, Mulan préféra se suicider avec son épée plutôt que d’accepter les avances de Touba Huang. Ce dernier lui organisa des funérailles prestigieuses pour lui rendre hommage.

Mulan : Mushu n'est pas dans le film !

Ne le cherchez pas dans la nouvelle version de Mulan (disponible sur Disney+ à partir d'aujourd'hui) : Mushu, le petit dragon rouge vocalement interprété par José Garcia dans le long métrage de 1998 et qui servait de guide à la jeune guerrière chinoise, ne s'y trouve pas. Et ce pour une raison très simple.

Contrairement à d'autres longs métrages en prises de vues réelles récemment produits par Disney tels que La Belle et la Bête ou Le Roi Lion, Mulan a pour vocation de s'éloigner sensiblement du long métrage original pour raconter sa propre légende, modifiant au passage plusieurs caractéristiques ou personnages secondaires que l'on pouvait trouver dans le dessin animé.

Qu'on se le dise : le Mulan de Niki Caro n'est ni un remake ni une transposition du film d'animation en live-action, mais bien une nouvelle adaptation de la légende chinoise originale, La Ballade de Mulan, contée depuis plus de 1500 ans.

C'est ainsi que certains éléments, davantage propices à l'animation, n'y figurent plus. En effet, le guide et le compagnon de route qu'était Mushu a donc été remplacé par un majestueux Phénix, manifestation spirituelle d'une statue présente à l'entrée du temple familial de Mulan, et messager de ses ancêtres (à l'instar du petit dragon). 

De la même manière, les différentes chansons du film de 1998 ont pratiquement toutes été remplacées par une nouvelle bande originale épique de Harry Gregson-Williams, à l'exception de quelques notes appartenant à la chanson Réflexion, et que l'on entend délicatement résonner dans le film, avant d'être à nouveau entonnées par Christina Aguilera (22 ans après le premier film) dans le générique final.

N'oublions pas non plus de mentionner sans trop en dévoiler, la présence d'une nouvelle antagoniste féminine face à Mulan, la sorcière Xianniang, beaucoup plus adaptée à cette nouvelle lecture de la légende originale.

Enfin, dernier petit absent qui figure malgré tout dans le film via un habile clin d'oeil : l'adorable Cri-Kee, compagnon de route de Mulan et side-kick de Mushu, a donné son nom à un soldat du camp, qui s'appelle donc... Criquet.