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04 décembre 2025

Ishtar : ce film d'aventure au casting de stars a été l'un des plus grands échecs des années 80

La galaxie tragique des oeuvres qui se sont fracassées devant les portes du box office est hélas constellée d'exemples édifiants, malgré les sommes parfois pharaoniques injectées par les studios. Et leurs grosse têtes d'affiches a priori susceptibles de drainer généreusement les spectateurs vers les salles obscures.

Auréolé deux fois de l'Oscar du Meilleur acteur, en 1980 pour Kramer contre Kramer et en 1989 pour Rain Man, Dustin Hoffman est un acteur de légende. C'est durant la fin des années 60 jusqu'au début des années 80 que sa carrière atteint des sommets : Macadam Cowboy, Little Big Man, Marathon Man, Les Chiens de paille de Sam Peckinpah, Papillon, Lenny de Bob Fosse, Tootsie...

Juste avant de triompher avec Rain Man justement, l'acteur sera en haut de l'affiche d'un film qui fut l'un des plus gros échecs de la décennie, une comédie d'aventure largement oubliée depuis : Ishtar, en 1987.

Sur le papier pourtant, les planètes semblaient alignées. Le film était réalisé par Elaine May, citée à l'Oscar du Meilleur scénario adapté pour un classique, Le Ciel peut attendre, en 1979, avec Warren Beatty. L'acteur donnait justement la réplique à Hoffman dans Ishtar, épaulé aussi par notre Isabelle Adjani nationale, qui était à l'époque la compagne du moment de Beatty..

Produit pour un budget très conséquent de 51 millions de dollars, ce qui correspondrait aujourd'hui à plus de 145 millions $ ajusté à l'inflation, le film ne rapportera qu'un humiliant 12,7 millions $ au box office mondial, faisant perdre à son studio, Columbia, environ 40 millions $.

L'histoire ? C'est celle de deux auteurs-compositeurs-interprètes qui rêvent d'être les nouveaux Simon et Garfunkel; sauf qu'ils sont loin d'en avoir le talent... Ils finissent par accepter un engagement dans un hôtel au Maroc et vont se retrouver mêlés contre leur gré à une opération de la CIA dans le pays (imaginaire) d'Ishtar..

Tourné au Maroc en 1985 dans un contexte politique très difficile au Maghreb, et à New York, avec la contribution du très réputé directeur de la photographie Vittorio Storaro (nul autre que le chef opérateur fétiche de Bernardo Bertolucci et d'Apocalypse Now de Coppola), le film a attiré l'attention des médias avant même sa sortie en raison d'importants dépassements de coûts s'ajoutant à un budget déjà colossal, et de rumeurs de conflits entre la réalisatrice Elaine May, Beatty et Storaro, racontés dans ce passionnant article publié dans Vanity Fair en 2010. Un changement dans la direction du studio Columbia Pictures pendant la post-production a également entraîné des troubles qui ont nui à la sortie du film.

L'échec fut dévastateur pour Warren Beatty, qui produisait (et jouait, donc) le film, et brouillera à jamais son amitié avec la réalisatrice Elaine May, avec qui il avait pourtant eu d'excellentes relations sur leur précédente collaboration, Le Ciel peut attendre.

Ishtar a lourdement contribué à plomber la carrière de la jeune réalisatrice. Après ce film, elle ne repassera à la réalisation qu'une seule fois; en l'occurrence pour un documentaire sur Mike Nichols. Elle écrira toutefois les scripts du remake américain de la Cage aux folles, ainsi que celui de Primary Colors, pour lequel elle gagnera sa seconde citation à l'Oscar.