Le réalisateur malien Souleymane Cissé, qui avait consacré son œuvre à raconter son pays, son histoire et ses habitants, s'est éteint le 19 février à Bamako à l'âge de 84 ans. Sa fille Mariam a déclaré à l'AFP (relayé par Le Film Français) :
"Nous sommes sous le choc. Toute sa vie il l'a consacrée à son pays, au cinéma et à l'art".
Souleymane Cissé nait à Bamako au Mali en 1940, et part faire son collège et son lycée à Dakar. Il revient au Mali à 20 ans, en 1960, en plein conflit pour l'indépendance. Passionné de cinéma depuis de longues années, il commence à organiser des ciné-clubs à Bamako.
Il suit des études de cinéma et en 1970, devient caméraman pour le Service cinématographique du Ministère de l'Information du Mali, enrichissant son idée de devenir cinéaste.
Dès l'année suivante, il signe un premier moyen métrage et en 1975 son premier long, La Fille, consacré à une jeune malienne muette violée qui tombe enceinte et à la réaction de sa famille.
Il s'intéresse ensuite aux conditions de travail et à la corruption des patrons dans Baara (Le Travail), la jeunesse et sa rébellion contre l'ordre établi dans Finyè (Le Vent) et aux coutumes bambara dans Yeelen (La Lumière). Ce dernier film avait remporté le Prix du Jury au Festival de Cannes 1987, à égalité avec Shinran ou la voix immaculée de Rentarô Mikuni.
Après cette trilogie informelle, Cissé se fait plus rare. Seulement deux films entre 1987 et 2009. Le premier, Waati, est consacré à l'Apartheid en Afrique du Sud, tandis que Min Ye... (Dis-moi qui tu es) explore la bourgeoisie bamakoise.
Après un documentaire consacré au metteur en scène et écrivain sénégalais Ousmane Sembene en 2013, il signe Oka, qui suit un artiste de Bamako dont la maison, baptisée "Oka", est remplie de souvenirs des drames qui ont frappé sa vie comme l'histoire du Mali. Ce sera son dernier documentaire, et son dernier long métrage.