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11 juin 2022

Clint Eastwood a refusé de jouer dans le film d'Alfred Hitchcock, L'Etau

En septembre 1968, le cinéaste Alfred Hitchcock sort dans les salles L'Etau avec Frederick Stafford et Dany Robin mais en parallèle, imagine déjà quel sera son prochain film. Et pour ce nouveau projet, il contacte un acteur très en vogue, passé à la réalisation depuis peu : Clint Eastwood. Il lui propose un rôle, mais ce dernier n'est pas très emballé, comme le rappelle Entertainment Weekly, citant les propos de l'ex-Homme sans nom :

"Hitchcock voulait que je joue dans l'un de ses films. Je n'étais pas fou du scénario. J'ai déjeuné avec lui dans ses bureaux. Lorsque je suis entré, il était assis en se tenant bien droit et il n'a pas bougé. Seuls ses yeux bougeaient. Ils me suivaient à travers la pièce."

A cause de ses doutes à propos de l'histoire, Eastwood a décliné l'offre de "Hitch", et aurait pu être remplacé par un autre acteur, puisque les noms de Walter Matthau, Sean Connery et Steve McQueen ont aussi été évoqués à l'époque. Sauf que le projet n'a finalement jamais vu le jour.

Eastwood était en effet pressenti pour jouer dans The Short Night. Le cinéaste avait demandé au scénariste James Costigan (qui signera Les Prédateurs) d'écrire une adaptation du roman La Nuit Courte de Ronald Kirkbride mêlée à la vie réelle de l'espion George Blake, taupe du KGB infiltré au MI6.

Le maître du suspense abandonne finalement le projet pour tourner Frenzy puis Complot de famille. A la fin des années 70, il remet cependant The Short Night en écriture. Mais Hitchcock tient à ouvrir son film par une scène de viol, ce qui cause le départ de son collaborateur Ernest Lehman, engagé en octobre 1977 pour repasser sur le scénario.

C'est finalement une version écrite par un troisième auteur, David Freeman, qui est aujourd'hui la plus facilement accessible, puisqu'elle est reproduite dans cet ouvrage. On aurait donc suivi le parcours de Gavin Brand, un agent double évadé de prison. Il est pourchassé par Joe Bailey le frère de l'une de ses victimes, qui travaille pour la CIA. Bailey parvient à rencontrer la famille de Brand, mais tombe amoureux de sa femme, qui elle aussi tombe sous son charme. Le jour où Brand réapparaît, la situation se complique évidemment...

Côté casting, le rôle de la femme de Brand aurait pu être tenu par Liv Ullmann ou Catherine Deneuve. Dans L'Express, en 2002, l'actrice confiait ceci :

"Il y avait Hitchcock, que j'avais rencontré grâce à François Truffaut, à Paris [en 1969, NdlR]. On a déjeuné ensemble, il m'a parlé d'un projet de film d'espionnage. Le scénario n'était pas développé, et il est mort avant d'avoir pu le faire. C'est dommage. Il paraît qu'il était très dur avec ses actrices, mais ça m'aurait plu d'entrer dans son univers."

Le film restera un projet avorté, dont la fin a été causée par la disparition d'Alfred Hitchcock le 29 avril 1980. Depuis, Universal, qui détient les droits du scénario, ne l'a jamais mis en production.

17 janvier 2022

Sueurs froides : invisible pendant 30 ans, pourquoi le film d'Alfred Hitchcock avait disparu

De son vivant, Alfred Hitchcock a tourné plusieurs films pour Paramount avec un contrat spécifiant que les droits d'exploitation des films devaient lui revenir passé un délai de huit ans. Le studio s'est exécuté et ces films n'ont ensuite quasiment plus été diffusés à la télévision ou au cinéma et ce pendant près de trente ans, devenant connus comme les "5 Lost Hitchcocks".

On comptait parmi ces longs métrages Fenêtre sur cour, L'Homme qui en savait trop (version 1956), Sueurs froides et Mais qui a tué Harry ?. Hitchcock a ensuite récupéré les droits d'un cinquième film, La Corde, qui avait longtemps appartenu à son producteur (Sidney Bernstein), et avait de fait été un peu plus visible que les autres.

A la mort de son père en 1980, Patricia Hitchcock a hérité des droits de distribution de ces cinq classiques du metteur en scène mais n'en a rien fait, rendant les films invisibles. On ignore toujours à ce jour ce qui a poussé son cinéaste de père à jalousement garder ces films pour lui, qui était allé jusqu'à chercher à faire détruire les autres copies en circulation.

En 1983, Universal a payé 6 millions de dollars (environ 16,7 millions de dollars actuels) afin d'acquérir les droits de distribution. Avant cela, d'autres s'étaient cassés les dents à essayer de trouver un accord financier pour une diffusion télévisée de ces films. Même pour Universal, trois ans ont été nécessaires à convaincre Herman Citron, l'agent d'Hitchcock, à céder ces droits.

Lors d'une rétrospective Hitchcock en 1969, le National Film Theater a demandé s'il existait encore une copie de Sueurs froides disponible. Henri Langlois, alors directeur de la CInémathèque française, a fourni une copie mais afin d'avoir les droits de la diffuser, le National Film Theater devait révéler à Hitchcock la source de la copie. De peur qu'il ne demande à ce qu'elle soit détruite, le NFT a refusé de répondre et le film n'a pas pu être montré.

Le même problème s'est à nouveau posé pour Fenêtre sur cour, avec le même résultat. Du reste, un souci de droits se posait, qui a mené à un procès entre l'auteur de la nouvelle d'origine, Hitchcock et la Paramount. Triste anecdote, lorsque le festival de Berlin a rendu hommage à James Stewart en programmant une rétrospective de son oeuvre en 1982, les ayants-droits ont refusé que ne serait-ce qu'un extrait de Sueurs froides ne soit diffusé.

Adaptant un roman de Boileau-Narcejac se déroulant à Paris (D'entre les morts), Hitchcock a choisi de placer l'action de son Vertigo à San Francisco et de tourner une fin différente du livre. Ou plutôt deux fins. La fin originale du film est celle dans laquelle Scottie (James Stewart) baisse le regard stupéfait vers l'endroit où Judy est tombée et s'est tuée. Mais Hitchcock a tourné une scène destinée à être placée chronologiquement juste après cette scène de chute.

On retrouve Midge (Barbara Bel Geddes) dans son appartement, écoutant la radio. Elle entend Scottie rentrer, sert deux whiskies, lui apporte le sien, mais il est pensif, ne lui adresse pas un mot. Il accepte le verre en silence, ne trinque pas, se tourne vers la fenêtre. Ils échangent un regard, il n'a rien à lui dire. Elle s'assoit sans le quitter des yeux. Les apparences pourraient laisser croire que tout est revenu à la normale, mais il n'en est rien.

Hitchcock aurait tourné cette scène afin que les censeurs d'autres pays n'imaginent pas que le meurtrier s'en sort comme s'il ne s'était rien passé. Cette raison supposée par la plupart des historiens est malgré tout encore incertaine à ce jour.

15 novembre 2021

La Mort aux trousses : comment Alfred Hitchcock a filouté le studio pour faire son film

Alfred Hitchcock n'était pas le dernier à manipuler ses collaborateurs pour arriver à ses fins. En témoigne cette anecdote autour de la préparation de l'un de ses classiques, La Mort aux trousses, l'histoire d'un publiciste pris par erreur pour un espion et se retrouvant traqué de toutes parts.

Alors lié au studio MGM, Hitchcock est assigné à mettre en scène The Wreck of the Mary Deare, l'histoire d'un coupable idéal, un remorqueur entraîné bien involontairement dans une affaire qui le dépasse. Ernest Lehman est engagé pour écrire le scénario adapté du roman éponyme, mais ne parvient pas à un résultat satisfaisant et en informe le cinéaste.

Ce dernier lui annonce alors qu'il a "une autre idée". Dès lors, les deux hommes commencent à coucher sur le papier cette "nouvelle idée" sans prévenir la MGM. Lorsque les producteurs ont été informés (et mis devant le fait accompli), ils ont laissé Hitchcock faire ce nouveau projet, intitulé North By Northwest, ou La Mort aux trousses.

Finalement, The Wreck of the Mary Deare a bien vu le jour à la MGM sous le titre français Cargaison dangereuse, présentant l'affrontement entre Gary Cooper et Charlton Heston sous la houlette de Michael Anderson.

Ce n'est pas le seul "coup fourré" d'Alfred Hitchcock durant la préparation de La Mort aux trousses. Alors qu'il tournait Sueurs froides, son film précédent, l'acteur James Stewart était persuadé que l'un de ses metteurs en scène fétiches allait le choisir pour le rôle de Roger Thornhill, le héros de La Mort aux trousses. Sauf qu'Hitch voulait quelqu'un d'autre.

Pour jouer ce personnage d'un individu pris pour un espion qui va démasquer une machination, Hitchcock veut Cary Grant. Comme James Stewart se montre toujours aussi insistant, le réalisateur décide de retarder volontairement l'annonce de son choix de casting, pour que Stewart soit obligé de partir tourner un autre (grand) film, Autopsie d'un meurtre, avec Otto Preminger.

Ce n'est qu'alors qu'Hitchcock propose le rôle de Roger Thornhill à Stewart, en sachant pertinemment qu'il ne peut l'accepter, et finit par engager Grant en toute tranquillité.

11 août 2021

Mort de l'actrice Patricia Hitchcock, fille d'Alfred Hitchcock

En 1950, le réalisateur Alfred Hitchcock confie un rôle à sa fille unique Patricia dans Le Grand Alibi alors âgée de 22 ans. Il renouvelle l'expérience en lui confiant un rôle un peu plus marquant dans L'Inconnu du Nord-Express (1951). Après un rôle de Dame à la Cour dans Les Dix commandements.de Cecil B. DeMille, elle tourne surtout (et ponctuellement) pour la télévision.

Elle apparaît notamment dans dix épisodes de la série présentée par son père, Alfred Hitchcock présente, avant d'incarner au cinéma Caroline, la réceptionniste du Lowery Real Estate et collègue de travail de Marion Crane (Janet Leigh) dans le film culte Psychose.

Celle qu'on crédite sous le nom de "Pat" Hitchcock s'éloigne ensuite des plateaux et après deux téléfilms dans les années 70 dont un réalisé par Stacy Keach, elle tourne en 1978 son dernier long métrage, Skateboard, un film porté par Allen Garfield et Kathleen Lloyd.

Elle se consacre ensuite à faire perdurer l'héritage artistique de son père et en 2003, publie avec Laurent Bouzereau un ouvrage consacré à sa mère intitulé Alma Hitchcock: the Woman Behind the Man, et qui revient sur le rôle décisif que cette femme a eu à l'insu de tous, dans la carrière d'Alfred Hitchcock.