Immense film testament de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique fut malheureusement un cuisant échec commercial à sortie américaine, puisqu'il ne rapporta que 2,5 millions de dollars sur un budget colossal pour l'époque, de près de 40 millions.
En fait, cet échec commercial fut en grande partie dû à sa mutilation. Contractuellement, Leone était tenu auprès de Warner de livrer un montage ne dépassant pas les 2h45. Si le cinéaste caressait initialement l'idée de livrer un montage de 6h en deux parties, il livra finalement une version de 4h25. Le studio et le producteur du film, Arnon Milchan, furent horrifiés, et refusèrent naturellement ce montage.
De son propre chef, Sergio Leone coupa quelques scènes pour aboutir à ce qui deviendra plus tard la version européenne de 3 h 49, version qu'il ne pouvait se résoudre à réduire encore davantage sans que cela n'entrave la logique narrative. La Major et le producteur passèrent outre les souhaits de Leone, et rabotèrent le film jusqu'à une durée de 2h19 pour son exploitation américaine.
Le résultat, critique et commercial, fut un désastre. Non seulement le film fut réduit de moitié, mais tout fut replacé dans l'ordre chronologique, ce qui dénatura complètement l'oeuvre, car c'est aussi ce qui en faisait sa force. Leone en fut logiquement profondément déprimé et meurtri.
C'est en Europe, et particulièrement en France, que le film fut ainsi exploité dès le début dans sa version de 3h49. Mais si les critiques furent pour le coup très élogieuses, le film n'attira que 1,5 millions de spectateurs. Très (très) loin derrière les 15 millions d'Il était une fois dans l'Ouest.
En 2011, la cinémathèque de Bologne, très active dans les brillantes restaurations de films, travaillait justement sur une restauration de la version d'origine du chef-d'oeuvre de Sergio Leone, jusqu'alors invisible, et en accord avec les enfants du cinéaste qui en avaient acquis les droits. Ce sont pas moins de 40 minutes inédites qui furent ainsi ajoutées aux 229 min du montage actuellement connu, portant la durée du film à 4h20. Un pur concentré de bonheur pour les cinéphiles vénérant l'oeuvre de Leone. Et ils sont nombreux.