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21 janvier 2025

Il était une fois en Amérique : Jean Gabin voulait jouer dans le film, mais à une condition !

Retour sur une histoire folle, le moment où Sergio Leone a rencontré Jean Gabin afin de lui proposer un rôle important dans Il était une fois en Amérique ! Pour le rôle de Max, finalement incarné par James Woods dans le film, Leone envisageait le célèbre acteur français connu pour La Bête humaine, Le Quai des brumes ou Le Clan des Siciliens.

En mai 1974, Sergio Leone partage avec son ami le critique, romancier et scénariste français Noël Simsolo un concept qu'il a en tête pour son prochain film, intitulé Il était une fois en Amérique :

C’était au début [du projet]. Je voulais que Max soit français", déclare-t-il à Noël Simsolo dans Conversations avec Sergio Leone. "Pas uniquement pour une question de coproduction : j’avais le désir d’évoquer les Français qui vivaient en Amérique. (...)"

"Gérard Depardieu est un immense comédien. Il crevait d’envie d’être Max. (...) J’étais tenté. Je l’avais trouvé vraiment génial dans 1900, et je savais aussi qu’il avait fréquenté le Milieu…" Et pour jouer Max âgé, Sergio Leone imagine demander à l'une de ses idoles, l'acteur Jean Gabin. Les deux hommes se rencontrent durant la période 1974-1975. Leone se souvient :

"Je crois [que Gabin] m’aimait bien. Et moi, je l’admirais depuis toujours. Il m’avait donné son accord à condition qu’il ne prenne pas l’avion. Il m’avait dit : 'Écoutez, Leone, nous irons en Amérique par le bateau. Tous les deux. Comme ça, on aura entièrement le temps de discuter du rôle et de tout préparer. Moi, l’avion, ça me plaît pas. Le bateau, j’aime. Je connais. Mais ce que je préfère, c’est le 'dur'. Le train. C’est le moyen le plus peinard pour voyager'."

Cette rencontre ne sera hélas pas suivie d'effet. L'année suivante, après la sortie de L'Année sainte de Jean Girault, Jean Gabin décède d'une leucémie le 15 novembre 1976. Leone voit son idée s'effondrer. Une fois l'acteur retiré de l'équation, Leone reconsidère son histoire et change de braquet :

"(...) J’ai senti que je risquais de réduire la portée de l’histoire en lui donnant cette coloration. Avec un héros français, l’aventure semblerait refléter un cas unique. (...) Cela ne collait plus de mettre un comédien français dans cette histoire. Et je renonçais par-là, même à une autre belle idée : prendre des acteurs différents selon l’âge des personnages. Il y aurait eu les enfants, les adultes et les vieillards… Ils se seraient ressemblé..."

06 mars 2022

Il était une fois en Amérique, ce soir sur Arte : le film a été sabordé par les studios

Immense film testament de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique fut malheureusement un cuisant échec commercial à sortie américaine, puisqu'il ne rapporta que 2,5 millions de dollars sur un budget colossal pour l'époque, de près de 40 millions.

En fait, cet échec commercial fut en grande partie dû à sa mutilation. Contractuellement, Leone était tenu auprès de Warner de livrer un montage ne dépassant pas les 2h45. Si le cinéaste caressait initialement l'idée de livrer un montage de 6h en deux parties, il livra finalement une version de 4h25. Le studio et le producteur du film, Arnon Milchan, furent horrifiés, et refusèrent naturellement ce montage.

De son propre chef, Sergio Leone coupa quelques scènes pour aboutir à ce qui deviendra plus tard la version européenne de 3 h 49, version qu'il ne pouvait se résoudre à réduire encore davantage sans que cela n'entrave la logique narrative. La Major et le producteur passèrent outre les souhaits de Leone, et rabotèrent le film jusqu'à une durée de 2h19 pour son exploitation américaine.

Le résultat, critique et commercial, fut un désastre. Non seulement le film fut réduit de moitié, mais tout fut replacé dans l'ordre chronologique, ce qui dénatura complètement l'oeuvre, car c'est aussi ce qui en faisait sa force. Leone en fut logiquement profondément déprimé et meurtri.

C'est en Europe, et particulièrement en France, que le film fut ainsi exploité dès le début dans sa version de 3h49. Mais si les critiques furent pour le coup très élogieuses, le film n'attira que 1,5 millions de spectateurs. Très (très) loin derrière les 15 millions d'Il était une fois dans l'Ouest.

En 2011, la cinémathèque de Bologne, très active dans les brillantes restaurations de films, travaillait justement sur une restauration de la version d'origine du chef-d'oeuvre de Sergio Leone, jusqu'alors invisible, et en accord avec les enfants du cinéaste qui en avaient acquis les droits. Ce sont pas moins de 40 minutes inédites qui furent ainsi ajoutées aux 229 min du montage actuellement connu, portant la durée du film à 4h20. Un pur concentré de bonheur pour les cinéphiles vénérant l'oeuvre de Leone. Et ils sont nombreux.