Une séquence qui ne passe pas, véhiculant une image "mensongère". Le ministre des Armées françaises, Sébastien Lecornu, a dénoncé ce dimanche 12 février dans un tweet une séquence du blockbuster Black Panther 2 signé Ryan Coogler. Une séquence mettant en scène des militaires français venus piller des ressources.
Les militaires en question sont à genoux devant la reine du Wakanda, en tenue proche de celles des soldats français déployés au Mali jusqu’en août 2022, dans le cadre des opérations Serval et Barkhane. Une ministre française doit aussi répondre de leurs actions devant les Nations unies.
"Je condamne fermement cette représentation mensongère et trompeuse de nos forces armées", a réagi le ministre sur Twitter. "Je pense et rends hommage aux 58 soldats français qui sont morts en défendant le Mali à sa demande face aux groupes terroristes islamistes."
L'entourage de Sébastien Lecornu, cité par l'AFP, souligne "la colère du ministre en voyant le film". Si le ministère admet le principe de la liberté artistique et ne demande ni la censure ni le retrait de Black Panther 2, "il ne saurait y avoir de révisionnisme sur l’action récente de la France au Mali : nous sommes intervenus à la demande du pays pour lutter contre les groupes armés terroristes, loin de l’histoire racontée dans le film, à savoir une armée française qui vient piller ses ressources naturelles".
D'aucuns peuvent s'interroger sur cette réaction plutôt tardive à propos d'un film sorti début novembre 2022. En réalité, le timing ne doit rien au hasard. Le ministère est, selon ses propres termes, en pleine "guerre informationnelle".
Les relations entre la France et certains pays de l'Afrique subsaharienne sont devenues exécrables. En particulier avec le Mali, qui a vu un double coup d'état en 2020 et 2021 mettre fin aux opérations Serval et Barkhane, déployées respectivement en 2013 et 2014 à la demande de Bamako, pour lutter contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.
Cette forte dégradation de l'image de la France dans ces pays est amplifiée par la propagande russe, dont les mercenaires du groupe Wagner sont à pied d'oeuvre dans ces pays. Ils utilisent par exemple des dessins animés, diffusés sur les réseaux sociaux, pour encourager les sentiments anti-français.
Dans l'un d'eux, on peut notamment voir des soldats français représentés en zombies et en serpents, se présentant en "démons de Macron"; tandis que les mercenaires de Wagner sont dépeints comme des libérateurs.