Affichage des articles dont le libellé est Jean Gabin. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Jean Gabin. Afficher tous les articles

24 août 2025

Il y a plus de 60 ans, Jean Gabin adressait un message très franc à la nouvelle génération de réalisateurs

Pour le résumer vite, la Nouvelle vague est un mouvement cinématographique formé par d'anciens critiques de la revue Les Cahiers du cinéma qui a décidé que le cinéma devait "filmer la vie" et que la caméra ne devait pas être posée dans un studio à capturer une histoire factice fabriquée en toc.

Les critiques des Cahiers, futurs réalisateurs de la Nouvelle Vague, n'avaient pas été tendres envers les films de Jean Gabin durant les années 50, qu'ils jugeaient parfois avec un mépris affiché. Mais Gabin semblait de son côté être plutôt ouvert à la discussion avec ceux qui l'attaquaient.

Dans son ouvrage Gabin, André Brunelin reproduit une discussion qu'il avait eu avec l'acteur à propos de la bande Godard, Truffaut, Rivette et les autres :

"Vos amis de la Nouvelle Vague, qu'est-ce qu'ils croient, ces petits morveux ? Que je suis fini et plus capable de m'intéresser à un genre de cinéma différent de celui que je fais ? D'abord, en quoi il est nouveau leur cinéma ? Leurs films racontent une histoire, non ? Moi je suis pour les histoires, alors !"

"(...) La Nouvelle Vague, je sais ce que c'est. Avant la guerre, c'était moi... (...) Je sais qu'il y en a parmi eux qui ont du mal à montrer leurs films. Qu'ils viennent me trouver avec une bonne histoire, et je les aiderai. Comme j'ai aidé Carné et Renoir. S'ils m'offrent un beau rôle, quelque chose d'intéressant, qu'ils tournent ça en mettant la caméra au plafond ou en filmant à travers leur poche, qu'est-ce que j'en ai à foutre, si le résultat est bien ?"

Et effectivement, aucun réalisateur de la Nouvelle Vague, dont certains des critiques avaient vigoureusement éreinté les films de Jean Gabin et de ses metteurs en scènes habituels depuis son retour de la guerre, notamment François Truffaut qui en parlait ironiquement comme "la Qualité française".

Gabin ne tournera avec aucun des représentants de la Nouvelle vague, mais sera ravi de travailler avec l'un de ses illustres acteurs, Jean-Paul Belmondo. Durant le début des années 60, ce dernier avait un pied dedans, un pied dehors, tournant avec Henri Verneuil et les dialogues de Michel Audiard dans La Française et l'amour et A bout de souffle avec Jean-Luc Godard, l'un des fers de lance de la Nouvelle Vague. Quoi qu'il en soit, la rencontre Belmondo-Gabin dans Un singe en hiver a donné un classique aux répliques culte.

Dans le numéro du magazine Schnock consacré à Gabin publié en 2018, son fils Mathias Moncorgé confirmait le rapport compliqué de son père Jean à la Nouvelle Vague :

"Il était beaucoup plus moderne qu'on ne le pensait, et pour ça qu'aujourd'hui il est encore apprécié. Il était fou de colère quand on parlait de la Nouvelle Vague. Quand le cinéma est passé du muet au parlant, il fut un peu lui-même l'emblème d'une nouvelle vague avec Carné, Renoir, Duvivier. Il n'a jamais compris que la bande des Cahiers du cinéma ne fasse pas appel à lui.

Il aurait aimé tourner avec eux. Un jour, nous avons dîné avec Chabrol. Quand il a su que papa n'attendait que cela, Chabrol s'est décomposé. Il n'a jamais osé, alors qu'il ne rêvait que de ça !"

19 mai 2025

Jean Gabin : Benoît Magimel a été choisi pour l'incarner dans un biopic

Après le récent Monsieur Aznavour, qui explorait le parcours du célèbre chanteur Charles Aznavour, le cinéma français continue de lancer des projets autour de grandes figures hexagonales. Cette fois, c'est Thierry Klifa qui va s'y coller avec la réalisation d'un biopic sur l'un de nos plus grands acteurs : Jean Gabin.

Selon le site spécialisé Satellifacts, Benoît Magimel a été choisi pour incarner le célèbre acteur dans Gabin, un héros français. Le film "sera produit par Nolita et Les Canards Sauvages. Thierry Klifa cosigne avec Jacques Fieschi le scénario, en cours d’écriture."

Le récit explorera donc la vie de Jean Gabin jusqu’en 1949, avec un éclairage tout particulier sur la période de la Seconde Guerre mondiale. "C’est un film sur Jean Gabin, mais ce n’est pas un film sur le cinéma", indique Thierry Klifa interrogé par Satellifacts.

"C’est davantage un film sur Jean Moncorgé devenu star dans les années 1930 à travers une poignée de chefs-d’œuvre incontournables, puis sur son engagement pendant la guerre comme fusillé marin et chef de char, son départ à Hollywood au moment où la France capitule et où la Continental, société de production allemande, veut lui mettre la main dessus", poursuit le réalisateur.

"C’est un film sur sa vie à Hollywood au milieu de la colonie française, sur le FBI qui lui tombe dessus, persuadé que lui et son grand amour Marlène Dietrich sont des agents doubles", conclut Thierry Klifa. De son côté, Benoît Magimel, lauréat de 3 César, a également réagi à propos de son engagement sur ce projet.

"Ses valeurs. Ses convictions. Ses choix. Sa dignité. Ce sera un honneur et une fierté d’incarner cet homme que j’ai toujours admiré", a-t-il déclaré. Le tournage est prévu pour le printemps 2026. Aucune date de sortie n'a été annoncée pour le moment.

À noter que Thierry Klifa présente son nouveau film à Cannes en ce moment, La Femme la plus riche du monde. Cette comédie dramatique, qui débarquera le 29 octobre prochain, réunit Isabelle Huppert, Laurent Lafitte et Marina Foïs. Cette dernière est aussi sur la Croisette pour un autre biopic autour de grandes stars françaises.

Elle interprète Simone Signoret dans Moi qui t'aimais, long-métrage centré sur la relation entre cette icône du cinéma et la star Yves Montand, joué ici par Roschdy Zem. Réalisé par Diane Kurys, il sortira en salles le 1er octobre 2025.

21 janvier 2025

Il était une fois en Amérique : Jean Gabin voulait jouer dans le film, mais à une condition !

Retour sur une histoire folle, le moment où Sergio Leone a rencontré Jean Gabin afin de lui proposer un rôle important dans Il était une fois en Amérique ! Pour le rôle de Max, finalement incarné par James Woods dans le film, Leone envisageait le célèbre acteur français connu pour La Bête humaine, Le Quai des brumes ou Le Clan des Siciliens.

En mai 1974, Sergio Leone partage avec son ami le critique, romancier et scénariste français Noël Simsolo un concept qu'il a en tête pour son prochain film, intitulé Il était une fois en Amérique :

C’était au début [du projet]. Je voulais que Max soit français", déclare-t-il à Noël Simsolo dans Conversations avec Sergio Leone. "Pas uniquement pour une question de coproduction : j’avais le désir d’évoquer les Français qui vivaient en Amérique. (...)"

"Gérard Depardieu est un immense comédien. Il crevait d’envie d’être Max. (...) J’étais tenté. Je l’avais trouvé vraiment génial dans 1900, et je savais aussi qu’il avait fréquenté le Milieu…" Et pour jouer Max âgé, Sergio Leone imagine demander à l'une de ses idoles, l'acteur Jean Gabin. Les deux hommes se rencontrent durant la période 1974-1975. Leone se souvient :

"Je crois [que Gabin] m’aimait bien. Et moi, je l’admirais depuis toujours. Il m’avait donné son accord à condition qu’il ne prenne pas l’avion. Il m’avait dit : 'Écoutez, Leone, nous irons en Amérique par le bateau. Tous les deux. Comme ça, on aura entièrement le temps de discuter du rôle et de tout préparer. Moi, l’avion, ça me plaît pas. Le bateau, j’aime. Je connais. Mais ce que je préfère, c’est le 'dur'. Le train. C’est le moyen le plus peinard pour voyager'."

Cette rencontre ne sera hélas pas suivie d'effet. L'année suivante, après la sortie de L'Année sainte de Jean Girault, Jean Gabin décède d'une leucémie le 15 novembre 1976. Leone voit son idée s'effondrer. Une fois l'acteur retiré de l'équation, Leone reconsidère son histoire et change de braquet :

"(...) J’ai senti que je risquais de réduire la portée de l’histoire en lui donnant cette coloration. Avec un héros français, l’aventure semblerait refléter un cas unique. (...) Cela ne collait plus de mettre un comédien français dans cette histoire. Et je renonçais par-là, même à une autre belle idée : prendre des acteurs différents selon l’âge des personnages. Il y aurait eu les enfants, les adultes et les vieillards… Ils se seraient ressemblé..."