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12 avril 2025

Mort du réalisateur Ted Kotcheff à 94 ans

Le réalisateur Ted Kotcheff, à qui l'on doit notamment Rambo et le culte Wake in Fright, est décédé ce jeudi 10 avril, à l'âge de 94 ans.

Né à Toronto de parents bulgares, Ted Kotcheff fait ses débuts dans la mise en scène à l’âge de 24 ans après des études de littérature anglaise. Il est alors le plus jeune réalisateur de la chaîne CBC (Canadian Broadcasting Corporation). Après avoir fait ses armes sur des épisodes de séries télévisées, il réalise son premier long métrage en 1962 : La Belle des îles avec James Mason, nommé au BAFTA du meilleur scénario.

Trois ans plus tard, durant lesquels il continue de tourner pour le petit écran, il signe Life at the top avec Laurence Harvey, qui est la suite du film Les Chemins de la haute ville (1965) de Jack Clayton avec Simone Signoret et Heather Sears.

Après plusieurs téléfilms, dont une adaptation des Souris et des hommes de Joseph Steinbeck, et la romance britannique Two Gentlemen Sharing, il émigre en 1971 en Australie pour réaliser Wake in Fright, cauchemar éveillé et halluciné sous le soleil écrasant de l’outback. Le film, qui acquiert un petit statut culte au fil des années, est présenté en compétition au Festival de Cannes et marque l’envol de sa carrière.

Il ne délaisse pour autant pas la télévision et s’intéresse également au théâtre où il remporte un vif succès avec la comédie musicale Maggie May. En 1974, il réalise le western Un colt pour une corde avec Gregory Peck ainsi que la comédie The Apprenticeship of Duddy Kravitz avec Richard Dreyfuss, nommée au Golden Globes du meilleur film étranger et lauréate de l’Ours d'Or au Festival International du Film de Berlin.

De 1977 à 1989, la carrière de Ted Kotcheff, jusqu’alors partagée entre la télévision et le cinéma, se tourne exclusivement vers le grand écran. Durant cette période, il dirige Jane Fonda (Touche pas à mon gazon, 1977), Jacqueline Bisset (La Grande Cuisine, 1978), Nick Nolte (North Dallas Forty, 1979) ou encore Kurt Russell (Winter People, 1989). En 1982 sort Rambo, son plus gros succès commercial mais également l’un des personnages les plus emblématiques de la filmographie de Sylvester Stallone qui l’incarnera à trois reprises par la suite.

Après la comédie déjantée Week-end avec Bernie en 1989, Ted Kotcheff retourne à ses premières amours et ne travaille quasiment plus que sur des téléfilms. Après Stallone, c’est Dolph Lundgren, autre star des films d’action des années 1980-1990, qu’il dirige dans The Shooter en 1995. Ce thriller d’espionnage est son dernier long-métrage de fiction.

Dans les années 2000, Ted Kotcheff réalise sept épisodes de la série policière New York – Unité spéciale mais c’est surtout en tant que producteur délégué qu’il officie sur plus de deux cents cinquante épisodes jusqu'en 2012.

09 novembre 2020

Rambo sur C8 : retour sur le clash entre Kirk Douglas, Stallone et le réalisateur

Après Rocky, John Rambo est sans doute un des personnages les plus emblématiques de la carrière de Sylvester Stallone. À l'époque du tournage, au début des années 80, le comédien avait certes triomphé avec Balboa, mais n'était pas encore une star incontestée.

Pour camper ce vétéran de la guerre du Viêtnam, le réalisateur Ted Kotcheff ne voit pourtant qu'une seule personne : Stallone. Sa dégaine de prolétaire, qu'il trainait déjà dans Rocky, lui semble parfaite pour le rôle de Rambo. Cet ancien béret vert, traumatisé et perdu dans cette Amérique triomphante des 80's, a fait peur à de nombreux acteurs avant que Sly ne s'en empare.

Dans les années 70, De Niro, Pacino, Dustin Hoffman ou Burt Reynolds ont tous refusé de l'incarner. Ce dernier a même tenté de dissuader Stallone d'accepter le film. "Ne le fais pas, surtout pas, ça va être mauvais, et même si tu es bon dedans, tout le monde ne retiendra que ça : c'était mauvais", explique Reynolds à Stallone.

Heureusement, l'acteur ne suit pas le conseil de son collègue et se lance dans l'aventure Rambo. Toutefois, Sly demande à retravailler le scénario avec le metteur en scène Ted Kotcheff. Ce dernier avouera que les modifications apportées par Stallone ont été capitales. Le comédien a d'abord tenu à ce que Rambo ne tue personne. Pour lui, ce n'était pas logique qu'un homme traumatisé par la violence de la guerre se mette à occire de simples flics. Deuxièmement, Stallone a fait des coupes drastiques dans les dialogues de Rambo, faisant du personnage quelqu'un de silencieux et réservé.

Le scénario enfin finalisé, Ted Kotcheff part à la recherche d'un autre personnage important de la saga, le colonel Trautman. Après avoir engagé Brian Dennehy (décédé en avril 2020) dans le rôle du shérif Teasle, la production veut une vraie star pour le mentor de Rambo. Naturellement, le nom de Kirk Douglas est évoqué. L'acteur, disparu en février dernier à l'âge de 103 ans, est le candidat idéal. Véritable idole pour Stallone, Douglas est aussi le protagoniste de Seuls sont les indomptés, un western dont l'histoire contient de troublantes similitudes avec le récit de Rambo.

Ce rôle de cow-boy s'évadant de prison et tenant tête à un shérif retors est un des préférés de Kirk Douglas. À la lecture du scénario, le héros de Spartacus est donc touché par la corrélation entre Rambo et Jack Burns, son personnage dans Seuls sont les indomptés. Il décide donc d'accepter le rôle du colonel Trautman, pour le plus grand bonheur des producteurs Andrew Vajna et Mario Kassar.

Ces derniers, ainsi que le réalisateur Ted Kotcheff et Stallone, ne vont pas tarder à déchanter. Quand Douglas arrive sur le plateau en Colombie-Britannique, il commence à vouloir modifier ses dialogues. Cela ne plaît absolument pas au cinéaste ; en effet, jusqu'ici, le comédien avait assuré qu'il adorait le scénario et n'avait jamais demandé à changer quoi que ce soit. De plus, Douglas avait une manie qui exaspérait Kotcheff, il parlait de lui à la 3ème personne. "Du coup je l'entendais répéter en boucle : Kirk ne dira pas cette réplique, Kirk n'aime pas ce dialogue. Pire, il voulait carrément piquer aux autres personnages leurs dialogues", confie le metteur en scène dans Rambo first action hero de Romain Thoral, Première Classics numéro 9.

Le réalisateur fustige aussi les remarques de Douglas concernant les scènes d'action : "Il nous faisait des suggestions vraiment ringardes comme si nous tournions une série B des années 40", s'emporte Kotcheff. Avec Stallone, ils réécrivent tout de même certains dialogues de Trautman pour plaire à Kirk Douglas. Mais les efforts des deux hommes ne suffisent pas et le comédien est toujours mécontent. Kotcheff va donc solliciter les producteurs Vajna et Kassar pour leur exposer le problème. Pour lui, Kirk Douglas est en train de totalement saboter le projet.

"Il va vraiment nous foutre deux semaines de tournage supplémentaires car je dois négocier pour lui faire dire chacune de ses répliques", se plaint le réalisateur. Les producteurs autorisent alors Ted Kotcheff à clarifier les choses avec Douglas : il avait adoré le script avant le tournage, donc soit il le tourne sans demander de modifications, soit il s'en va. La superstar n'a pas hésité une seconde avant de donner sa réponse : "Kirk s'en va".

Le film n'a désormais plus qu'une seule star pour le porter, Sylvester Stallone. En effet, le successeur de Douglas n'est autre que Richard Crenna, un acteur qui ne risque pas de faire de l'ombre à Sly. Le long-métrage sera un véritable triomphe international, mettant brillamment en lumière les traumatismes des soldats US après la défaite au Viêtnam. Il récoltera 125 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget d'environ 15 millions. En France, l'oeuvre attirera 3 millions de spectateurs.