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20 janvier 2025

Mort de David Lynch : ses quatre enfants appellent à une « séance de méditation mondiale »

Deux jours après l’annonce du décès de David Lynch, ses enfants sortent du silence pour honorer sa mémoire. Le 15 janvier, le cinéaste légendaire est mort à l’âge de 78 ans, après que son emphysème s’est aggravé suite aux incendies de Los Angeles, comme l’explique « Deadline ». La nouvelle a été annoncée le lendemain à la presse.

Si les hommages de célébrités et cinéastes ont rapidement fusé, les proches du réalisateur étaient restés discrets pendant les premières heures qui ont suivi. Ce samedi 18 janvier cependant, ses quatre enfants ont pris la parole via un communiqué partagé sur l’ancien compte X du défunt : « David Lynch, notre père adoré, était brillant de créativité, et de paix. Ce lundi 20 janvier - en ce qui aurait été son 79e anniversaire - nous vous invitons tous à nous rejoindre pour une séance de méditation mondiale pendant dix minutes », est-il écrit.

« Faites en sorte que nous soyons réunis, peu importe où nous sommes, pour honorer son héritage et partager amour et paix à travers le monde », poursuivent-ils avant de remercier les admirateurs de David Lynch pour « avoir célébré sa vie ». Et de signer : « Affectueusement, Jennifer, Austin, Riley et Lula. »

Décédé à l’âge de 78 ans, David Lynch avait quatre enfants issus de relations différentes. En 1968, il accueille son premier enfant, la réalisatrice Jennifer Lynch, de son mariage avec la peintre Peggy Reavey. Ils divorcent en 1974. Trois ans plus tard, le réalisateur de « Twin Peaks » se remarie avec Mary Fisk et accueille son deuxième enfant, un garçon, Austin (42 ans).

Avec la productrice Mary Sweeney, il devient ensuite père d’un deuxième garçon, Riley (32 ans). Le couple se marie en mai 2006, avant de divorcer un mois plus tard. Finalement, David Lynch se remarie en 2009 avec l’actrice Emily Stofle. Il accueille son quatrième enfant, Lula (12 ans) avant de divorcer en 2023.

17 janvier 2025

Isabella Rossellini pleure David Lynch : "Je l'aimais tellement"

Il lui a offert ses plus beaux rôles. Et ensemble, ils ont partagé un bout de leur vie devant et derrière la caméra. Isabella Rossellini a rendu un touchant hommage à David Lynch, décédé jeudi à l’âge de 78 ans.

L’actrice italienne a été révélée à Hollywood en 1986 avec Blue Velvet. Elle a ensuite entretenu une relation d’environ cinq ans avec le réalisateur. Et aujourd'hui, elle poste cette photo d’eux ensemble avec ce simple message d'amour: "Je l’aimais tellement. Merci pour tous vos gentils messages."

Selon la légende, Lynch et Rossellini se sont rencontrés pour la première fois lors des auditions de Blue Velvet. Il lui aurait dit : "Hé, tu sais, tu pourrais être la fille d’Ingrid Bergman !" Sans savoir que c'était le cas. Elle a finalement été choisie pour incarner Dorothy Vallens.

Après Blue Velvet, Isabella Rossellini est apparue dans Sailor et Lula en 1990, Palme d’or au Festival de Cannes. Leur dernière collaboration, juste avant leur rupture à la ville.

Elephant Man, la monstrueuse parade de Lynch

« Dans dix ans, Des gens comme les autres sera au mieux une réponse au Trivial Pursuit. Alors qu' Elephant Man restera un film à voir. », lance Mel Brooks après la cérémonie des Oscars de 1981 qui a vu le long-métrage de Robert Redford coiffer au poteau celui de son jeune poulain. Près de 40 ans plus tard, on ne peut évidemment pas lui donner tort, sachant, qu’outre Elephant Man, il y avait également dans la course au titre : Tess de Polanski et Raging Bull de Scorsese. Qu’importe, David Lynch, à peine sorti des recoins sombres de son petit hangar où il manipulait à sa guise des créatures cauchemardesques (Eraserhead…), s’est ainsi retrouvé en costard à tailler le bout de gras avec les huiles hollywoodiennes.

Car Elephant Man est certes un film étrange et personnel mais fabriqué dans un moule mainstream (distribué par la Paramount aux Etats-Unis, la Columbia en Angleterre) et chapeauté par Mel Brooks dont la folie et les extravagances artistiques savent rester au service d’une logique industrielle. Brooksfilms produit donc Elephant Man puis plus tard La mouche de Cronenberg permettant aussi au canadien d’affirmer sa singularité au plus grand nombre.

David Lynch a 34 ans quand il tutoie les lauriers des Oscars. Dans le livre d’entretiens avec Chris Rodley (Cahiers du cinéma), le cinéaste se souvient avec détachement et amusement de cette soirée où sur la scène il est présenté comme « un jeune metteur en scène britannique », lui le petit gars du Montana. « Je savais que ça n’avait rien à voir avec moi. Je faisais la même chose qu’avant. C’est là qu’on réalise que ce qui arrive à un film ne dépend absolument pas de soi. »

Elephant Man raconte un peu cette histoire-là, celle d’une créature étrange exhibée à la bonne société victorienne qui en fera une sorte de trophée avec toute la condescendance des privilégiés. Les « malformations » de Lynch surgissent, elles, dès les premières minutes du film avec ce portrait en médaillon d’une belle jeune femme (une Laura Palmer avant l’heure ?) sur lequel se superpose des images floues d’éléphants en furie remplissant l’écran de leurs barrissements affolés.

Ce monde, c’est l’inconscient du héros donc du film en son entier. Ces éclairs de lucidité heurtés apparaîtront à plusieurs endroits. Lors de projections tests, les pontes de la Paramount voulaient supprimer tout ça au nom d’une linéarité souveraine. Mel Brooks tel le Docteur Treves (Anthony Hopkins) réussira à faire taire les sceptiques. Plus de quarante ans plus tard, de telles largesses semblent impensables dans un monde marvelisé où les monstres ont été depuis longtemps domestiqués.

Elephant Man est un film charnière dans l’histoire du cinéma, de ces œuvres qui tiennent à la fois compte d’un héritage et envoient les signaux du futur. Lynch regarde Tod Browning et Friedrich W. Murnau tout en montrant la voie aux frères Quay, à Tim Burton ou Guillermo del Toro. Elephant Man est ainsi enveloppé d’un noir et blanc magnétique et intemporel signé du génial chef op et réalisateur britannique Freddie Francis.

L’hommage dans la dernière partie à La monstrueuse parade est particulièrement émouvante. Lors d’une nuit de pleine lune, les Freaks du cirque libèrent John Merrick de son tortionnaire et lui offrent une liberté dont on se demande s’il saura quoi en faire. Après Elephant Man, Lynch va encore grossir et se voir offrir des ponts d’or. Ce sera la superproduction Dune sur laquelle il va se fracasser. A la fin d’Elephant Man, du haut de sa loge, Merrick se lève devant un parterre de bourgeois qui l’applaudissent à tout rompre. Il se retrouve aussitôt, seul dans sa chambre où il meurt soulagé de ses blessures.

Lynch, lui, va retourner dans son hangar jouer en secret avec ses nouveaux monstres (Blue Velvet puis Twin Peaks…) Pour les 40 ans du film, en 2020, Studiocanal proposait une nouvelle copie entièrement restaurée image et son. Sublime, forcément sublime.    

Steven Spielberg rend hommage à David Lynch, le "visionnaire"

Steven Spielberg lui aura offert son dernier geste de cinéma. Dans The Fabelmans, film autobiographique où il racontait son enfance et comment il était tombé amoureux du 7e art, Spielby était allé sortir David Lynch de sa retraite pour incarner John Ford dans une scène rendue encore plus mythique par la disparition du réalisateur de Mulholland Drive. 

Après avoir tenté de contacter Lynch via son agent, sans succès, Spielberg était passé par Laura Dern, qui a travaillé avec les deux cinéastes (sur Jurassic Park et Sailor et Lula) et l’a convaincu de faire le test. 

 "Au départ, je ne voulais pas le faire", racontait Lynch, qui avait donc finalement accepté, quelques mois après la sortie du film. "Je suis certain que John Ford avait des tas de conseils à donner à de jeunes réalisateurs. Steven a choisi cet exemple de la ligne d'horizon. Pour lequel il avait raison. Filmer la ligne d'horizon au milieu, c'est chiant comme la pluie."

Aujourd’hui, David Lynch n’est plus parmi pour nous. Et Spielberg n’a pas tardé à publier un communiqué (via Variety) pour rendre hommage à l’immense réalisateur, dont on a appris le décès ce jeudi à l’âge de 78 ans. 

"J’adorais les films de David. Blue Velvet, Mulholland Drive et Elephant Man l’ont défini comme rêveur singulier et visionnaire qui réalisait des films qui semblaient être faits à la main. J’ai pu faire la connaissance de David quand il a joué John Ford dans The Fabelmans. Voici qu’un de mes héros, David Lynch, jouait un des mes héros. C’était surréaliste et ça ressemblait à une scène tirée d’un film de David. Son style si original et unique va manquer au monde. Ses films ont déjà passé l’épreuve du temps, et ils continueront à le faire." 

David Lynch laisse un grand vide, et comme Spielberg la rédaction de Première est inconsolable. 

Dans les coulisses de Blue Velvet, premier chef-d'oeuvre de David Lynch

1986. Un film noir portant le titre d'une chanson américaine 50s crée le scandale par sa représentation de la violence sadomasochiste : Blue Velvet, d'un certain David Lynch. L'homme est connu et jouit d'une notoriété ambiguë, avec une filmographie oscillant entre l'expérimental décadent (Eraserhead, 1977) et les tentatives grand public, connaissant tantôt le succès (Elephant man, 1980) tantôt l'échec critique et commercial (Dune, 1984). Comment faire confiance à ce drôle de réalisateur au tempérament de plasticien qui déroute par son goût de l'étrange et son aptitude à travailler de l'intérieur des genres extrêmement codés, du mélodrame forain en costumes d'époque à la science-fiction épique ?

Le scénario de Blue Velvet, dont la version primitive remonte à la fin des années 70, cherche preneur auprès des studios hollywoodiens, qui tous refusent. Ce qui grippe : la violence érotique et la minceur apparente de la trame narrative – une enquête horrifique sur un réseau criminel dirigé par un psychopathe, sur fond de fascination pour une chanteuse de club mi-femme fatale mi-femme battue. Rien de bien convenable pour l'Amérique puritaine prête à admirer sur grand écran des femmes sublimes et vénéneuses, mais pas à les voir se prendre des gifles en gloussant de plaisir, le sang aux commissures des lèvres, comme dans un vulgaire giallo...

C'est le producteur italien Dino de Laurentiis, fils d'un industriel des pâtes alimentaires marié à la divine Silvana Magano, qui dira banco au film, parallèlement à la production d'un thriller colossal, Manhunter, de Michael Mann, qui sort la même année. Pour Lynch, les conditions sont risquées mais intéressantes : un budget serré de six millions de dollars et le final cut...

Exactement ce qu'il faut au réalisateur pour donner libre cours à son génie créateur en convoquant tous les ingrédients de ses chefs-d'œuvre futurs – des héros chastes happés par un arrière-monde putride, le sens de l'insolite, le goût du difforme, les décors baroques, les rideaux oniriques, la somptueuse photographie de Frederick Elmes et la musique inquiétante du maître Angelo Badalamenti.

Blue Velvet marque un tournant dans la carrière de Lynch, qui fut nominé à l'Oscar du meilleur réalisateur en 1987. C'est assurément la matrice formelle de ses plus beaux cauchemars. Le film n'a pas pris une ride et dégage toujours une même force hypnotique. En deçà de la charge sexuelle qui a tant défrayé la chronique lors de sa sortie, engendrant une réception critique mitigée aux Etats-Unis, coule pour la première fois de manière aussi évidente la matière noire de son cinéma : l'appel du Mal, cet obscur objet du désir, tapi derrière l'ordre apparent d'une Amérique propre sur elle, heureuse et immuable comme un paradis pavillonnaire sous le règne du président-acteur Ronald Reagan.

La lecture rétrospective du scénario définitif de Blue Velvet est émouvante. Plan, scène, réplique, tout est parfaitement pensé, préparé, écrit. Pour mémoire : de retour au bercail à Lumberton, un patelin de Caroline du Nord, après l'accident cardio-vasculaire de son père, Jeffrey Beaumont, un étudiant BCBG, découvre une oreille humaine dans un champ alors qu'il revient d'une visite à l'hôpital.

Comme il est honnête et que cela semble tout à fait logique, il apporte gentiment sa découverte à la police et confie l'organe contenu dans un simple sac en papier à l'inspecteur John Williams, qui le constate à son tour avec beaucoup d'à-propos : oui, il s'agit bien d'une oreille humaine... Un soir, Jeffrey lui rend visite puis fait la rencontre dans les ténèbres de la nuit d'une jolie blonde vêtue de rose, Sandy, la fille de l'inspecteur. Elle crée le contact. C'est bien lui qui a trouvé l'oreille ?

Elle-même a entendu son père citer le nom d'une chanteuse peut-être en lien avec l'affaire, Dorothy Vallens... L'enquête parallèle est lancée par ce couple virginal né dans la nuit. Il y avait la tête dans Eraserhead, il y aura l'oreille dans Blue Velvet : un organe sectionné qui va servir de conduit, auditif et visuel, entre le monde apparent et le monde caché, entre le monde visible et le monde noir de la cruauté humaine.

L'appendice ainsi autonomisé et littéralement monstrueux est un motif décadent. Une bizarrerie fin-de-siècle qui surgit de manière incongrue dans un cadre champêtre, sous un ciel éternellement bleu. Un fragment monstrueux – peut-être le plus célèbre de l'histoire du cinéma avec le phallus de L'Empire des sens –, qui nous invite à pénétrer l'orifice d'un monde étrange – a very strange world. 

Les personnages de ce conte cruel sont incarnés par des acteurs qui ne sont pas des premiers choix. De l'échec ou plus précisément du déplacement des intentions premières de Lynch s'opère une sorte de petit miracle. Dans le rôle de Jeffrey Beaumont, l'inspecteur sans mandat à peine sorti de la puberté, s'impose Kyle MacLachlan à la place de Val Kilmer, ce qui n'allait pas de soi après la déception de Dune. Il est parfait dans la catégorie gentil garçon inoffensif, sorte d'idéal du moi de Lynch en premier communiant à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, et nous déboussole lorsqu'il se met à son tour à tabasser la chanteuse Dorothy Vallens qui l'en supplie.

Elle, c'est Isabella Rossellini, la fille de – Roberto Rossellini et Ingrid Bergman – qui accepte le rôle après le refus de Hanna Schygulla. À l'époque, on la voit uniquement dans le mannequinat et des publicités pour les cosmétiques. Lynch offre à sa carrière une révolution à 180 degrés en la magnifiant en femme fatale brune, chanteuse mélancolique au corps marqué sous l'emprise du cinglé qui a kidnappé son fils et son mari, lui zappant une oreille au passage.

Comment oublier Dorothy chantant « Blue Velvet » dans l'ambiance jazzy du slow club ? « She wore blue velvet / Bluer than velvet was the night / Softer than satin was the light / From the stars…»  Comment oublier Dorothy chez elle, tantôt matée par Jeffrey, tantôt battue par le psychopathe Frank dans son appartement-décor, véritable « hall de gare », soumise à la loi des hommes ? Comment oublier Dorothy surgissant nue du jardin de Jeffrey – la réminiscence fictionnée d'un épisode réel de la vie de Lynch enfant – alors que celui-ci se fait embrouiller par le petit ami de Sandy ?

Le monde de la pub ne pardonnera pas ce rôle à Isabella Rossellini. Sois belle et tais-toi. Sois belle et ne chante pas. Sois belle et ne dis pas : frappe-moi encore. Son contrepoint blond s'appelle Laura Dern. Une parfaite inconnue qui incarnera le rôle de Sandy Williams, la fille de l'inspecteur aux airs de majorette vierge, et qui n'est même pas un deuxième choix, n'arrivant qu'après une cascade de refus. Bonne pioche, elle est sublime d'innocence sucrée, romantique et ingénue jusqu'au nunuche. Au terme d'une enquête lugubre, elle rétablira délicieusement l'ordre des choses : « Je te pardonne Jeffrey, je t'aime. »

Quant à la bête humaine du film, elle s'appelle Dennis Hopper, le magnifique Dennis de Easy Rider, ici en homme mûr gavé d'adrénaline et de lubricité. Lui, alors au fond du trou, a foncé sur le rôle dont personne ne voulait. Il est ici divin et réunit en lui tous les affreux de la Création – le satyre, le toxico, le meurtrier, la petite frappe de province, le fils indigne flairant en pleurnichant la chatte-à-maman, le maniaque pansexuel. « J'ai envie de baiser tout ce qui bouge », nous confie-t-il avec franchise lors d'une nuit de folie dans le cabaret de son pote dégénéré Ben (Dean Stockwell).

Ah, qu'on l'aime ce ménage à quatre ! Les comédiens recevront tous des prix pour leur extraordinaire partition (Dennis Hopper, nominé aux Golden Globes pour le meilleur second rôle et primé par la National Society of Film Critics, Isabella Rossellini, Independent Spirit Award de la meilleure actrice aux côtés de Laura Dern, nominée). Sauf, curieusement, Kyle MacLachlan.

Ce qui unit souterrainement ces personnages, c'est qu'ils sont tous fondamentalement voyeurs. Pour Jeffrey, qui mène l'enquête, c'est évident. Il en fait l'aveu le plus simplement du monde à Dorothy Vallens qui l'a découvert planqué dans son placard : « J'ai pris votre clé. Je voulais vous regarder, c'est tout. » Sandy, assise dans le cabriolet rouge à sellerie blanche de son futur boyfriend, avant qu'il ne visite pour une deuxième fois l'appartement de Dorothy, le lui fait également remarquer : « Je ne sais pas si tu es un détective ou un pervers - C'est à toi de le découvrir », lui répond le joli brun sous forme de défi, en l'occurrence une invitation à le regarder agir.

Mais Sandy n'est pas en reste. Si ses yeux ne traînent pas, ses oreilles sont actives. Tout d'abord, elle écoute ce que peut bien dire son père dans son bureau situé à l'étage en dessous de sa chambre. Ensuite, plus subtilement, elle passe son temps à jouir des récits que Jeffrey lui fait des avancées de sa trouble enquête, quitte à le déplorer. « Je n'aurais jamais dû t'en parler. »

Mais si elle ne lui en avait pas parlé, il n'y aurait pas eu d'histoire, donc pas de jouissance, donc pas de récit de la maltraitance dont Dorothy est l'objet. La chanteuse appartient quant à elle à la catégorie des masochistes, voyeuse d'elle-même et de son propre malheur, scrutatrice du désir de son jeune sauveur : « Tu veux faire des trucs vicieux ? »

Davantage qu'une drogue, ce mal lui a été inoculé par Frank, qui lui aurait tendance à contempler Maman. Tout d'abord au cabaret, les larmes aux yeux, essuyés par une étoffe bleue bien sûr. Puis au domicile de Dorothy, où il lui inflige des sévices tout en ordonnant qu'elle ne le regarde pas, sous peine de réprimandes violentes. On le verra ainsi, pathétique et fou à quelques centimètres du sexe de Dorothy, criant « maman » et inhalant névrotiquement son aide respiratoire en quête d'une régression radicale, « bébé veut du velours bleu ». 

Dans cet univers SM, chaque personnage se définit par rapport à son propre désir de violence, ou à sa propre intuition de la violence. Chacun a ainsi sa phrase récurrente, sa propre autodéfinition. Dorothy, désespérée, qui aimerait peut-être qu'on la tue mais qui ne peut pas mourir tant que son mari et son fils sont en vie, n'a qu'un mot à la bouche : « Frappe-moi ! » Frank attend d'être envahi par des forces obscures pour libérer sa rage : « ça y est, c'est la nuit ». Jeffrey découvre un autre monde, au cœur du nôtre : « C'est un monde étrange. » Sandy exprime une conscience naïve de la réalité du Mal : « J'ai fait un rêve. (…) Dans mon rêve, il y avait notre monde, et ce monde était sombre car il n'y avait pas de rouge-gorge. »

La scène du désir inavouable, de l'essence violente et cruelle de la libido humaine, est le salon de Dorothy. C'est là que se distribuent les plus beaux coups sur le visage et le corps de la chanteuse au bout du rouleau, que Lynch met en scène sans avoir peur d'en affronter la fragile et bouleversante nudité.

En 1986, Blue Velvet est un ovni, à la fois prolongement et rupture totale avec le film noir classique, dont il reprend le principe de l'intrigue parallèle et de l'ordre caché des choses. Film qui mélange romantisme et décadentisme en activant la force du sentiment et de la sensation – le générique du film s'ouvre ainsi en mode fétichiste sur une pièce de velours bleu en mouvement, sur fond de musique de film noir des années 40 – Blue Velvet a aussi retenu les leçons du cinéma d'Hitchcock, notamment celles de Psychose.

La charge psychique est ici totale, qui tend à minorer le prestige de l'action au profit de l'appréhension et de l'angoisse. Toute la palette chromatique de Lynch tend vers un assombrissement du monde. Un univers où grouillent les insectes, où les orifices sont sales comme le conduit de l'oreille sectionnée. Mais si le monde est autre, c'est aussi parce que les personnages se découvrent autres, à l'image de Jeffrey-le-pur se surprenant à frapper Dorothy. 

Lynch a également tiré les leçons de l'échec des premières moutures du scénario. Pour pallier l'écueil d'un film excessivement dérangeant, voire désagréable, il introduit des éléments comiques qui contrebalancent l'horreur et nous réjouissent comme des enfants admirant un camion rouge de pompiers américains. Ainsi, la constitution de couples cocasses et parodiques – les deux salariés noirs aveugles de la quincaillerie familiale et les deux tantes blondes – qui font baisser la pression et équilibrent les couples maléfiques du film – Dorothy et Frank, et aussi, de manière inattendue... Jeffrey et Frank. Lors de la scène où le psychopathe kidnappe le fouineur pour une virée violente en voiture, Frank ne lui dit-il pas, après l'avoir embrassé sur la bouche avec du rouge à lèvres devant sa bande de copains hilares : « T'es comme moi. » 

La bande-son de Blue Velvet est un chef-d'œuvre. C'est le cœur des personnages, le pouls même du récit. Elle fait également date parce qu'elle signe la première collaboration entre Angelo Badalamenti et David Lynch – Badalamenti que l'on voit fugitivement vêtu d'une veste bleue accompagner Dorothy Vallens au piano au Slow Club.

À l'époque, Lynch est fasciné par la musique du Russe Dmitri Chostakovitch (1906-1975), dont l'expressivité cinématographique, par son intensité mélodramatique, du subtil au quasi grotesque, du bizarre au grandiose hérité du romantisme de Gustav Mahler, entre en résonance avec son projet de film néo-noir. Badalamenti et ses nappes de synthé se voit alors prié de « faire russe » – entendre étrange, lancinant et puissant quand il le faut. L'anecdote est connue : David Lynch fait installer sur le tournage des enceintes qui diffusent en boucle la 15e symphonie du maître russe, histoire d'ambiancer les séances de travail....

L'attention portée à la musique est une autre manière de saisir l'esthétique de Lynch. Le thème principal de Badalamenti est magnifique, en parfaite osmose avec le genre noir. Comme un classique instantané. Lynch et Badalamenti : ces deux-là se sont trouvés. De nouveau le plaisir de l'oreille... qui se démultiplie tout au long du film grâce à l'utilisation du répertoire populaire américain.

Outre la chanson-titre « Blue Velvet » créée en 1950 par Bernie Wayne et Lee Morris et reprise par Bobby Vinton en 1963, le film voit le retour triomphal du crooner maudit Roy Orbison avec son hit « In Dreams ». Sa ritournelle fait mouche et devient le hit fantasmatique de Ben, le copain de Frank, qui se met en scène en play-back dans le cabaret où il retient prisonnier le mari et le fils de Dorothy Vallens : « A candy-colored clown they call the sandman / Tiptoes to my room every night / Just to sprinkle stardust and to whisper / Go to sleep, everything is alright. » Images inoubliables d'un show dégénéré où l'évocation du « clown caramel » n'est qu'une répétition générale avant le déferlement du Mal.

Leland Palmer, le père de Laura dans Twin Peaks dansant seul dans son salon, n'est pas loin. C'est le son immémorial de l'Amérique blanche – the good old days –, mais ce n'est plus qu'un un vernis sur la noirceur du réel. Son plus beau simulacre.

Le Mal est la grande question posée par Blue Velvet. Il affecte chaque personnage, circule comme une maladie, et s'inscrit subtilement dans un système mythologique et symbolique très vaste. Son approche par Lynch nous bouleverse car elle prend appui sur la profonde bonté des personnages principaux.

Eux (nous) ne sont que le résultat d'une déchéance et peuvent succomber à la Tentation maléfique : dans ce montage crypto-religieux, n'est-ce pas la jolie Sandy qui déclenche chez Jeffrey le désir de voir et de goûter au Mal en lui lâchant le nom de la chanteuse Dorothy Vallens, entendu dans la bouche de son père ?

Elle est Eve, il est un peu Adam. La scène centrale dans la voiture entre Sandy et Jeffrey nous éclaire. Au son des orgues, Jeffrey, les larmes aux yeux, s'étonne : « Pourquoi y a-t-il des gens comme Frank ? Pourquoi y a-t-il tant de problèmes dans ce monde ? »

La voiture est naturellement garée... devant une église. Comme une déclaration d'amour occulte où Sandy fait part de son rêve d'un monde déchu, sombre car sans rouge-gorge. L'oiseau est à sa manière le symbole du film. Son chant en ouvre discrètement l'espace sonore, en une sorte de félicité mensongère. Il l'achèvera.

Dernière scène du film : un rouge-gorge apparaît sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Il est magnifique et tient un insecte dans son bec avec une indifférente cruauté. Il est la Vérité du monde, une révélation. Sandy le constate en regardant amoureusement Jeffrey : « It's a strange world, isn’t it ? » 

David Lynch célébré par Kyle MacLachlan : "Il a changé ma vie"

Il y a quarante-deux ans, David Lynch, réalisateur de génie, choisissait Kyle MacLachlan pour jouer dans Dune, son unique film à gros budget. Un choix qui a changé la vie de l’acteur, comme il l’a confié dans un émouvant message publié jeudi sur Instagram, pour saluer la mémoire du réalisateur disparu.

"Pour des raisons qui dépassent mon entendement, David Lynch m’a sorti de l’obscurité pour jouer dans son premier et dernier film à gros budget", écrit MacLachlan dans son hommage. "Il a clairement vu quelque chose en moi que même moi je ne reconnaissais pas. Je dois toute ma carrière, et ma vie en fait, à sa vision."

L’acteur se souvient avec admiration de l’homme derrière la caméra : "Ce que j’ai vu en lui, c’est un homme énigmatique et intuitif, avec un océan créatif qui jaillissait en lui. Il était en contact avec quelque chose que nous autres aimerions pouvoir atteindre."

Leur collaboration ne s’est pas arrêtée là. Après Dune, leur "amitié a prospéré" sur les tournages de Blue Velvet et de Twin Peaks. "J’ai toujours trouvé qu’il était la personne la plus authentiquement vivante que j’aie jamais rencontrée", poursuit l'acteur de 65 ans. "David était en phase avec l’univers et avec sa propre imagination à un niveau proche de la meilleure version de l’humain !"

MacLachlan souligne que Lynch avait une approche unique de la vie et de l’art parce qu'il "ne s’intéressait pas aux réponses, car il comprenait que les questions sont le moteur qui fait de nous ce que nous sommes. Elles sont notre souffle."

En conclusion de son message, Kyle MacLachlan confie son chagrin face à la perte de cet ami si précieux : "Alors que le monde a perdu un artiste remarquable, j’ai perdu un ami cher, qui a imaginé un avenir pour moi et m’a permis de voyager dans des mondes que je n’aurais jamais pu concevoir par moi-même. Il me manquera plus que les limites de ma langue ne peuvent le dire, plus que ce que mon cœur ne peut le supporter. Mon monde s'est rempli parce que je l’ai connu et il est plus vide maintenant qu’il est parti. David, je reste à jamais changé et je serai toujours ton Kale. Merci pour tout."

Lost Highway, l’essence des 90’s selon David Lynch

Un film qui résumerait à lui tout seul l’esthétique des années 90 ? Voyons voir… Il y aurait Matrix, bien sûr, cette vaste régurgitation de tous les sous-courants de la pop culture fin de siècle. Pulp Fiction, évidemment, ses gangsters qui parlaient de hamburgers et de massages de pieds et propulsèrent le cinéma dans son ère « méta ». Et puis Fight Club, sans conteste, dernier râle de la génération X, s’achevant sur l’image prophétique de l’effondrement des Twin Towers. A côté de ces trois mastodontes générationnels, tapi dans l’ombre, se cache Lost Highway – moins applaudi, certes, mais compilant génialement tous les motifs, tics et marottes du cinéma de cette décennie. Le film de David Lynch « cochait toutes les cases » (comme on ne disait pas dans les années 90). Ce choc rétinien indélébile millésimé 1997 a pourtant souffert, quelques années plus tard, de la comparaison avec Mulholland Drive (2001), qui poussait ses innovations stylistiques (récit coupé en deux, relecture monstrueuse du film noir hollywoodien…) à un degré de perfection absolue, faisant rétrospectivement apparaître son prédécesseur comme un simple brouillon du chef-d’œuvre à venir. Aujourd’hui, pourtant, il s’impose comme une somme, le seul Lynch à combiner les deux faces de l’inspiration de son auteur : le glamour vénéneux d’un côté (la veine Blue Velvet-Mulholland Drive), la brutalité post-industrielle de l’autre (l’axe Eraserhead-Inland Empire). Un film lynchien total, donc, mais pas autarcique pour autant. Car si Lost Highway condensait les obsessions de son auteur, il était aussi l’œuvre d’une époque. 

Schizophrène ? Barry Gifford, auteur du roman Sailor et Lula (adapté par David Lynch en 1990) et co-scénariste de Lost Highway, n’aimait pas qu’on emploie ce terme pour désigner le héros du film, Fred Madison (Bill Pullman). Ce  saxophoniste free-jazz assassine par jalousie sa femme Renée (Patricia Arquette) avant de partir dans une « fugue dissociative » qui lui fera prendre le visage et l’identité d’un jeune garagiste nommé Pete Dayton (Balthazar Getty). "C'est sur un type qui est littéralement, physiquement, écartelé par un changement de personnalité", précisait l’écrivain dans Libération en mars 1996. L’idée avait germé dans l’esprit de David Lynch alors que, circa 1993-94, il passait des heures devant la télé, scotché, comme le reste du monde, par la retransmission du procès d’O.J. Simpson. "J’ai entendu dire qu’après avoir été libéré, il était allé jouer au golf, expliqua Lynch. Et je me suis dit : « Voilà quelqu’un qui sait compartimenter. Il assassine brutalement deux personnes et il va golfer en souriant ». C’est la fugue dissociative : quand tu prends mentalement distance avec toi-même pour ne pas devenir fou". Du Patrick Bateman d’American Psycho (Bret Easton Ellis, 1991) au Narrateur de Fight Club (David Fincher, 1999), la décennie 90 fut traversée par une cohorte de héros divisés, « splittés », écartelés. « Fendus comme une bûche », disait Lynch. Et tous surplombés, donc, par l’ombre d’O.J. Simpson, idole déchue devenue l’incarnation de la part sombre de l’homo americanus. 

51 minutes après le début, Lost Highway se brise en deux, un acteur en remplace un autre, la brune devient blonde, et le film commence à s’enrouler sur lui-même comme un ruban de Möbius. Lynch rejoue Vertigo sur un mode strident et cauchemardesque. A vrai dire, avant même qu’il s’en empare, l’idée d’une cassure dans le récit était déjà dans l’air. Lost Highway est encore en tournage quand sort dans les salles américaines Chungking Express de Wong Kar-wai, lui aussi scindé au milieu. Et en 1997 sort The Blackout d’Abel Ferrara, autre film fracassé en deux. Mais c’est la version lynchienne qui retourne le plus le cerveau, et s’imposera comme une matrice esthétique majeure. L’intéressé lui-même poussera la logique vers l’incandescence totale dans Mulholland Drive, avant que s’engouffrent dans la brèche Apichatpong Weerasethakul (Tropical Malady), Quentin Tarantino (Boulevard de la Mort), Miguel Gomez (Tabou) ou, encore très récemment, Trey Edward Schults (Waves). L’autoroute théorique la plus encombrée du 21e siècle a donc été ouverte en 1997. 

Au cinéma, chaque décennie a ses genres dominants. Sa couleur. Celle des années 90 est le noir. Du Silence des Agneaux de Jonathan Demme au Memento de Christopher Nolan, le film policier (et ses dérivés) est alors réinventé de fond en comble. David Fincher fixe la grammaire moderne du film de serial-killer (Seven), Curtis Hanson ressuscite le classicisme hollywoodien en adaptant Ellroy (L.A. Confidential), le jeune Tarantino repeint les murs en rouge sang (Reservoir Dogs), Michael Mann sort l’artillerie lourde (Heat)… Sans parler de John Dahl, Kathryn Bigelow, des frères Coen, et pour rester en Amérique. David Lynch, lui, se demande jusqu’où il peut pousser le genre. Aux avant-postes de cette nouvelle vague dès 1987 (Blue Velvet), il va encore plus loin avec Lost Highway. Les clichés sont là – cigarettes, femme fatale, Cadillac, grossium mafieux haut en couleur (le Mr Eddy joué par Robert Loggia) – mais éclairés d’une lumière nouvelle, plus effrayante. Avec son chef opérateur Peter Deming, Lynch travaille littéralement à réinventer la couleur noire –  "nous avions mis au point toute une gradation dans l’obscurité", expliquera le directeur de la photo. Le corridor dans lequel s’enfonce Fred Madison avant d’en ressortir déterminé à tuer Renée est sans doute l’un des noirs plus impénétrables jamais filmés. A quel moment le film noir devient-il un film d’épouvante ? S. Craig Zahler, réalisateur des traumatisants Bone Tomahawk et Traîné sur le bitume, ne parle pas de Lost Highway comme d’un thriller, mais comme l’un des cinq plus grands films d’horreur de tous les temps. Ça se défend.

« Qu’est-ce que c’est ? », demande Fred à Renée alors qu’elle inspecte le contenu de l’enveloppe kraft qu’un inconnu a déposé sur les marches de leur maison. « Une cassette vidéo », répond la belle brune en peignoir satiné. Pour les millenials qui découvrent aujourd’hui Lost Highway, la précision a son importance : oui, ces gros trucs noirs s’appelaient des cassettes (ou VHS) et, oui, c’est comme ça qu’on regardait les films à la maison dans les années 90. Si Lost Highway accuse son âge, c’est bien dans l’exhibition de ces machins antédiluviens. Ou, pire, de l’énorme caméscope dont se saisit l’Homme-Mystère (le clown spectral joué par Robert Blake) pour terrifier Bill Pullman dans le climax du film. Tout Lost Highway est fléché par des gadgets électroniques (interphones intimidants, téléphones menaçants…) filmés comme des vecteurs du Mal, des agents de la peur et du chaos. A la suite de David Cronenberg dans Videodrome, Lynch poursuit une réflexion sur l’image vidéo comme symbole de perversion, de décadence et de corruption. Après Lost Highway, les VHS maléfiques seront les stars du Ring de Hideo Nakata. Puis du Caché de Michael Haneke, en 2005, où un couple bourgeois est également terrorisé par des K7 livrées anonymement à son domicile. Même si, entre temps, tout le monde était passé au DVD.

Comme tous les films de David Lynch, Lost Highway s’écoute autant qu’il se regarde. Grésillement des ampoules, silence interminable entre deux répliques, tiens, écoutons cette araignée qui se promène au plafond… Au-delà du sound design du film, ahurissant, la B.O. st un instantané fulgurant de la manière dont sonnait la décennie 90. Lynch y compile tout ce que le rock d’alors avait de plus mutant, méchant, vicieux et terminal, dans une playlist au croisement du metal, du post-punk et de l’indus. Trent Reznor (qui n’était pas encore le compositeur officiel des films de David Fincher), Marylin Manson, les Smashing Pumpkins, les terrifiants Allemands de Rammstein, les nappes electro-lounge de Barry Adamson… Le tout sous le patronage de David Bowie, avant-gardiste en chef dont le « I’m deranged » électrise le générique mythique – ligne jaune discontinue nous sautant au visage, bitume avalé à toute allure dans la Vallée de la Mort. Même la rengaine rétro, This Magic Moment, est choisie dans sa version la plus récente, celle enregistrée par Lou Reed en 1995. Uniquement des morceaux qui viennent juste de sortir, comme pour mieux saisir l’énergie d’une époque. 

David Lynch sort Lost Highway début 1997, six mois après Crash, de David Cronenberg : c’est un moment « critique » essentiel pour ces deux ex-freaks des années 80. Venus du bis, du fantastique, de l’underground, les deux David se sont métamorphosés au cours des nineties en auteurs adorés par l’intelligentsia et le Festival de Cannes, figures de proue d’une nouvelle cinéphilie qui permet désormais de citer dans la même phrase Resnais et Carpenter, Bergman et Argento. Avec Lost Highway, Lynch crée sa mythologie définitive, celle de l’artiste chic et zarbi à la crinière exubérante, attrapant les idées qui tournoient autour de lui comme les volutes de sa cigarette. On l’a oublié aujourd’hui, mais, à ce moment-là, le cinéaste-plasticien revient de loin. Après avoir commencé la décennie sur les chapeaux de roue, avec une Palme d’or (pour Sailor et Lula) et un show télé révolutionnaire (Twin Peaks), il a envoyé deux séries dans le décor (On the Air et Hotel Room) et s’est fait massacrer par la critique pour Twin peaks, Fire walk with me, le film prequel de la série. Avec Lost Highway, il trouve enfin le chemin de sa maison. Les intérieurs design des Madison sont d’ailleurs tournés à domicile, dans sa résidence d’Hollywood. Une villa des hauteurs dont il n’est plus jamais redescendu.

16 janvier 2025

Décès du réalisateur David Lynch à 78 ans

David Lynch, réalisateur mythique de Mulholland Drive, Twin Peaks, Elephant Man, Une Histoire vraie ou Blue Velvet, nous a quittés à l’âge de 78 ans. Ses proches ont annoncé la triste nouvelle dans un communiqué relayé sur la page Facebook du metteur en scène. "C’est avec grand regret que nous, sa famille, annonçons le décès de l’homme et de l’artiste David Lynch", ont-ils déclaré.

De nos jours, aucun réalisateur ne ressemble à David Lynch. Son premier long métrage, Eraserhead, un surprenant cauchemar en noir et blanc, est devenu un classique de l'épouvante. C'est grâce à ce film que Mel Brooks décide de lui confier la réalisation de Elephant Man (1981). Egalement tourné en noir et blanc, l'histoire de John Merrick remporte pas moins de 8 nominations aux Oscars et lance définitivement la carrière de Lynch.

Il laisse passer l'opportunité de diriger Le Retour du Jedi, préférant miser sur Dune, une autre aventure de science-fiction qui, bien sûr, est loin de connaître le même engouement que le troisième volet de la saga Star Wars. Vient Blue Velvet dont l'excès de sexe et de violence choque certains, alors que d'autres crient déjà au génie. En 1990, Sailor et Lula remporte la Palme d'or au Festival de Cannes. Avec Twin Peaks, une série télévisée, Lynch devient un véritable phénomène de la culture pop. La transposition au cinéma ne se fait pas attendre.

Après cinq ans d'absence, il revient derrière la caméra pour Lost Highway, avant d'offrir un film dans la droite lignée de l'esprit humaniste d'Elephant Man, Une histoire vraie. En 2001, Mulholland Drive renoue avec l'étrange et précipite dans les coulisses d'un Hollywood inquiétant. Il obtient également sa troisième nomination à l'Oscar du Meilleur réalisateur, mais la statuette lui échappe encore.

Pour ce film, Lynch est récompensé du prix de la mise en scène au festival de Cannes, une récompense qu'il partage avec Joel Coen (The Barber : l'homme qui n'était pas là). Après quelques courts et moyens métrages, dont Rabbits réalisé en 2002, il tourne Inland Empire en 2006, et retrouve à cette occasion son actrice fétiche Laura Dern.

Il s'agira de son dernier long métrage sorti au cinéma.

En 2017, il tourne 18 épisodes d'une nouvelle saison de Twin Peaks à l'ambiance fidèle à la série d'origine, et dont les deux premiers épisodes sont présentés au Festival de Cannes. Trois ans plus tard, il reçoit un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Ne cessant jamais de filmer de très courtes vidéos sur des sujets très variés, documentaires ou moments de vie, Lynch poursuit sa volonté de s'éloigner des plateaux pour se consacrer notamment à la peinture. En 2022, il accepte cependant de jouer un John Ford plus vrai que nature dans The Fabelmans de Steven Spielberg, qui marque sa dernière présence sur un grand écran, devant comme derrière la caméra.

Un géant en saluant un autre, en lui confiant le rôle d'une figure incontournable du 7ème Art.

05 août 2024

La santé de David Lynch l'empêche de tourner de nouveaux films

Si les rumeurs de nouveaux projets cinématographiques de David Lynch reviennent régulièrement (son film d'animation Snootworld sur Netflix ? Un projet secret dévoilé dans le cadre du festival de Cannes ?), le réalisateur de Sailor et Lula, Blue Velvet et Mulholland Drive n'a plus réalisé de film depuis Inland Empire, en 2006. Ni de série depuis le troisième chapitre de Twin Peaks, conçue une nouvelle fois en collaboration avec Mark Frost, il y a déjà 7 ans. Une suite qui avait retourné le cerveau des fans de la première heure de Laura Palmer.

En couverture de Sigh and Sound, le cinéaste de 78 ans explique qu'il ne peut plus sortir de chez lui sans se mettre en danger. Après avoir fumé durant de longues années, il révèle souffrir d'emphysème, une grave maladie des poumons :

"J'ai de l'emphysème après avoir fumé pendant si longtemps, donc je suis coincé à la maison, que cela me plaise ou non... Je ne peux pas sortir. A cause du Covid, ce serait très mauvais pour moi de tomber malade, même d'un simple rhume."

Depuis la fin de la diffusion de Twin Peaks, durant l'été 2017, David Lynch a sorti plusieurs courts-métrages : Qu'a fait Jack ?, Ant Head, The Story of a Small Bug, I Have a Radio... Des œuvres minimalistes et étranges qu'il a pu filmer depuis chez lui. Il a aussi pris l'habitude de communiquer avec ses fans via son blog vidéo, par exemple pour livrer des points météo. Il est également apparu récemment dans The Fabelmans de Steven Spielberg - en tant qu'acteur, même si son rôle était un clin d'oeil au métier de metteur en scène.

28 mai 2024

David Lynch fait une annonce mystérieuse pour le 5 juin

C'est sans aucun doute le teaser le plus minimaliste de l'histoire ! David Lynch vient de partager une vidéo énigmatique sur les réseaux sociaux, annonçant la sortie d'un projet mystérieux, pour le mercredi 5 juin 2024.

"Mesdames et messieurs, quelque chose arrive... Quelque chose que vous allez pouvoir voir et entendre", lance le cinéaste.

De quoi s'agit-il ? Quel est ce projet mystère qui arrivera la semaine prochaine devant nos yeux ébahis ?

Le célèbre réalisateur de Twin Peaks et Mulholland Drive n'a plus fait de film depuis deux décennies et Inland Empire en 2006. Il a tourné la saison 3 de Twin Peaks il y a presque 10 ans et depuis, il a sorti quelques courts-métrages lunaires ici et là. Aux dernières nouvelles, David Lynch espérait pouvoir produire un film d'animation Snootworld, un rêve entretenu de longue date, qui peine à se concrétiser.

09 avril 2024

David Lynch veut réaliser un film d'animation

Presque 20 ans après son dernier long métrage, Inland Empire (en 2006), David Lynch reviendra-t-il un jour au cinéma ? Le cinéaste américain de 78 ans n'a pas renoncé et espère toujours réaliser Snootworld, un film d'animation.

Dans une interview avec Deadline, David Lynch révèle que, même si Snootworld – écrit il y a vingt ans – a été récemment rejeté par Netflix, il souhaite toujours mettre en images le scénario qu'il a écrit avec l'autrice Caroline Thompson (à qui l'on doit notamment les scripts des Noces funèbres et Edward aux mains d'argent).

"Je ne sais pas quand j'ai commencé à penser à Snoots, mais je faisais ces dessins de Snoots et puis une histoire a commencé à émerger. Je me suis retrouvé avec Caroline et nous avons travaillé sur un scénario. Tout récemment, j'ai cru quelqu'un pourrait être intéressé à soutenir ce projet. Je l'ai présenté à Netflix au cours des derniers mois, mais ils l'ont rejeté."

Le cinéaste admet dans la foulée que son Snootworld est plus « démodé » que la plupart des films d’animation modernes, ce qui le rend un peu plus difficile à vendre aux studios. Il avait espéré passer le flambeau à sa fille, Jennifer, mais trop occupée, il estime qu'il est "préférable que ce soit moi ou quelqu’un d’autre qui le dirige".

David Lynch renchérit en expliquant que "Snootworld est une sorte d'histoire démodée et l'animation d'aujourd'hui est davantage une question de blagues et de gags. Les contes de fées à l’ancienne sont considérés comme ringards : apparemment, les gens ne veulent pas les voir. C’est un monde différent aujourd'hui et c’est plus facile de dire non que de dire oui. J’aime cette histoire. C’est quelque chose que les enfants et les adultes peuvent apprécier..." Et le réalisateur de conclure : "Je n’ai jamais vraiment fait d’animation pure auparavant, mais avec les ordinateurs d’aujourd’hui, il est possible de faire des choses spectaculaires."

On comprend donc que si un studio ou un financier le suit, alors David Lynch se lancera dans la réalisation d'un nouveau film, Snootworld.

04 mars 2024

David Lynch à l’honneur sur MUBI

Primé aux César, aux Oscars, au Festival de Cannes ou encore à la Mostra de Venise, David Lynch est considéré comme l’un des plus grands réalisateurs vivants, malgré une filmographie limitée : dix films seulement en trente ans, mais tous marqués par une identité propre, identifiable entre mille. Élevés pour la plupart au rang de classiques, voire de chefs-d’œuvre, ils contribuent tous à un style “lynchien” reconnaissable pour le surréalisme de son imagerie onirique autant que pour ses intrigues sombres, qui entraînent le spectateur aux confins des mondes connus.

De l’ambitieux Eraserhead, premier film expérimental où drame intime et horreur organique se marient habilement, à l’intrigant Inland Empire où réalité et fiction s’entremêlent, les plus grands films de David Lynch sont à retrouver sur la plateforme MUBI jusqu’à la fin du mois de mars. Alors, vous laisserez-vous tenter par un voyage vers la planète désertique d’Arrakis (Dune), par un biopic déchirant sur le destin brisé d’une bête de foire (Elephant Man) ou plutôt par un retour dans l’inquiétante bourgade de Twin Peaks (Fire Walk with Me) ?

Pour rendre hommage à David Lynch et à l’univers incomparable de ses longs-métrages, MUBI prévoit tout au long du cycle consacré au réalisateur plusieurs événements thématiques.

Suite au déjeuner organisé le 23 février en collaboration avec l’agence culinaire WeAreOna dans un cadre inspiré de la cultissime série télévisée Twin Peaks, une projection de la préquelle Twin Peaks : Fire Walk with Me est prévue durant le festival des Inrocks, le samedi 2 mars au Centquatre-Paris. Pour rendre hommage aux inoubliables collations de l’agent Cooper (Kyle MacLachlan) et du shérif Truman (Michael Ontkean), des donuts seront offerts aux spectateurs !

Lancée en 2007, MUBI est une plateforme de streaming dont le catalogue se compose de films d’auteurs, de grands classiques et de pépites découvertes dans les festivals du monde entier. D’Agnès Varda à Gaspar Noé en passant par François Truffaut et David Lynch, il y en a pour tous les goûts !

En prime, AlloCiné et MUBI vous offrent un abonnement de 30 jours pour découvrir l’impressionnant catalogue de la plateforme et vous permettre de revoir vos films culte favoris.

21 février 2024

Elephant Man : Anthony Hopkins a essayé de faire virer David Lynch

Dans la galaxie des oeuvres de David Lynch, Elephant Man est sans nul doute celle qui reste la plus accessible de son auteur. Elle fut d'ailleurs cruellement et scandaleusement oubliée des Oscars en 1981 d'où elle repartira les mains vides malgré ses huit nominations dont celle du Meilleur acteur pour un inoubliable John Hurt, passé à la postérité sous les traits du personnage.

Endossant les habits de Frederick Treeves, le jeune chirurgien de renom qui recueille John Merrick et découvre chez lui un être doué d'une grande intelligence et assoiffé d'amour, Anthony Hopkins livre une composition admirable; assurément une des meilleures de sa riche carrière.

Elephant Man représentait le premier film de Lynch produit au sein d'un studio, et il avait les coudées franches pour livrer la version qu'il souhaitait, avec la bénédiction de Mel Brooks à la production.

Un Lynch assez Control Freaks d'ailleurs : à l'origine du projet, il voulait faire lui même les prothèses de John Merrick avec de la mousse de polyuréthane souple. Mais peut satisfait du résultat, il s'adressa alors, tardivement, à Christopher Tucker.

La singularité de la méthode de travail de Lynch a fini par susciter de vraies tensions avec Anthony Hopkins, qui trouvait le cinéaste peu professionnel et surtout pas assez taillé pour gérer un film de cette envergure. Au point qu'il passa un coup de fil à Mel Brooks, pour tenter de le faire virer du tournage.

Mais le producteur n'a pas lâché son réalisateur, maintenant sa confiance en lui. "Il est comme un chien fou, bien sûr, et il projette ses propres troubles émotionnels et sexuels dans son travail et nous envahi avec les sentiments qui l'assaillent" racontera Brooks.

Des années plus tard, plus apaisé, Hopkins avouera avoir écrit une lettre au réalisateur, pour s'excuser de son comportement sur le tournage. "Je lui ai écrit une lettre pour m'excuser de mon comportement sur le tournage du film. J'étais très rebelle et me suis très mal comporté. Il voulait faire trop de prises, et moi je ne pouvais pas les faire.

Il était assez distant, et je ne comprenais jamais ce qu'il disait ou voulait, ce qui me rendait particulièrement irritable. Cela fait des années que je ne l'ai pas vu, mais c'est un homme brillant. J'aime beaucoup David".

04 janvier 2024

The Fabelmans de Steven Spielberg : David Lynch a été payé en apéro pour sa participation

Assurément un des plus beaux films de l'année, The Fabelmans est une passionnante et très émouvante radiographie de l'enfance de Steven Spielberg, sur les blessures intimes et la passion d'un immense cinéaste en devenir. Et, parmi les moments forts du film figure en bonne place la rencontre finale du jeune Sammy Fabelman avec une légende absolue d'Hollywood : John Ford.

Borgne, équipé d'un cache oeil, casquette vissée sur le crâne, et tirant voluptueusement sur son gros cigare, le cinéaste est incarné dans cette géniale séquence par nul autre que David Lynch, que Spielberg n'imaginait d'ailleurs même pas pouvoir convaincre de faire l'acteur.

"Au départ, je ne sais pas pourquoi, mais je ne voulais pas le faire. Il y avait la pandémie, et d’autres problèmes. Mais Steven et Laura Dern sont amis. Laura a plaidé pour que j’accepte. Puis Steven m’a parlé. Je lui ai dit que Peter Bogdanovich devrait plutôt le faire : il avait connu John Ford, il aurait été parfait. Mais Steven m’a répondu: "Non, non, non. C’est toi qui dois le faire, David. –Bon, d’accord, d’accord…" confiait Lynch aux Cahiers du cinéma.

Ajoutant : "En acceptant le job, je me suis rendu compte que Steven Spielberg était un type super. Je veux dire par là: un être humain réellement bon. J’ai finalement adoré travailler avec lui, pour lui. Je n’ai tourné qu’un seul jour, mais c’était très amusant".

Dans le numéro à venir du magazine Empire où figure un long entretien avec Lynch, celui-ci révèle, facétieux, la monnaie d'échange qu'il a accepté pour faire ce rôle, certes court mais mémorable : il s'est littéralement fait payer... en bonbons ! Ou plutôt en biscuits apéritif. Et ce n'est pas une blague.

"Un gros sachet de Cheetos dans ma loge, oui. [NDR : les Cheetos sont des biscuits apéritif soufflés, un peu à la manière des Curly]. J'adore ça. A chaque fois que je peux, j'essaie d'en avoir. Je sais que c'est pas vraiment un aliment bon pour la santé. Alors dès que je peux quitter la maison et que j'ai la chance d'en avoir... Mais je n'en ai pas si souvent, honnêtement.

Donc quand je peux en avoir, je veux un gros sachet. Parce qu'une fois que vous commencez à les avaler... Vous allez en manger pas mal avant de ralentir la cadence et vous dire "stop". Sinon, avec un petit sachet, vous seriez condamné à rôder pendant des jours pour en trouver davantage [..] Ca a un goût absolument incroyable.

Le verdict est le suivant : "la ligne d'horizon au milieu, c'est chiant" [NDR : allusion à une réplique de John Ford dans le film, où il demande au jeune Sammy de lui indiquer la ligne d'horizon dans un cadre]. Les Cheetos, c'est passionnant !"

On croirait à une blague, si ce n'est à se souvenir que l'on parle de David Lynch, le seul cinéaste capable de faire quotidiennement sur sa chaîne Youtube... Un bulletin météo. Et donc, de philosopher sur les vertus des Cheetos.

30 novembre 2020

Netflix : la nouvelle série de David Lynch sur le point de voir le jour ?

Le mystérieux David Lynch en a l'habitude : il fait l'objet de nombreuses rumeurs et il prend toujours soin de ne pas les démentir, jusqu'à ce qu'une annonce en grande pompe soit faite. C'est par exemple ce qui est arrivé avec la suite de Twin Peaks, dont on en a parlé pendant des mois avant qu'elle ne soit officialisée. Depuis cette saison 3 de 18 épisodes en 2017, le réalisateur s'est fait rare, à l'exception d'un curieux court-métrage pour Netflix, intitulé Qu'a fait Jack ? où un détective, qu'il incarne, interroge un singe soupçonné de meurtre. Mais sa collaboration avec Netflix pourrait bien ne pas s'arrêter là !

Il préparerait en effet depuis quelques mois déjà une nouvelle série, à destination de la plateforme, dont on vient d'apprendre que le début du tournage était fixé à mai 2021. Nom de code de ce projet : Wisteria (rien à voir avec Desperate Housewives !). Qu'en sait-on ? Bien peu de choses à ce stade, si ce n'est qu'elle sera écrite et réalisée par le Maître, aux côtés de sa fidèle collaboratrice Sabrina S. Sutherland à la production. Et qu'une partie au moins de ce tournage se déroulera dans les studios Calvert, où Twin Peaks : The Return avait posé ses valises. Toutefois, comme l'a confirmé le co-créateur de la série culte Mark Frost, ce nouveau projet n'aura pas de lien avec elle. 

Il faut remonter plus loin dans le temps pour trouver des informations qui pourraient coincider avec cette nouvelle série puisque la rumeur de ce partenariat avec Netflix ne date pas d'hier. En février dernier, David Lynch avait été vu dans les locaux de Netflix et peu de temps après une annonce de casting avait été publiée sur les sites spécialisés. Il était alors à la recherche d'une actrice d'une vingtaine d'années, brune, qui accepterait de tourner nu, pour le rôle principal d'un "nouveau film". Qui serait en fait une nouvelle série si l'on se fie à d'autres rumeurs, qui mentionnaient à la même époque un budget de 85 millions de dollars pour tourner entre 13 et 25 épisodes pendant 200 jours à Los Angeles. La pandémie a probablement dû forcer à repousser ce tournage et on peut désormais s'attendre, si cela se confirme, à une diffusion en 2022. 

Dernière rumeur, datant cette fois de mars : deux actrices fétiches de Lynch, Laura Dern et Naomi Watts, auraient eu des entretiens au sein des locaux de Netflix à cette même époque. Peut-il s'agir d'une simple coïncidence ? Réponse prochainement.