Pour nourrir ses films, la réalisatrice Lisa Azuelos s’est toujours inspirée de sa propre vie. Dans LOL et Mon Bébé, elle dépeint une relation mère-fille durant deux périodes bien distinctes et dans Une Rencontre, elle plonge dans une histoire d’amour extraconjugale. I Love America, son dernier long métrage, ne fait pas exception à la règle.
Cette fois, la réalisatrice s’intéresse à sa propre mère, la chanteuse Marie Laforêt. Comme dans sa comédie romantique avec Sophie Marceau, Lisa Azuelos est, elle aussi, partie aux Etats-Unis pour tenter sa chance. C’est d’ailleurs de cette manière que l’idée d’I Love America est née.
“Quand je suis arrivée aux USA en septembre 2019, je pensais m’y installer et faire des séries comme réalisatrice. J’ai demandé mon visa de travail et je pensais ne plus rien avoir de personnel à dire, se remémore la cinéaste dans le dossier de presse. (...) Et puis, tout s’est déroulé comme dans le film. Je mettais en scène une comédie musicale sur le disco à New York et j’ai reçu un appel de ma sœur m’expliquant que ma mère allait partir. J’ai pris le premier avion pour Paris.”
Marie Laforêt décède trois heures après son arrivée en France, le 2 novembre 2019. Son projet d’écriture en Amérique change de façon radicale. “Je ne pensais pas que j’allais parler de mon enfance. Encore moins de ma mère, poursuit-elle. Au fur et à mesure de l’écriture, des flashbacks se sont imposés et j’ai compris que j’allais écrire sur le lien à l’amour.”
Elle précise : “Si on réfléchit bien, tous mes films ne parlent que de ça. Mais là, j’ai pu aller un peu plus loin car ma mère était partie, je n’avais pas peur de dire des choses intimes. J’en avais parlé avec elle mais je n’aurais pas osé faire ce film de son vivant je pense.”
Dans ses scènes de flashbacks, Lisa Azuelos exprime l’absence et le manque de cette mère à la fois difficile et célèbre. Elle conclut : “Les soins reçus, l’amour donné, l’amour manqué, la manière dont on a été touché ou pas, c’est ça qui fait l’empreinte de notre relation aux autres. Est-ce un lien de confiance ? De défiance ? D’amour ? De manque ? Je voulais décortiquer ce rapport à soi et aux autres, les liens du corps…”