En 1973, Clint Eastwood est le roi du cinéma de dur-à-cuire ! Il enchaîne les westerns et a cartonné avec L'Inspecteur Harry deux ans auparavant. Cette année-là, il met en scène deux longs métrages : L'Homme des hautes plaines, un western âpre, violent et sans concession et Breezy, un film avec lequel il va perdre une partie de son public.
Breezy (jouée par Kay Lenz), c'est une jeune hippie de 20 ans qui rencontre Frank Harmon (William Holden), 55 ans, homme riche, divorcé et sans attache. D'une rencontre fortuite naît un amour inattendu qui n'est pas du goût de tout le monde.
Breezy sort le 16 novembre 1973 à Los Angeles et le 18 novembre à New York mais se fait secouer par une partie de la critique qui y voit simplement un "may-december", c'est-à-dire une relation à l'écart d'âge disproportionnée (54 ans pour Holden, 19 pour Lenz). Une autre partie de la presse soulignera également l'audace d'Eastwood de sortir un film sur une romance, sur un thème sur lequel personne ne l'attendait à cette époque.
Quoi qu'on en pense, le film est un échec cuisant au box-office, rapportant environ 200 000 dollars aux Etats-Unis, ne remboursant absolument pas son budget estimé à 750 000 dollars. Déçu et mécontent de ce mauvais résultat, Clint Eastwood blâme deux décisions prises en amont de la sortie.
Eastwood a décidé de faire un film pour la jeunesse, pensant son Breezy dans l'air du temps, mais à cause des scènes de nudité féminine, la Motion Picture Association of America classe le film "R", impliquant que les mineurs de moins de 17 ans ne peuvent voir le film. Par ailleurs, le cinéaste reproche à son distributeur (Universal) de ne pas avoir fait son travail (via Focus on Film) : "Le public a évité le film car il n'a pas bénéficié d'assez de publicité et a été vendu comme absolument pas attrayant."
Conséquence : douché par cet insuccès et en attribuant en partie la responsabilité à Universal, Eastwood part faire ses films suivants chez Warner, qui devient et restera globalement sa maison de cœur, qui lui laissera toute liberté artistique durant des décennies. Un mal pour un bien !
