Le site Indiewire, réputé pour son exigence en matière de cinéma, a publié sa liste des 100 meilleurs westerns de tous les temps. Disons-le d'emblée, leur classement entend le genre au sens large, incluant une comédie "western moderne" comme La vie, l'amour... les vaches (1991) et les films de science-fiction Nope (2023) ou le serial western-SF The Phantom Empire (1933).
Le 100ème du classement est La Porte du Paradis dans son montage Director's Cut, long de 3h39 et respectant ce que son réalisateur Michael Cimino aurait voulu. Le film agit comme un démythificateur de l'Ouest américain. Souvent vu comme l'une des causes de la fin de l'époque "Nouvel Hollywood", son échec total à sa sortie a conduit le studio United Artists à être vendu au plus offrant, fragilisé par les dépassements financiers du film de Cimino.
"La vision complète et finale du réalisateur est un chef-d'œuvre à tous les niveaux", écrit Indiewire, "un western aussi riche et texturé qu'une peinture de la Renaissance. Un triptyque historique qui retrace l'emprise de la richesse sur l'âme américaine, une âme née de l'influence européenne, désormais désespérée d'être éliminée, mais que le temps perpétue sous de nouvelles formes."
Autant dire que même le 100ème est considéré comme un grand film, c'est dire alors si le premier du classement a intérêt à être un chef d'œuvre et heureusement c'est le cas : l'équipe d'Indiewire a élu Johnny Guitare le meilleur western de tous les temps.
Réalisé par Nicholas Ray en 1954, Johnny Guitare raconte l'opposition entre Vienna (Joan Crawford), femme d'affaires qui tient un casino-saloon dans une petite ville où va arriver le chemin de fer et les propriétaires terriens locaux, notamment Emma (Mercedes McCambridge, future voix de Pazuzu dans L'Exorciste), jalouse de sa réussite. Elle accuse Vienna d'être la complice du meurtre de son frère, et lorsque Johnny Guitare, un nouvel employé de Vienna s'interpose, les choses tournent mal...
Si le rôle-titre est incarné par une star masculine de l'époque, Sterling Hayden, les véritables personnages principaux sont bien Vienna et Emma. C'est l'affrontement entre les deux femmes qui prend le pas sur l'intrigue, avec le sens du cadre que l'on connaît au réalisateur Nicholas Ray. Indiewire commente :
"C'est presque un conte de fées, un mélodrame extravagant, poétique et terrifiant où se mêlent la luxure, le désir, la haine et le désespoir. Le film n'a pas un gros budget, l'essentiel de l'action se déroule dans le saloon caverneux de Vienna. Et pourtant, il donne l'impression d'être gigantesque, un film si distinct, si imaginatif et si touchant qu'il atteint le statut d'épopée."
Juste derrière au classement se trouvent Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone (2e) et La Poursuite infernale de John Ford (3e). Retrouvez le top complet sur le site d'Indiewire.