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26 août 2020

Tex Avery, génie absolu de l'animation, toujours sans héritier 40 ans après son décès

Entre les années 1930 et le milieu des années 1950, un génie nommé Tex Avery révolutionne le dessin animé. Riche de 135 films, son oeuvre d'une incroyable folie créatrice -surtout la période MGM- reste une référence absolue en matière d'animation et d'humour visuel. Qu'on en juge. Un loup en smoking et érotomane aux yeux exorbités devant une délicieuse pin-up; un volcanique "petit" chaperon rouge ; Droopy, le génial anti-héros canin neurasthénique qui respire la joie de vivre, un écureuil fou, Bugs Bunny, Daffy Duck…Dans l’univers de Tex Avery, tout devient possible, même l’impossible. Comme il le disait d'ailleurs lui-même : "le public trouve ça drôle parce qu’impossible". Tex Avery, c’est l’anti Disney, une imagination totalement débridée au service du gag et d'un sens inouï du rythme.

Disparu en 1980 à l'âge de 72 ans, il y a tout juste 40 ans, ce génie de l'animation, et du cinéma tout court, n'en finit pas de nourrir l'imaginaire de cinéastes, artistes, dessinateurs ou publicitaires. Politiquement incorrect, le maître reste sans égal et sans réel héritier.

Frederick Bean Avery, dit Fred ou surtout Tex -en hommage au Texas-, voit le jour le 26 février 1908 à Taylor. Il est le descendant de deux fameuses figures de l'histoire des Etats-Unis. D'abord l'explorateur et pionnier de la colonisation de l'Amérique du Nord Daniel Boone, un Davy Crockett avant l'heure. Et, dit-on, du "juge" Roy Bean, légende du folklore du Far West, qui s'appelait lui-même "la Loi à l'Ouest du Pecos".

Dès son jeune âge, Tex Avery développe un goût prononcé pour le dessin. Après une formation aux métiers de dessinateur et animateur au Art Institute of Chicago, il tente sans succès de vendre ses planches de dessins. Il part alors en Californie pour entamer une carrière dans l'animation. A cette époque, toutes les Majors n'ont pas encore leur propre Département animation. Souvent, elles se contentent de distribuer les Cartoons, alors créés par des indépendants.

Il travaille d’abord pour les Studios Fox, puis pour Charles Mintz à la Columbia et dans les studios de Walter Lantz chez Universal. Là, il est affecté sur la série des Oswald le lapin chanceux de 1931 à 1935 – il aurait même réalisé deux épisodes. C’est à cette époque qu’il perd l’usage de l’œil gauche, éborgné par une agrafe à la suite d’un chahut de bureau. Dès le début, Avery se fait remarquer. Travailleur acharné, blagueur féroce, il a un exceptionnel sens de l'humour. Chaque animateur contribue à la création des gags dans les Cartoons; mais Tex était dit-on le plus drôle.

En 1935, Avery intègre le département animation de Warner Bros., dirigé par Leon Schlesinger, et convainc ce dernier de le laisser diriger sa propre équipe d’animateurs. Il supervise ainsi entre autres Robert Clampett et Chuck Jones, au sein d’un bungalow infesté de termites rapidement rebaptisé Termite Terrace. "On a tout de suite compris qu'il était différent" dira des années plus tard le grand Chuck Jones à son égard; "on ne l’analysait pas comme ça à 20 ans, sinon j’aurai tout de suite compris que c’était un génie. Et ce génie n’a jamais failli dans aucun de ses films !"

L’équipe travaille dans un premier temps sur les cartoons Looney Tunes en noir et blanc, puis sur les Merrie Melodies en couleurs. Avec ses collaborateurs, Avery le perfectionniste va inventer un style d’animation qui contraste vivement avec les cartoons de Disney, et créer une série de personnages stars du genre, comme Daffy Duck, doublé par Mel Blanc, ou bien entendu Bugs Bunny, co-élaboré avec Ben "Bugs" Hardaway, Cal Dalton et Chuck Jones. Avery réalisera lui-même réalisera quatre Cartoons mettant en scène le personnage.

En 1941, à la suite d’un désaccord avec le boss du studio Leon Schlesinger, Avery quitte la Warner et part un temps œuvrer à la Paramount, travaillant sur Speaking of Animals, un concept auparavant retoqué par Schlesinger qui consiste à utiliser des prises de vues réelles d’animaux et à animer leurs lèvres. Il rejoint ensuite la MGM pour travailler sous la supervision de Fred Quimby, et atteint ce qu’on considère généralement comme son apogée, avec plus de marge de manœuvre et de moyens qu’auparavant.

Son premier cartoon pour la major, The Blitz Wolf, détourne le conte des Trois Petits Cochons en parodiant Adolf Hitler, représenté en loup, et se voit nommé à l’Oscar du meilleur court métrage animé en 1942. Projeté en avant-programme dans les salles de cinéma, c'est un triomphe absolu : les spectateurs se déchaînent, hilares, applaudissent. Le succès est tel que les projectionnistes sont obligés de repasser une seconde et même une 3e fois le Cartoon.