2055. Steevyshady, youtubeur hyper botoxé raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour, du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec l'icône punk Billie Kohler. Pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs.
Présenté en séance spéciale à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2024, et à découvrir dès aujourd’hui au cinéma, le mélodrame musical Les Reines du drame est le tout premier long-métrage d’Alexis Langlois, qui s’est fait un nom ces dernières années grâce à ses courts métrages couronnés de succès en festivals, tels que De la terreur, mes sœurs ! et Les Démons de Dorothy.
L’inspiration derrière ce film lui vient "d’une rupture, d’une histoire très passionnée, empreinte de rivalité et d’admiration [...] avec une personne qui a inspiré le personnage de Mimi. Quand l’histoire s’est terminée, j’ai eu envie de la raconter, d’essayer de comprendre ce qui s’était passé," explique-t-iel.
Dans un style résolument pop et rétro, Alexis Langlois replonge les spectateurs dans les années 2000, cadre haut en couleur de la rencontre entre ses deux protagonistes, Mimi et Billie. Avec ce long-métrage engagé, iel souhaitait raconter une grande histoire d’amour queer sans l’idéaliser : "Je crois que le film montre des personnes qui s’aiment mal parce que le monde tel qu’il est, structuré par le patriarcat les empêche de s’aimer vraiment. C’est important d’avoir des représentations différentes mais par contre je crois que c’est aussi absurde de gommer nos travers et nos défauts".
Tout au long du film, Alexis Langlois convoque de très nombreuses références : Une Étoile est née avec Judy Garland, Eve de Joseph L. Mankiewicz, mais aussi les films d’Almodovar, de Brian De Palma et bien d’autres, cités comme ses principales sources d’inspiration. En parallèle, iel n’en oublie pas la culture populaire, souvent considérée comme moins noble, qui a toujours nourri sa passion, à commencer par les clips musicaux, les émissions de télé-crochet et la série Buffy contre les vampires.
À travers ses personnages, Alexis Langlois s’interroge sur la culture de la célébrité et la figure de la star. "Il y a une fascination très premier degré pour les stars et ce qu’elles peuvent provoquer chez les gens. Un amour fou, puis parfois une envie de les voir s’écraser. Cet élan contradictoire qu’ont beaucoup de fans envers leurs idoles a été l’un des fils conducteurs de l’écriture. Le film parle de cette cruauté tout en prenant la forme d’un hommage pour regarder tendrement celles qui aujourd’hui sont rejetées."
Louiza Aura et Gio Ventura incarnent Mimi Madamour et Billie Kohler, le fameux couple fusionnel au cœur des Reines du drame. Si Gio Ventura (Fou de Bassan, Tambour battant) connaissait déjà bien le cinéma d’Alexis Langlois et ses précédents projets, c’était une découverte complète pour Louiza Aura, qui tient d’ailleurs ici son premier rôle au cinéma. Un rôle qui lui a valu d’être prénommée pour concourir dans la catégorie Révélation féminine aux César 2025 !
"Quand Gio et Louiza se sont rencontrés·ées, il y a quelque chose qui m’a tout de suite séduite, une alchimie, une magie… Pour embrasser le mélodrame, il nous fallait des personnages à la fois forts mais aussi avec des failles, des blessures. Gio et Louiza m’ont bouleversée car ils avaient cette sensibilité débordante," raconte Alexis Langlois.
Avec son film, iel offre également à Bilal Hassani son baptême du feu au cinéma avec le rôle du très intense youtubeur Steevyshady, fan ultime de Mimi Madamour. Ayant déjà fait du théâtre plus jeune avant de décider de se consacrer à la musique, le jeune acteur était très emballé par le projet, lui qui était déjà fan d’Alexis Langlois depuis plusieurs années.
"Je pense que l’histoire de Mimi et Billie est trop importante et encore trop rare. On veut encore de ces récits-là, on en veut des milliers. C’est un film qui est important politiquement dans le paysage actuel, on a besoin de voir ces histoires parce qu’on est visibles mais pas assez. Il faut qu’on le soit plus," confie Bilal Hassani.