Le retour tant attendu au cinéma du phénomène mondial nous replonge dans l’univers de la famille Crawley et de son personnel à l’aube des années 1930. Alors que chacun tente de faire évoluer Downton Abbey avec son temps, une nouvelle ère s’annonce, pleine de défis, de remises en question et d’espoirs.
Si les noms Robert Crawley, Lady Mary, John Bates ou Mrs. Patmore vous sont familiers, c'est que vous avez déjà regardé au moins un épisode de Downton Abbey. Voire que vous faites partie des nombreux fans de la série crée par Julian Fellowes en 2010, et diffusée pendant six saisons outre-Manche, avant de passer du petit au grand écran. Pour un film qui devait faire office d'épilogue. Puis sa suite qui faisait entrer les personnages dans une nouvelle ère et s'achevait par le décès d'une figure iconique du show, dans ce qui ressemblait à une autre fin.
Mais cette fois-ci, c'est la bonne. "L'heure des adieux est venue", nous dit très clairement l'affiche de ce Grand Final, pour ne laisser aucune place au doute, même s'il ne faut jamais dire jamais. En attendant, le film réalisé par Simon Curtis, déjà aux commandes de l'épisode précédent, boucle une boucle entamée dans le tout premier épisode de la série, lorsque le naufrage du Titanic a bouleversé à jamais la famille Crawley en avril 1912.
Moins de deux décennies plus tard (dans la diégèse de l'oeuvre), cet événement est évoqué en présence du dramaturge Noël Coward (Arty Froushan), dont la présence permet d'intégrer un peu de réel dans le fiction, tout en laissant entendre que c'est à travers ses écrits que la vie des héros se prolongera, avec un esprit en adéquation avec celui de Downton Abbey, qui multiplie les clins-d'oeil et références, quand Julian Fellowes rappelle, au détour d'un dialogue, l'importance du scénariste (donc de la sienne) dans une oeuvre, ou que le film paraît conscient de ce qu'il est.
Que le long métrage s'ouvre sur un joli plan-séquence qui part de Picadilly Circus pour entrer dans un théâtre et s'arrêter sur la scène où se joue une pièce appelée "Bitter Sweet". Comme pour donner le ton d'un opus qui s'annonce doux-amer, fin d'histoire oblige, et où il est question de retraite, de succession et d'héritage dans un monde sur le point de basculer, pris entre les conséquences directes de la Crise de 1929 et la montée des populismes qui aboutira à la Seconde Guerre Mondiale.
Les parallèles avec notre époque semblent évident, mais Downton Abbey - Le Grand Final ne les appuie pas, préférant garder l'esprit positif qui l'habite depuis les débuts de la série. Ce n'est pas pour autant que le film reste ancré dans le passé car, comme à son habitude, il s'en sert pour faire écho aux évolutions de la société anglaise, et notamment la place des femmes et les évolutions sociales vécues par la Grande-Bretagne depuis la première moitié du XXème siècle. Un sujet très souvent porté par Lady Mary Crawley (Michelle Dockery), et ce n'est pas ici que cela change.
Déjà bien malchanceuse depuis la première saison, la fille de Robert (Hugh Bonneville) et Cora (Elizabeth McGovern) poursuit sur sa lancée lorsque la révélation de son divorce avec Henry Talbot (Matthew Goode) lui vaut d'être renvoyée d'une soirée et mal vue dans la haute société. Son entourage a beau lui promettre que ce genre de cas évoluera de façon positive à l'avenir pour les femmes (et c'est vrai), le bref plan de sa voiture qui passe devant Buckhingham Palace peut être vu comme une référence à la manière dont ces affaires ont été traitées au sein de la famille royale et dans les médias.
L'avenir de Lady Mary sera toutefois moins tragique que celui de Lady Di, et sa trajectoire restera; sans vous spoiler, comme l'une des plus grandes qualités de Downton Abbey. Qui pourrait revenir sur nos écrans, le petit comme le grand, à l'avenir. Mais en attendant, ce film se présente comme une belle conclusion, avec un hommage à Maggie Smith, sa figure la plus emblématique décédée en septembre 2024, et les convocation des fantômes des lieux dans un final qui ne manquera pas d'émouvoir les fans, avant que les larmes ne coulent pour de bon, au moment où le célèbre générique retentira pour la dernière fois sur un ultime plan de la bâtisse dans laquelle nous avons suivi et aimé ces personnages attachants pendant quinze années, six saisons et trois longs métrages.









