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17 mars 2022

Romy Schneider s'expose à la Cinémathèque française du 16 mars au 31 juillet

1982 – 2022. Toute une vie sans Romy Schneider. Ou presque. 40 ans tout rond après sa mort, le mythe perdure avec les litanies de rigueur (vie tragique, beaux amants, grands rôles, immense tragédienne, icône…) Les mêmes films repassent à la télé - Sissi, La Piscine, Les Choses de la vie… – et l’on se noie dans ses yeux bleus alors que Romy semble regarder sans cesse ailleurs. Avec Schneider, rien de figé, on continue donc de creuser. Les plus curieux pourront ainsi laisser les "Sautet" de côté pour le seul "Cavalier" : Le combat dans l’île (1962). Ce magnifique long-métrage ne figure pas dans la mini-rétro de la Cinémathèque Française en marge de la grande exposition qu’elle lui consacre (du 16 mars au 31 juillet) mais un beau Blu-Ray existe chez Gaumont. On l’entend dire à Trintignant : "Je voulais vivre, tu me fais mourir !", le tout enveloppé dans un noir et blanc tranchant de Pierre Lhomme. A l’autre extrémité du spectre, il y a les rares Clair de femme de Costa Gavras (1979) et Fantôme d’amour de Dino Risi (1981), où Romy semblait déjà nous faire ses adieux. Entre tout ça, il y a bien-sûr L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski (1975) qui sort pour la première fois en Blu-ray (Le Chat qui fume). Film que l’on espère avoir été pour elle un miroir déformant. Elle y incarnait une comédienne en souffrance obligée d’accepter des rôles "olé olé" pour masquer la misère. "Faites pas de photos, je vous en supplie… disait son personnage angoissé. Je suis une comédienne vous savez ?  Je sais faire des choses bien… Ça, je le fais pour bouffer…"

Netflix de son côté dégaine neuf films labellisés "Romy" avec entre autre les films majeurs de sa prolifique collaboration avec Claude Sautet: Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie. A noter la présence du plus rare Christine de Pierre Gaspard-Huit (1958) avec le jeune Alain Delon.

L’expo de la Cinémathèque porte le sous-titre "L’invention de la femme moderne" pariant sur l’immortalité supposée - et avérée - de l’icône Romy. Bien en vue, la commissaire de l’exposition, Clémentine Deroudille, a placé un extrait du journal de la star : "En réalité, j’étais simplement en avance sur mon temps. A une époque où il n’était encore nulle part question de libération de la femme, j’ai entrepris ma propre libération. J’ai forgé moi-même mon destin, et je ne le regrette pas." L’absence de regrets n’a bien-sûr pas empêché les blessures. La vie de Romy Schneider ressemble à s’y méprendre à un long supplice déguisé en ronde de nuit. Enfin pour sortir la tête de l’eau, il reste La Piscine. Aussi bleue que la pupille de ses yeux. Le film de Jacques Deray, celui de la renaissance à la fin des sixties, semble tout résumer : une tragédie ensoleillée. Notons donc la parution de ce beau livre : La Piscine, histoire illustrée du film culte par Luc Larriba (Huginn & Muninn), où l’eau vient forcément à la bouche des lecteurs. Happy you Romy !

10 janvier 2021

Sarah Biasini : sa déclaration d’amour à sa mère Romy Schneider

Elle le confie encore : sa mère lui a très peu manqué enfant. Sarah était si petite quand elle est partie. Sa grand-mère paternelle Monique, son père, sa nounou étaient si présents, si aimants. Devenue femme, Sarah Biasini a ressenti soudain l’absence, « le manque véritable. Celui de la relation entre deux femmes. Ne jamais avoir connu cette complicité, rigoler ensemble », expliquait-elle déjà en 2014 à Paris-Match. C’est ce sentiment qui l’a poussée, la quarantaine passée, à mettre enfin des mots sur ses douleurs, sa réalité à « aimer publiquement » Romy Schneider dans un livre publié chez Stock*. Joliment intitulé La beauté du ciel, il fait référence à celle qui l’observe sans doute de là-haut. « C’est plus doux, de se dire que nos morts nous regardent, non ?», raconte dans les colonnes du magazine Elle, celle qui «aime attraper plein de signes».

Ce livre, on ne l’attendait plus, tant la fille du journaliste Daniel Biasini, mari de Romy de 1975 à 1981, gardait ses distances avec le mythe, l’icône que le public s’était approprié, la privant de sa figure maternelle. Elle n’avait livré au fond qu’une interview officielle sur l’actrice jusqu’ici, qui accompagnait un ouvrage de photos réalisé par Jean-Pierre Lavoignat, en 2018. Le premier livre de Sarah est, selon la psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek, « l’affirmation d’une femme qui a fait un travail analytique pour se déprendre de toutes les images que le public lui renvoyait de sa mère. Le travail d’écriture l’a sans doute aidée à intégrer son chagrin de petite fille de 4ans. Cette créativité lui a permis d’engager un dialogue avec la mère de son enfance pour devenir mère à son tour. » Et de percer le mystère Romy Schneider.

Sarah n’a que 4 ans lorsque sa mère est retrouvée morte dans son appartement de la rue Barbet-de-Jouy, dans le 7e arrondissement de Paris. Non loin de son corps, une boîte de médicaments, et un verre de vin. Romy « s’est laissé mourir », dira pudiquement Alain Delon, qui savait combien le décès de son fils, David, un an plus tôt, avait été un drame insupportable. Intolérable. A 4 ans, on n’est pas capable de faire un travail de deuil. A fortiori lorsqu’on n’a pas assisté à l’enterrement de sa maman et que les souvenirs fugaces ne reposent que sur ce que la famille rapporte, «un déjeuner le dimanche, un grand prix de F1 regardé ensemble à la télévision, des moments banals de bonheur partagé», énumère-t-elle dans le magazine Elle. Des anecdotes bien loin des biopics tire-larmes, des histoires tragiques de cette femme que l’on a dépeinte malheureuse et tourmentée... Ce qui met Sarah particulièrement en colère. Mais comment rétorquer quand tout le monde a mieux connu votre mère que vous ? C’est en tout cas à une femme humaine, « normale » et gaie à qui elle a voulu rendre hommage.

Mais La beauté du ciel est aussi une déclaration d’amour à la fille de Sarah, Anna, née en 2018, de son union avec le metteur en scène Gil Lefeuvre. Et ce, après un épisode troublant. « Elle n’est pas arrivée par hasard », explique Sarah Biasini. En 2017, un coup de fil lui apprend que la tombe où reposent sa mère et David a été profanée. C’est d’abord un choc, puis une libération. « Cela m’a bouleversée de me retrouver devant ces deux noms gravés, ceux de ma mère et de mon frère. C’était un moment juste pour moi [...] comme un petit enterrement privé », analyse-t-elle. Dans les jours qui suivent cet événement, Sarah ressent « un truc physique bizarre, l’envie de revivre cette journée constamment. » Trois semaines plus tard, elle découvre qu’elle est enfin enceinte alors qu’elle essayait d’avoir un enfant depuis dix ans. « C’est comme s’il y avait eu un déblocage. » Pour la psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek, « c’est souvent difficile de tomber enceinte quand on a perdu sa mère, parce qu’il y a un voyage intérieur à effectuer pour retisser un cordon de transmission qui s’est rompu. Un parcours que l’on fait en psychanalyse. Cette terrible épreuve d’avoir à refermer le tombeau de sa mère lui a sans doute permis de s’autoriser à devenir mère à son tour ». Le plus beau symbole de ce lien recréé est le prénom que porte la fille de Sarah Biasini : Anna Rosalie. « Anna, j’adore », dit-elle. "Quant à Rosalie, c’est tout simplement le prénom du plus beau personnage de Romy à l’écran. »