Gilda est un classique de l'Histoire du cinéma et un classique du film noir. Sorti en 1946, c'est un film "véhicule" pour l'actrice Rita Hayworth afin de surfer sur son image de "pin-up" pour les soldats américains durant la Seconde guerre mondiale et lui donner enfin le grand film qu'elle mérite.
Productrice de ce projet pour la Columbia, Virginia Van Upp supervise le scénario pour l'adapter à la persona de Rita Hayworth et à son image auprès du public.
C'est encore Van Upp qui envoie le scénario à Humphrey Bogart, alors star du film noir avec des titres comme Le Port de l'angoisse, Le Caïd, La Mort n'était pas au rendez-vous, Le Faucon maltais ou encore Une femme dangereuse. Mais ce dernier ne juge pas le film à son goût.
Dans Gilda, livre de Melvyn Stokes publié dans la collection BFI Film Classics (cité par Collider), on peut lire que Bogart, après lecture du scénario, refuse de jouer le rôle de Johnny Farrell au prétexte qu'il s'agit selon lui d'un 'film de femme'. Autrement dit, où la star est une femme. Et où il n'aurait potentiellement qu'un rôle secondaire.
Mais son refus a été un mal pour un bien. D'abord parce qu'il faut reconnaître que Gilda - et cela est loin d'être un crime à Hollywood - cherche à reproduire la formule de Casablanca, énorme succès de la Warner sorti quatre ans auparavant, et porté par (justement) Humphrey Bogart et Ingrid Bergman.
On y retrouve un triangle amoureux, un Américain expatrié tenancier de bar en costume blanc et un contexte politique complexe. La comparaison s'arrête là, mais le refus de Bogart a peut-être permis aux scénaristes de partir vers le Gilda que nous connaissons aujourd'hui, et à le différencier de Casablanca.
Surtout, le refus de Bogart a permis de mettre en lumière le talent de Glenn Ford, l'interprète final de Johnny Farrell, et a lancé véritablement sa carrière d'acteur de premier rôle. Cela lui permettra d'apparaître dans les excellents Graine de violence, 3h10 pour Yuma, L'Enigme du Lac noir ou Le Déserteur du Fort Alamo.