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12 septembre 2023

Affaire Adèle Haenel - Christophe Ruggia : fin de l’enquête pour agressions sexuelles

Près de 4 ans après l'ouverture de l'enquête, nouvelle étape dans l'affaire opposant la comédienne Adèle Haenel au réalisateur Christophe Ruggia.

Comme le révèle l'AFP via franceinfo, l'enquête visant le réalisateur Christophe Ruggia est terminée. L'information judiciaire a précisément pris fin le 22 août dernier. "La clôture de l'information judiciaire intervient un peu moins de deux mois après une confrontation de plusieurs heures le 29 juin entre la comédienne, 34 ans, et le réalisateur, 58 ans, qui conteste les accusations", précisent nos confrères du Film Français, qui indiquent que l'AFP n'a pas pu joindre les avocats des différentes parties.

Où en est-on à présent ? Les parties peuvent désormais "adresser leurs observations, avant que le parquet ne prenne ses réquisitions".

Pour mémoire, l'affaire a commencé précisément le 3 novembre 2019. Adèle Haenel provoquait un séisme en accusant le réalisateur de son premier film, Les Diables, d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" dans les colonnes de Mediapart, qui avait mené l'enquête pendant 7 mois. Première actrice française à dénoncer des actes de pédophilie, Adèle Haenel brisait ainsi un tabou, et ouvrait un flot de réactions et de paroles.

Christophe Ruggia est visé par une enquête pour "agressions sexuelles sur mineur de 15 ans".

Adèle Haenel a pris ses distances avec les plateaux de cinéma depuis. Comme elle l'indiquait il y a quelques mois dans les colonnes de Télérama, elle a décidé de politiser son arrêt du cinéma. L'actrice n'a plus tourné pour le cinéma depuis Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Son dernier long métrage à avoir gagné les écrans était Les Héros ne meurent jamais de Aude-Léa Rapin. Elle avait également posé sa voix sur le documentaire, engagé et Césarisé, de Jean-Gabriel Périot, Retour à Reims.

Adèle Haenel fera bientôt son retour sur les planches, à Bobigny, sous la direction de Gisèle Vienne, pour la pièce Extra Life, dans le cadre du Festival d'automne.

09 mai 2023

À 34 ans, Adèle Haenel stoppe sa carrière d'actrice

La comédienne Adèle Haenel, 34 ans, ne souhaite plus faire partie du cinéma français. Après un dernier rôle sur grand écran dans Le Daim aux côtés de Jean Dujardin en 2019, l'actrice a choisi de se retirer pour s'engager sur le terrain du militantisme politique.

"L'industrie du cinéma, telle qu'elle est aujourd'hui, il n'y a pas d'espoir. On le voit avec la façon dont les femmes sont considérées. Ils en utilisent une ou deux pour cacher la nudité d'un système oppressif. Il y a juste à regarder la sélection de Cannes. Ils disent qu'ils luttent contre le sexisme, mais en réalité, rien n'a changé. Ceux au pouvoir continuent à nous oppresser. On récompense toujours les violeurs et ils veulent que je me taise ? Jamais", martelait-elle dans les colonnes de Il Manifesto en mai 2022.

Un an plus tard, le 9 mai 2023, le magazine Télérama a publié un portrait d'Adèle Haenel évoquant sa "rupture avec le 7ème art" et son nouveau combat militant. "Elle l’affirme avec force et le revendique politiquement dans la lettre qu’elle nous a adressée en réponse à notre demande d’entretien : elle a décidé de tourner le dos au cinéma français", explique l'article.

La comédienne, qui a reçu deux Césars pour ses performances dans Suzanne et Les Combattants, a répondu à Télérama dans une lettre ouverte publiée sur le site du magazine.

"J’ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et, plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est", indique Adèle Haenel.

"Disons-le clairement : alors que la biodiversité s’effondre, que la militarisation de l’Europe s’emballe, que la faim et la misère ne cessent de se répandre, quelle est cette obsession du monde du cinéma, collégialement réuni aux César, en promotion pour ses films, de vouloir rester léger ? De ne surtout parler de rien", s'insurge-t-elle.

Selon l'artiste, "continuer de rendre désirable ce système est criminel. Il y a urgence : il n’y a plus d’avenir vivable pour personne à très court terme dans le cadre du capitalisme. Il est urgent de vocaliser cette alarme le plus fort possible. Mais elles et eux toustes ensemble pendant ce temps se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat."

"Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféraient qu’on continue à disparaître et crever en silence. Ils sont prêts à tout pour défendre leurs chefs violeurs, ceux qui sont si riches qu’ils se croient d’une espèce supérieure, ceux qui spectacularisent cette supériorité en se vautrant dans des bruits de cochon, en chosifiant les femmes et les subalternes", souligne Adèle Haenel.

"Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l’argent et du pouvoir", scande l'actrice.

Si elle arrête définitivement le cinéma, la comédienne poursuit sa collaboration théâtrale avec l'artiste Gisèle Vienne.

"Face au détachement, à la vacuité et à la cruauté que l’industrie du cinéma érige en principe de fonctionnement, le sens, le travail et la beauté qu’elle met en permanence en jeu sont une lumière qui me permet de garder la foi dans ce que peut vouloir dire la puissance de l’art", a conclu Adèle Haenel.

30 mars 2022

Retour à Reims (Fragments) : Adèle Haenel donne de la voix pour un documentaire passionnant et engagé

Dans son film, le réalisateur Jean-Gabriel Périot adapte l’essai éponyme de Didier Eribon. Dans son ouvrage, publié en 2009, le sociologue et philosophe y décrit son milieu social - la classe ouvrière -, l’histoire de sa famille et son parcours de transfuge de classe.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs au 74e Festival de Cannes, le long métrage n’est pas une adaptation traditionnelle. Pour donner un nouveau souffle aux écrits de l’auteur, le cinéaste engagé utilise des extraits de films de fiction, de documentaires ou encore de journaux télévisés. Pour dénicher les moments rares, ceux qui illustrent au mieux l’essai d'origine, Jean-Gabriel Périot a épluché des heures d’images d’archives et ce, pendant des mois.

“La difficulté n’est pas d’y avoir accès car grâce à l’INA, on peut retrouver tout ce qui a été diffusé depuis la création de télévision française, assure le metteur en scène. Ici, le problème c’est la masse de sources.” Bien que Retour à Reims (Fragments) ne s’intéresse qu’à quelques axes bien précis du texte de Didier Eribon, les sujets abordés sont multiples : le travail des femmes à l’usine, l’avortement illégale… “Il faut tout visionner pour ne rien rater et je vous assure que les films sur le divorce dans les années soixante-dix, ce sont des moment d'ennuis.”

Au cours de son travail, Jean-Gabriel Périot a mis le doigt sur les images qui manquent, celles qui ne sont jamais montrées. “On ne voit jamais ceux qui travaillent le bois ou les femmes de ménage, déplore-t-il. Même dans les films faits par le Parti communiste français (PCF) ou les réalisateurs engagés, il y a quand même des sots métiers. La femme de ménage, c’est la honte absolue, on en parle même pas.”

Avec Retour à Reims (Fragments), c’est la première fois qu’Adèle Haenel incarne la voix-off d’un long métrage. En lisant les mots de Didier Eribon, elle souhaite “soutenir le propos et y insérer, par l’interprétation, [son] point de vue.” Elle poursuit : “Le film a la grande qualité d’être clair. Il s’articule en deux mouvements : on parle d’abord l’expérience familiale et on explore les branches généalogiques à travers deux générations pour comprendre ce qu’est le déterminisme social, le poids de la classe.”

“Ensuite, dans la deuxième partie, ce que je trouve intéressant, c’est la question des alliances. Comment une tentative de silenciation d’une classe ouvrière, à tendance révolutionnaire, aboutit à une refonte des alliances au point de vue national, poursuit-elle. Et également, comment le capitalisme et le nationalisme marchent main dans la main avec le racisme.”

Beaucoup d’images du film marquent les esprits. Certaines sont rares, d’autres difficiles à voir, comme celles des enfants au travail. “C’est tragique de se dire qu'ils étaient déjà considérés corvéables, soumis à la question de la plus-value, explique Adèle Haenel. Et il y a cette femme qui décrit son travail à l’usine. Ce sont des témoignages qu’on l’entend jamais en parole directe.”

Avec Retour à Reims (Fragments), Jean-Gabriel Périot s’adresse à toutes les générations : “J’ai montré ce film à ma nièce alors qu’il était encore en montage. Elle m’a dit, à 16 ans, qu’elle était heureuse de vivre dans l'époque d'aujourd’hui. Elle a compris que la liberté naturelle et les acquis ont une histoire de lutte et qu’il ne tient qu’à elle de continuer."

Retour à Reims (Fragments), au cinéma le 30 mars.

11 novembre 2021

#MeToo en France : Adèle Haenel témoigne dans un livre-enquête de Marine Turchi

Deux ans après avoir recueilli le témoignage choc de la comédienne Adèle Haenel (accusant le réalisateur Christophe Ruggia de harcèlement sexuel et attouchements), et mené une vaste enquête sur #MeToo dans le cinéma français, Marine Turchi, journaliste à Mediapart, dévoile un livre-enquête intitulé "Faute de preuves", qui vient de paraître au Seuil.

"Violences sexuelles : la police et la justice sont-elles à la hauteur ? La révolution #MeToo a-t-elle changé la donne ?" Marine Turchi revient en longueur sur ces questions, et croise de nombreuses sources pour éclairer ces sujets.

Il y est question d'anonymes, mais aussi du journaliste star Patrick Poivre d'Arvor (revenu dans l'actualité cette semaine avec les témoignages -à visage découvert- révélés par Libération), et enfin de trois affaires concernant le cinéma français, les affaires Luc Besson, Roman Polanski et Christophe Ruggia.

Marine Turchi a pu recueillir un nouveau témoignage exclusif d'Adèle Haenel, revenant en détails sur son parcours judiciaire et les échos qu'on eu sa prise de parole.

Rare en interview, Adèle Haenel livre en longueur son ressenti sur les deux dernières années qui se sont écoulées, et notamment sa vision du milieu du cinéma aujourd'hui : "Le monde du cinéma, pour moi, a envie de cicatriser un peu trop vite des questions qu'on vient juste de soulever.

Il y a une sorte d'obsession à faire la paix au plus vite, c'est-à-dire de replonger dans le statu quo, alors qu'au contraire il faut qu'on prenne le temps de comprendre les implications du mouvement #MeToo, afin de transformer l'organisation du travail et de la société en profondeur", confie-t-elle au cours de cet entretien d'une quinzaine de pages qui vient clore le livre de Marine Turchi.

"Cela fait maintenant plus de deux années consacrées à cette histoire. Je ne le regrette vraiment pas, parce que c'est la chose la plus importante que j'ai faite dans ma vie. (...) La chose la plus importante pour moi aujourd'hui, au-delà de la justice, c'est cette communauté. Le sentiment que ma démarche a pu aider certaines personnes. (...) Le plus important, c'est d'accueillir ces histoires et de reconnaître qu'il s'agit là d'un problème de société sur lequel on peut agir."

"Faute de preuves, enquête sur la justice face aux révélations #MeToo", par Marine Turchi, éditions Seuil, en librairie depuis le 10 novembre 2021.

04 novembre 2021

Affaire Adèle Haenel : la garde à vue de Christophe Ruggia annulée par la justice

En novembre 2019, la comédienne Adèle Haenel accusait Christophe Ruggia d'"attouchements" et "harcèlement sexuel" lorsqu'elle avait entre 13 et 15 ans, sur le tournage du long métrage Les Diables.

Suite à ces accusations, le metteur en scène avait été placé en garde en vue puis mis en examen pour "agressions sexuelles sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité".

Le 14 octobre dernier, Le Parisien a révélé que Christophe Ruggia avait obtenu l'annulation de son interpellation et de sa garde à vue. Ses avocats ont contesté leur légalité. Toutefois, le cinéaste reste mis en examen. 

Cette décision de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris est une "victoire" sur le terrain de la procédure et n'est "pas que symbolique", ont précisé Maîtres Fanny Colin, Orly Rezlan et Jean-Pierre Versini-Campinchi.

"Non seulement nous avions expliqué qu’il se tenait à la disposition de la justice, mais il avait été géolocalisé chez lui, n’a contacté aucun acteur du dossier et tous les éléments étaient déjà sur la place publique depuis des semaines ! La justice s’est sentie attaquée et s’est éloignée de ses principes.

Les enquêteurs et le Parquet ont pris des mesures manifestement illégales pour se faire de la publicité, et se sont ainsi disqualifiés. Christophe Ruggia va désormais pouvoir être interrogé par la juge d’instruction dans des circonstances normales, dans le respect de ses droits", ont indiqué les avocats du réalisateur, relayés par La Dépêche.