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21 septembre 2024

Les graines du figuier : comment Mohammad Rasoulof a pu tourner son film clandestinement

Après un passage remarqué à Cannes, où il a décroché un Prix spécial, le film Les graines du figuier sauvage est sorti au cinéma ce mercredi. Il est réalisé par Mohammad Rasoulof, condamné à 8 ans de prison en Iran.

Envers et contre tout, le cinéaste a tout fait pour faire aboutir la réalisation de ce film, jusqu'à trouver une méthode bien particulière pour réaliser son film, en étant tenu à distance du plateau de tournage. Nous avons pu rencontre le réalisateur lors de sa venue à Paris et nous lui avons dans quelle condition il avait pu tourner pour ne pas être empêché ? Voici ce qu'il nous a répondu.

"C'est un peu compliqué. C'est à la fois drôle, douloureux, réjouissant, affligeant. J'ai toujours dû diriger à distance pendant le tournage, parce que si j'étais sur le plateau, ça mettait en danger l'équipe et le film. Parfois, j'étais très loin de l'équipe. D'autres fois, plus près. Mais en tout cas, je n'étais jamais sur le plateau. Et ça, en soit, c'est très compliqué de pouvoir vraiment maitriser la mise en scène sans être là.

J'avais deux types d'assistants : l'un qui travaillait avec l'équipe image, l'autre qui travaillait avec les acteurs. Et les acteurs eux-mêmes étaient chacun des assistants. Ils étaient tellement engagés, tellement sur la même longueur d'onde que moi, que j'ai senti leur implication avec mon chef opérateur, mon ingénieur de son, le chef déco... Tout le monde avait cet objectif commun : ils savaient que ce qu'il faisait, c'était au-delà du cinéma.

C'est peut-être très compliqué de comprendre ça en France, parce qu'on n'a pas de expérience de confrontation avec cette censure-là. Mais lorsque vous êtes mis sous la presse de la censure pour les plus petits détails, arriver à s'en libérer, arriver à ne pas en tenir compte, ça me donne un sentiment de satisfaction profond, une dignité, un contentement. Malgré la peur qui régnait, la pression que l'on ressentait, ce plaisir ne nous quittait pas."

L'histoire des Graines du figuier sauvage suit Iman. Il vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires commence à secouer le pays. Dépassé par l’ampleur des évènements, il se confronte à l’absurdité d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer. A la maison, ses deux filles, Rezvan et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement avec virulence, tandis que sa femme, Najmeh, tente de ménager les deux camps. La paranoïa envahit Iman lorsque son arme de service disparait mystérieusement...

Les graines du figuier sauvage est actuellement en salles.

21 août 2024

Les graines du figuier sauvage : le dernier film de Mohammad Rasoulof dévoile sa bande-annonce

S’il y a bien un moment qui a retenu l’attention durant la 77ème édition du Festival de Cannes qui s’est déroulée en mai dernier, c’est bien la projection des Graines du figuier sauvage, en l’absence de ses acteurs principaux, Soheila Golestan et Missagh Zareh retenus en Iran. Seul présent sur la Croisette pour présenter le film, son réalisateur, Mohammad Rasoulof, qui a bravé l’interdit et fui son pays où il est condamné à huit ans de prison pour avoir enfreint les lois imposées par le régime et les mollahs. Son arrivée a été fortement suivie et médiatisée et le film a fait forte impression, même s'il a dû se contenter du Prix spécial du jury.

Nouveau portrait de la république islamique d’Iran durcissant son régime théocratique plus sévère et répressive ces dernières années, Les Graines du figuier sauvage se découvre dans une première bande-annonce intense.

Après avoir exposé la peine de mort dans son pays avec Le Diable n’existe pas, Mohammad Rasoulof fait ici écho au mouvement Women, Life, Freedom déclenché par le décès de Jina Mahsa Amini en septembre 2022 après son arrestation par la police des mœurs pour "infraction au code vestimentaire". Des manifestations de soutien ont éclaté dans le pays et ont fait l'objet de représailles de la part des autorités qui tentaient d’étouffer la révolte.

C’est dans ce contexte que se déroule Les Graines du figuier sauvage. Iman devient juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran alors que les soulèvements s’intensifient dans le pays. A la maison, ses filles étudiantes, Rezvan et Sana soutiennent ces révoltes qu’elles voient sur les réseaux sociaux. Le cercle familial est dynamité par les confrontations verbales des idéaux et de la morale entre ces trois éléments et la mère qui tentent de faire le lien entre les deux camps.

Mais lorsque l’arme de service d’Iman disparaît mystérieusement, ce dernier sombre dans la paranoïa et entraîne avec lui toute sa famille.

Assemblé d’images fortes, Mohammad Rasoulof a conquis les critiques à Cannes – y compris la rédaction de Première. Désormais, le public pourra le découvrir dès le 18 septembre prochain à sa sortie en salle.

10 mai 2024

Mohammad Rasoulof : 5 ans de prison et flagellation en Iran pour le réalisateur, en Compétition à Cannes 2024

Son dernier film, The Seed of the Sacred Fig, sera en compétition au prochain Festival de Cannes mais lui n’y sera pas : le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a été condamné à huit ans de prison, dont cinq ans applicables, à des coups de fouet, une amende et à la confiscation de ses biens, un jugement qui a, par ailleurs, déjà été confirmé en appel. La nouvelle ne provient pas des médias officiels iraniens mais directement de l’avocat de l’artiste, Me Babak Paknia, via un post sur X (anciennement Twitter).

En mai 2022, le réalisateur, 52 ans, s’était déjà vu interdire de quitter l’Iran pour rejoindre les membres du jury Un Certain Regard dont il devait faire partie, avant d’être incarcéré par les autorités iraniennes en juillet la même année.

Son crime : avoir encouragé des manifestations qui ont eu lieu après l’effondrement d’un immeuble ayant fait plus de 40 morts dans la ville d’Abadan, dans le sud-ouest de l’Iran. Par la suite, il avait mené un groupe de cinéastes iraniens et, ensemble, ils avaient publié une lettre ouverte appelant les forces de l’ordre à cesser d’utiliser des armes lors des manifestations, dénonçant “la corruption” et “l’incompétence” des responsables iraniens. Il avait été libéré en février 2023 pour des raisons de santé.

Me Babak Paknia a précisé que la principale raison de sa condamnation était bien les déclarations publiques de son client, en plus de la réalisation de films et de documentaires qui, selon l’avis du tribunal, étaient “des exemples de collusion dans l’intention de commettre un crime contre la sécurité du pays”.

Avant ce verdict, les autorités iraniennes avaient exercé de fortes pressions sur le réalisateur pour qu’il retire The Seed of the Sacred Fig du Festival de Cannes. Me Babak Paknia, qui est avocat spécialisé dans les droits de l’homme, avait également écrit dans un précédent post que plusieurs acteurs et producteurs du film avaient, eux aussi, été harcelés, convoqués et interrogés par les autorités qui avaient tenté de faire pression sur eux également pour convaincre Mohammad Rasoulof de retirer le film du festival. Ils ont aussi été interdits de quitter le pays.

En 2020, le cinéaste n’avait pas non plus été autorisé à assister à la Berlinale. Cette année-là, c’est sa fille, Baran Rasoulof, qui avait reçu l’Ours d’or en son nom pour son film choc sur la peine de mort, Le Diable n’existe pas, dans lequel elle apparaît également.

05 mai 2023

Cannes 2023 : empêché de quitter l'Iran, le réalisateur Mohammad Rasoulof ne pourra pas être membre du jury

Mohammad Rasoulof ne pourra pas rejoindre la Croisette. Comme l'a annoncé RFI, le cinéaste iranien a interdiction de quitter le territoire. Il avait été invité à être membre du jury Un Certain Regard à Cannes. Incarcéré depuis le mois de juillet 2022, le metteur en scène avait été libéré pour deux semaines, en janvier dernier, "pour raisons de santé".

Comme le rapportait Le Film Français, "selon l’avocate de Mohammad Rasoulof, Me Maryam Kianersi, "L'incarcération de mon client a été suspendue pour deux semaines pour des raisons de santé et il a été libéré samedi". Il "est maintenant sorti de l'hôpital et se rétablit à la maison", a ajouté l'avocate, qui n'a pas donné les causes de l'hospitalisation.

"Ces jours de congé ne sont pas comptés dans sa peine de prison, et il devra donc rester en prison deux semaines supplémentaires" a précisé Maryam Kianersi."

Mohammad Rasoulof a été emprisonné pour motif d'"activisme déstabilisateur", comme l'indiquaient nos confrères de Libération. Mais, ajoutent-ils, la véritable raison serait autre, en l'occurrence d'avoir été "signataire en mai d’un appel à ce que la police cesse d’user de ses armes sur la foule protestant contre la corruption et la gabegie réglementaire ayant conduit à l’effondrement d’une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays".

Le réalisateur Mohammad Rasoulof s'était vu décerner l'Ours d'or du Festival de Berlin en 2020, pour un film dont la sortie avait été ensuite repoussée en raison de la pandémie, et finalement arrivé sur les grands écrans français en mars 2022. 

Pour ce long-métrage intitulé Le Diable n'existe pas (voir bande-annonce ci-dessus), le cinéaste avait dû jouer des coudes pour éviter les coups de ciseau de la censure. 

Le Diable n'existe pas nous emmène en Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouya, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on lui ordonne de le faire.

Pour parvenir à mettre en boîte le long-métrage, l'équipe de Mohammad Rasoulof avait bravé les interdits, tournant souvent dans la clandestinité.

Pour mémoire, le cinéaste avait été condamné dans le passé pour rassemblement et connivence contre la sécurité nationale et pour propagande contre le régime. Il a été condamné en juillet 2019 à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et de l’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique.

13 janvier 2023

Mohammad Rasoulof libéré provisoirement pour raisons de santé

Incarcéré depuis le mois de juillet 2022, le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a été libéré pour deux semaines. Comme le précise Le Figaro, via l'AFP, il a été libéré samedi dernier "pour raisons de santé".

Mohammad Rasoulof a été emprisonné, pour motif d'"activisme déstabilisateur", comme l'indiquaient nos confrères de Libération. Mais, ajoutent-ils, la véritable raison serait autre, en l'occurrence d'avoir été "signataire en mai d’un appel à ce que la police cesse d’user de ses armes sur la foule protestant contre la corruption et la gabegie réglementaire ayant conduit à l’effondrement d’une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays".

Pour mémoire, le réalisateur Mohammad Rasoulof s'était vu décerner l'Ours d'or du Festival de Berlin en 2020, pour un film dont la sortie avait été ensuite repoussée en raison de la pandémie, et finalement arrivé sur les grands écrans français en mars 2022. 

Pour ce long-métrage intitulé Le Diable n'existe pas (voir bande-annonce ci-dessus), le cinéaste avait dû jouer des coudes pour éviter les coups de ciseau de la censure. 

Le Diable n'existe pas nous emmène en Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouya, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on lui ordonne de le faire.

Pour parvenir à mettre en boîte le long-métrage, l'équipe de Mohammad Rasoulof avait bravé les interdits, tournant souvent dans la clandestinité.

Pour mémoire, le cinéaste avait été condamné dans le passé pour rassemblement et connivence contre la sécurité nationale et pour propagande contre le régime. Il a été condamné en juillet 2019 à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et de l’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique.

11 juillet 2022

Le cinéaste Mohammad Rasoulof arrêté en Iran

Réalisateur du Diable n'existe pas, Ours d'Or à Berlin en 2020, Mohammad Rasoulof vient d'être arrêté en Iran. Il est détenu dans un lieu tenu secret, avec un autre cinéaste iranien, Mostafa Aleahmad, après avoir été interpellé à son domicile le 8 juillet dernier, rapporte Le Film Français, citant l’AFP. Rasoulof et Aleahmad sont accusés d'incitation à la haine.

Âgé de 50 ans, Mohammad Rasoulof s'est vu confisquer son passeport après la sortie de son film précédent, Un homme intègre, dénonçant la corruption en Iran. Ainsi, en 2019, il avait été condamné à un an de prison pour "propagande contre le régime".

Cette fois, il est accusé d'avoir lancé un appel contre les forces du régime pour calmer la répression sanglante qui a eu cours ces dernières semaines, à la suite de manifestations dans la province du Khouzestan. Fin mai, l'effondrement d'un immeuble insalubre a fait 43 morts. La population est descendue dans la rue pour crier sa colère contre les fonctionnaires corrompus. Les forces de l'ordre ont mâté le mouvement avec une violence extrême. Dans une tribune pacifiste intitulée "Put your gun down", appelant les forces de sécurité "à déposer les armes", Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et 70 professionnels du cinéma iranien avaient alors publiquement écrit leur désapprobabtion de la répression.

Une prise de position publique qui leur vaut cette mise en détention au prétexte qu'ils représenteraient une menace à l’ordre public, accusés également de collaborer avec les opposants au régime.