“Elles étaient une vision fugace dans la nuit. On m’a dit que l’une d'entre elles était venue à pied de Gaza à Tel-Aviv. Dans ma tête je l'ai appelée La Belle de Gaza”, rapporte le synopsis de La Belle de Gaza.
Silhouette disparaissant dans la nuit, les femmes que Yolande Zauberman filme se déhanchent sur le rythme de la diction hachée de Lucky Love : “Dis-moi, bébé/Est-ce que je marche comme un mec ?/ Est-ce que je parle comme un mec ?/ Est-ce que je me tiens comme un mec ?,” chante le lillois dans cette chanson tirée de son EP Tendresse.
C’est avec cette même tendresse que la réalisatrice pose son regard sur les parcours de vie de toutes ces femmes, de toutes ces âmes qu’elle croise dans sa quête de la Belle de Gaza. Un court documentaire d’une heure et seize minutes, une fulgurance qui nous ouvre pourtant les portes d’un monde crépusculaire immense et insoupçonné.
Avec son dernier documentaire, Yolande Zauberman finalise un triptyque noctambule entamé avec Would you have sex with an Arab ? et M (récompensé du César du Meilleur film documentaire en 2020). Inextricablement liés, ces trois films plongent tous dans le flou intime de population ou de questionnements de la marge : le tabou des relations sexuelles entre Juifs et Arabes dans le premier, la pédophilie dans les milieux orthodoxes juifs israëliens dans le deuxième. Et maintenant, les conditions de survie des femmes trans en Israël.
“La différence entre la nuit et les ténèbres, c’est que la nuit contient encore des lumières, raconte la réalisatrice. Dans La Belle de Gaza, comme dans les deux autres films de cette trilogie de la nuit, je cherche la lumière pour repousser les ténèbres. Qu’est-ce qui peut encore nous éclairer ? Le visage d’un être aimé, celui de ces femmes, qui m’ont bouleversée.”
Cet entrelacs d’histoires vaut à Yolande Zauberman une montée des marches au Festival de Cannes 2024. La Belle de Gaza y sera présenté en séance spéciale avant de sortir le 29 mai dans les salles de cinéma françaises.