Il y a 31 ans, Demi Moore partageait l'affiche avec Robert Redford et Woody Harrelson dans un drame sulfureux nommé Proposition indécente. Réalisé par Adrian Lyne, à qui l'on doit 9 semaines 1/2 et Liaison Fatale, le film suit Diana et David Murphy (Demi Moore et Woody Harrelson).
Camarades de collège, ils se sont mariés très jeunes et éprouvent l'un pour l'autre un amour grandissant. Mais leurs professions sont frappées par la récession. Pour faire face aux traites, il leur faut réunir d'urgence 50 000 dollars, qu'ils comptent gagner en jouant à Las Vegas.
Là, ils ne tardent pas à tout perdre. John Gage (Robert Redford), un milliardaire étrange et séduisant, fait à David une surprenante proposition : un million de dollars en échange d'une nuit d'amour avec Diana.
Dans ses mémoires baptisées "L'envers d'une vie", Demi Moore est revenue sur les méthodes cavalières du réalisateur Adrian Lyne sur le tournage du long-métrage. "[Il] était connu pour son caractère lunatique et ses films à forte intensité sexuelle : Liaison Fatale, Flashdance, L'Échelle de Jacob", confie d'abord Demi Moore.
"Il avait insisté pour que tous les acteurs passent une audition, quoi qu'il arrive. Je l'avais rencontré pour presque tous ses films, y compris Ça plane, les filles quand j'étais mineure. Jodie Foster avait eu le rôle, moi, il ne m'avait jamais engagé. Cette fois, j'ai réussi à le convaincre", indique la comédienne, star du récent The Substance de Coralie Fargeat.
"Dans la toute première scène que nous avons tournée pour Proposition indécente, je me roule en sous-vêtements sur un lit couvert de billets de banque. Glenn Close m'avait prévenue qu'Adrian avait une étrange approche des scènes d'amour : il criait des obscénités en guise d'encouragements pendant tout le temps où elle se tapait Michael Douglas dans le loft de Liaison Fatale", poursuit Demi Moore.
"Glenn n'avait pas exagéré. Adrian est un vrai voyeur, ce qui explique en partie pourquoi ses films sont si intenses. Sur le plateau, c'était la folie : il n'a pas arrêté de parler, presque de hurler, pendant tout le tournage des scènes de sexe", explique l'actrice.
"« Putain, c'est trop bon ! Oh mon Dieu, j'ai la trique là ! Allez, attrape sa bite ! » Au début, c'était flippant, ce gars au look de rockeur britannique qui transpirait et braillait des insanités. Mais une fois que je me suis habituée à ce fonctionnement, j'en ai perçu l'intérêt", ajoute la comédienne.
"Les élucubrations d'Adrian me faisaient oublier mes doutes et mon malaise. Et quand j'ai compris qu'il ne fallait pas prendre son délire au pied de la lettre, j'ai trouvé plutôt amusant de le regarder gesticuler et s'égosiller sur la ligne de touche pendant que Woody Harrelson et moi simulions la luxure", souligne Demi Moore.
Malgré des méthodes surprenantes et exubérantes, l'artiste trouve "magnifiques" les images tournées par le réalisateur. "Je n'avais pas besoin d'exercer mon droit de retrait : rien de ce qu'il avait filmé n'était vulgaire ni gênant. Ses films sont érotiques, mais ils ne sont absolument pas sordides", affirme la native de Roswell.
Toutefois, le tournage a été une épreuve de force pour Demi Moore. Elle raconte qu'elle devait se lever à 1 heure 30 du matin tous les jours pour commencer son entraînement. Au programme : jogging, vélo et musculation. Après la douche, le maquillage et la coiffure, elle tournait de 4 heures du matin à 16 heures à Las Vegas.
"Même si Adrian et moi étions à couteaux tirés, je dois dire que je n'ai jamais été aussi bien filmée. Tous les acteurs sont lumineux dans Proposition indécente, comme si nous étions éclairés de l'intérieur. Le directeur de la photographie avait fait l'éclairage, mais ensuite, Adrian l'avait retravaillé lui-même. Son perfectionnisme en matière d'éclairage et de narration était incroyable", assure Demi Moore.
Doté d'un budget estimé à 38 millions de dollars, Proposition indécente a été un immense succès, récoltant 266 millions de billets verts à travers le monde. En France, le long-métrage a attiré 1,3 million de curieux lors de sa sortie en mai 1993.