Accro au luxe et experte en mensonges, Anna Sorokin a dupé son monde. Née en Russie et issue d’une famille de classe moyenne, elle s’est immiscée au cœur de la bourgeoisie new-yorkaise grâce à son alter ego : Anna Delvey. Un personnage inventé de toutes pièces avec sa propre histoire et son propre passé.
Durant quatre ans, de 2013 à 2017, la jeune femme a toujours joué le jeu à la perfection, comme une actrice professionnelle qui confectionne son rôle. À la seule différence qu’il est question ici d’escroquerie et d’une importante somme d’argent volée. Histoire croustillante pour le public mais dramatique pour les victimes, l’affaire fait l’objet d’une série Netflix, Inventing Anna.
Si cette adaptation prend quelques libertés avec la réalité, une grande partie des événements racontés se sont réellement produits. Elle se présente comme une riche héritière allemande, fille d’un important homme d’affaires, pourtant il n’en est rien. Le père d’Anna Sorokin est un chauffeur routier et sa mère une femme au foyer.
Lorsque ses parents quittent la Russie pour l’Allemagne, la jeune fille commence à rêver. Ambitieuse, intelligente et sûre d’elle, elle aspire à un destin exceptionnel. Tout commence en 2013, avec un stage décroché au magazine Purple, à Paris. Elle a alors 22 ans. Installée dans la capitale, Anna Sorokin fréquente une autre sphère, plus branchée. C’est à ce moment qu’elle décide de changer son nom en Delvey, pour effacer ce qu’il reste de ses origines.
À l’aise dans sa nouvelle vie, elle affirme être bien plus qu’une stagiaire et se fait un nom. Les rencontres s’enchaînent et son charisme lui permet de se créer un véritable réseau. En l’espace de deux ans, Anna Delvey - ou Sorokin, au choix - devient une star dans une microsociété huppée. Elle voyage, se fait payer des chambres d’hôtel et promet de rembourser ceux qui mettent la main au porte-monnaie. Une promesse qu’elle ne tiendra jamais.
En 2015, elle s’installe à New York et va encore plus loin. Elle fait des chèques en blanc, continue d’arnaquer ses amis et annonce même un projet ambitieux, la Anna Delvey Foundation. Entre galerie d’art et boîte de nuit, cet établissement est pensé pour devenir le nouveau lieu incontournable des soirées de Manhattan. Pour cela, elle tente d'obtenir des prêts de 20 millions de dollars. Les investisseurs sont réticents et ne mordent pas à l’hameçon. Le navire Sorokin commence à tanguer.
Les mois passent et les dépenses exorbitantes de la prétendue jet-setteuse éveillent les soupçons. Un voyage à Marrakech va tout changer. Alors qu’elle visite la ville marocaine avec l’une de ses amies, Rachel DeLoache Williams, iconographe au magazine Vanity Fair, Anna Delvey fait ses valises avant de régler la note. La facture s’élève à 62 000 dollars. C’est à sa “meilleure amie” de passer à la caisse.
Les autorités mettent la main sur l’arnaqueuse, tandis que des hôtels et des restaurants portent plainte. Au total, la somme de son butin s’élève à 275 000 dollars. Elle est arrêtée et envoyée à la prison de Rikers Island. En avril 2019, elle est condamnée pour vol aggravé et encourt une peine de quatre à douze ans de prison.