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27 avril 2023

La sélection de Catherine Corsini à Cannes fait réagir les professionnels du cinéma

A moins de 20 jours du lancement du 76ème Festival de Cannes, la polémique enfle autour du film Le Retour, signé par la réalisatrice Catherine Corsini. En cause, des accusations portées à l'encontre de la cinéaste et de deux membres de son équipe pour harcèlement ainsi qu'un possible non respect des règles sur la protection des comédiens mineurs.

Catherine Corsini et une partie de son équipe ont publié un communiqué en réponse à ces accusations. Elles sont présumées innocentes.

La polémique est loin de s'éteindre puisqu'après des hésitations et un examen de "la situation de l'œuvre", le conseil d'administration du Festival de Cannes a pris la décision de réintégrer le film à la compétition.

Une décision qui a fait réagir plusieurs collectifs, dont le Syndicat des Professionnels des Industries de l'Audiovisuel et du Cinéma (SPIAC) et le Collectif 50/50, qui "œuvre à la parité, l'égalité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel".

Pour le SPIAC, "cautionner ce genre de pratiques en sélectionnant [le film] au Festival de Cannes est une insulte à l'ensemble des équipes artistiques et techniques qui participent à la crétion des films et au rayonnement de notre cinématographie."

Le Collectif 50/50 se dit quant à lui "consterné" en précisant que le procureur de la République a été saisi en novembre 2022 par le CNC "sur le contexte sexualisé de ce tournage avec des actrices et acteurs adolescent.e.s.".

Le producteur Marc Missonnier a pris position et appelle au boycott du film de Catherine Corsini :

"Comment les pouvoirs publics, le Ministère de la Culture, le gouvernement, le Conseil d’Etat, la Cour des Comptes, le CNC, la mairie de Cannes, peuvent ils accepter une chose pareille ? Curieux de voir aussi comment les Américains vont réagir à ce choix, eux qui vont se retrouver côte à côte avec ce film et qui vont être interpellés à ce sujet. Pour ce qui me concerne, mon choix est fait : #BoycottCannes".

Le 76ème Festival de Cannes se tiendra du 16 au 27 mai prochain.

26 avril 2023

Cannes 2023 : la réponse de Catherine Corsini à la polémique sur son film Le Retour

Catherine Corsini et son équipe répondent aux accusations. Le Retour, qui marque la troisième participation de la réalisatrice à la Compétition cannoise, est au centre d'une polémique depuis l'annonce de la sélection par Thierry Frémaux, le 13 avril dernier.

Initialement retenu dans la course à la Palme d'Or, le film est finalement retiré de la sélection à la dernière minute, le temps que le conseil d'administration examine "la situation de l'oeuvre", avant de la réintégrer le 24 avril avec d'autres compléments de sélection.

En cause, des accusations relayées par la presse autour de présumés faits de harcèlement reprochés à la cinéaste et deux membres de son équipe, ainsi qu'une possible entorse "grave" à la législation sur la protection des comédiens mineurs.

La cinéaste, sa productrice Elisabeth Perez (CHAZ Productions) et deux comédiens (Esther Gohourou et Denis Podalydès) se sont exprimées dans un communiqué que nous relayons en intégralité ci-dessous.

Sans date de sortie pour le moment, et figurant parmi les vingt-et-un longs métrages en lice pour la Palme d'Or le 27 mai, Le Retour confronte une mère de famille à des souvenirs douloureux en Corse, alors que ses deux filles adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales.

Communiqué de presse- Chaz Productions - Elisabeth Perez et Catherine Corsini

Nous voudrions d’abord remercier le Festival de Cannes d’avoir confirmé l’invitation faite au film de Catherine Corsini, LE RETOUR.

Des mails anonymes et diffamatoires ont été envoyés à toute la profession et à la presse, contribuant à créer une rumeur extraordinairement dommageable pour le film. Il est heureux que le plus grand festival du monde ait pris le temps d’en vérifier minutieusement la véracité. C’est pourquoi la décision prise de maintenir la sélection du film en compétition a du sens. En l’état des informations qui ont été transmises, une autre décision aurait signé un précédent grave pour le cinéma d’auteur et pour la manifestation elle-même.

Nous saluons le Conseil d'Administration du Festival qui a décidé de préserver la liberté du sélectionneur, Thierry Frémaux, comme la liberté d’expression d’une cinéaste.

Nous voulons redire qu'il n’y a aucune plainte d’aucune sorte déposée contre Catherine Corsini, ni contre la production du film. La seule irrégularité constatée à l’issue d’une enquête du Comité Central d’Hygiène de Sécurité des Conditions de Travail (CCHSCT), que nous avons très tôt reconnue, est un manquement administratif, celui d’une scène non déclarée et donc non visée par la Commission des enfants du spectacle.

En effet, Catherine Corsini a rajouté en cours de tournage une scène entre deux jeunes comédiens du film, de 15 ans ½ et 17 ans. Même si c’était avec leur accord, nous aurions dû la déclarer. Ne pas l’avoir fait constitue une entorse au droit et de fait, la production a été sanctionnée par le CNC. Mais stoppons là les fantasmes! Les adolescents étaient habillés et la scène est filmée sur les visages. Il n’y avait ni attouchement ni contact inapproprié entre eux deux, comme nous avons pu l’entendre ou le lire dans la presse. Le cinéma est l’art de la suggestion. Et ces jeunes gens l’ont compris : sans y être contraints le moins du monde, ils ont refusé coach d’intimité et doublures, qui leur ont pourtant été proposés avec insistance, confiants qu’ils étaient dans la relation qu’ils avaient avec la réalisatrice.

Nous avons toujours été engagées contre toute forme de violence et harcèlement sur les tournages, nous ne les minimisons pas, nous avons été impliquées dès les premières réunions du 50/50. Deux signalements pour gestes présumés inappropriés mettant en cause deux techniciens du film ont donné lieu à des enquêtes internes, transmise au CCHSCT, qu’Elisabeth Perez, en tant que responsable de CHAZ Productions, a mené avec la référente harcèlement du tournage. Le CCHSCT a pu en constater la bonne forme.

Nous remercions les technicien.nes, les acteur.ices du film pour leur appui, leur mots merveilleux et tous leurs témoignages justes et nuancés qui ont permis de rendre compte de ce qu’a été la réalité de ce tournage. Enfin, merci également aux collaborateur.ices d’avant, aux ami.e.s cinéastes et à tous nos partenaires pour leur soutien indéfectible.

Témoignage - Esther Gohourou, comédienne

Cette lettre pour mettre fin à cette histoire car on a beaucoup parlé à ma place, mais pas moi. Pour la scène du jardin qui a été rajoutée aux rôles de Farah et d’Orso. Catherine m’a proposé des doublures et même un coach d’intimité et j’ai refusé, elle a aussi proposé à Harold et lui aussi a refusé. On avait refusé mutuellement avant de se concerter. Elle nous a proposé plusieurs fois mais on a toujours refusé. Durant la scène, ils nous ont mis complète à l’aise et franchement vue que Harold et moi on avait déjà tourné ensemble , donc on était pas gênés. Ils nous ont laissé prendre notre temps et on a mis toutes les choses en place pour qu’on soit bien. On a beaucoup parlé avant de faire la scène, on savait ce qu’on allait devoir tourner, qu’on ne verrait que les visages et qu’on aurait pas à se toucher en vrai. Et c’est ce qui s’est passé. Certaines personnes ont appelé l’assistante sociale du lycée pour dire des choses qui n’avait rien avoir avec ce qui s’est passée donc à elle aussi je lui ai expliqué que tout allait bien, que Harold et moi on avait accepté et que les gens avaient extrapolé la chose. Donc il n’y a aucune raison d’être inquiet ou quoi. Harold va bien et je vais bien. :) Merci de votre compréhension.

Témoignage - Denis Podalydès, comédien

Je découvre l’article d’Anne Diatkine dans Libération sur le tournage du film de Catherine Corsini, « Le Retour » , auquel j’ai participé, et je ne reconnais absolument pas dans ces lignes le plateau que j’ai connu. Certes, j’ai tourné peu de jours. C’était au milieu du tournage, lequel était donc bien engagé. À ce moment, la vie d’un film a pris son rythme et trouvé son atmosphère générale, à moins d’un événement accidentel qui en transforme la nature. Ce rythme et cette atmosphère sont insufflés par la personnalité du réalisateur ou de la réalisatrice, qui se transmet à l’équipe. Selon l’avancée du tournage, difficile ou aisée, inspirée ou laborieuse, tendue ou détendue — qui peuvent dépendre de problèmes inhérents ou extérieurs au projet — l’atmosphère s’avère plus ou moins lourde ou légère, selon que le maître d’œuvre contienne ou diffuse l’anxiété qui est la sienne, l’humour qu’il ou elle peut instiller, le calme qu’il ou elle peut perdre ou conserver. À mi-tournage, on sait, ça ne trompe pas.

Je suis arrivé sur un plateau parfaitement détendu, concentré, travaillant bien et même très bien. De la régisseuse qui est venue me chercher à l’aéroport à Bastia, à la première assistante, tout le monde était calme, volontaire, sans histoire. J’ai retrouvé les jeunes que j’avais croisés au mois d’août pour les lectures, Suzy, Esther et les autres: joyeux, complices, soudés, heureux de tourner ce film. Catherine Corsini aussi accueillante et bienveillante que possible, préparant et tournant ses plans en équipe, sans heurt, sans la moindre tension sinon celle du temps qui passe trop vite, du soleil qui bouge, des erreurs naturelles ou des distractions qui parfois suscitent une impatience. Rien de plus normal. J’ai participé à une centaine de tournage, je sais ce qu’est un plateau miné par des dissensions, des conflits, des non-dits, du harcèlement. On le sent, on le sait tout de suite, tant un plateau de tournage est poreux et transmet par ondes successives tout ce qui s’y passe. À aucun moment de ma présence sur le plateau du Retour je n’ai constaté le moindre problème ni éprouvé le moindre malaise, bien au contraire.

Voilà ce que je peux dire pour ce que j’ai vu et constaté. Je n’étais pas là le reste du temps, mais je suis certain que si un fait grave avait précédé mon séjour sur le film, j’aurais remarqué des indices, croisé un regard, entendu une rumeur, soupçonné quelque chose. Je n’ai donc rien appris pendant ni par la suite. J’ajoute : quand on tourne avec des jeunes, de nombreux aléas surviennent : disputes, écarts, sautes d’humeur, malentendus, gêne sur les scènes d’amour, soulographie excessive... Le cinéma est une expérience toujours intense pour des adolescents. Dans l’article de Libé, tous les faits sont mis sur le même plan comme s’ils ressortaient d’un même malaise, d’un même foyer néfaste. Or si on les prend l’un après l’autre, ils n’ont rien à voir ni ne recoupent la même réalité. Comment mettre sur le même plan un accident survenu au matin d’une nuit de tournage, la problématique d’une scène intime entre deux adolescents qui n’a pas été visée par la commission des enfants du spectacle, l’attitude d’un cascadeur vécue et interprétée comme indécente et les revendications d’une partie de l’équipe. L’addition de ces faits, en réalité hétérogènes, suggère que la responsable est Catherine, dont la tyrannie, la sècheresse de cœur, le cynisme seraient manifestes et prouvés. Quelle absurdité. Catherine est à l’opposé d’un tel portrait. Je ne suis pas un de ses amis ; j’ai de l’admiration pour la réalisatrice et de l’affection pour la femme. Je ne la défends pas par raison clanique ou parce que nous partagerions des intérêts. Je suis simplement révolté par la malveillance incroyable qui soudain s’abat sur elle.

19 avril 2023

Cannes 2023 : pourquoi le nouveau film de Catherine Corsini fait polémique ?

6 femmes présentes en compétition au prochain Festival de Cannes, c’est un record ! Pourtant, une septième aurait pu se greffer à la sélection : Catherine Corsini avec son nouveau film, Le Retour. La réalisatrice française est déjà venue plusieurs fois à Cannes ces dernières années, notamment avec La Fracture, son film sur les gilets jaunes en 2021.

Avec Le Retour, son nouveau long-métrage, elle aurait dû revenir en compétition. D’après Le Parisien, Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, aurait même appelé la réalisatrice pour lui dire que son film serait bien présent. Mais plusieurs accusations sur le tournage du film et sur la cinéaste sont venues changer la donne : Catherine Corsini aurait été accusée d’harcèlement par plusieurs membres de l’équipe du film, tandis que d’autres personnes évoquent un comportement déplacé de certains membres de l’équipe envers deux actrices sur le tournage, d’après plusieurs témoignages.

Parmi les autres accusations, une scène montrant une jeune fille de 15 ans se masturbant aurait été ajoutée à la dernière minute au scénario, et filmée sans l’accord de la Commission des Enfants du Spectacle, qui gère les droits des enfants sur les plateaux de tournages. Au moment de l’étude du film par l’organisation, la scène n’apparaît pas dans les pages du scénario. À la suite de cette accusation, le CNC aurait décidé de retirer certaines subventions originellement accordées au film.

“Cette infraction au droit social est matériellement constituée et n'est pas niée par la productrice” révèle le CNC à l’AFP. L’organisation souhaite toutefois ne pas retirer toutes les subventions accordées au Retour pour “ne pas pénaliser tout le film” et “toutes les personnes qui ont travaillé dessus, qui les empêcheraient d’être payés” à cause de fautes commises “par la production”. D’après Le Parisien, c’est près de 580 000 euros de budget qui ont été retirés du film par le CNC.

Contactée par Variety, la productrice Elisabeth Perez parle “d’accusations malvenues”, qui ne devraient pas “menacer la vie d’un film” et “l'évincer de la sélection cannoise”, évoquant pour le Parisien “une erreur administrative”.

Le CCHSCT, une organisation qui s’occupe de prévention sur des tournages de film, a auditionné une partie de l’équipe à la suite des plaintes, révèle Le Parisien. Le Conseil d’Administration du Festival de Cannes aurait quant à lui “souhaiter en savoir plus sur la situation de l'œuvre” d’après le quotidien, justifiant donc sa non-sélection. Désormais, la plainte a été portée au Procureur de la République.

La Retour raconte l’histoire de Kheididja, femme de 40 ans retournant en Corse le temps d’un été avec ses deux enfants, deux adolescentes qui vont se laisser aller à toutes les tentations estivales : 400 coups, premières expériences amoureuses, etc… Au casting, on retrouve Aïssatou Diallo Sagna, aperçue dans le précédent film de Corsini, La Fracture. Reste à savoir, désormais, si le film pourra rejoindre la compétition du 76ème Festival de Cannes, qui aura lieu du 16 au 27 mai prochain.