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10 décembre 2020

Mank sur Netflix : pourquoi le film de David Fincher est-il jugé sexiste ?

"Il ne semble pas y avoir une femme de plus de 40 ans dans ce casting." Avec Mank, David Fincher revient sur les tensions entre Orson Welles et le scénariste Herman J. Mankiewicz pendant la création de Citizen Kane. Seulement, depuis quelques jours, le film est pointé du doigt pour sa distribution et plus précisemment pour sa différence d'âge inutile entre ses acteurs. Un problème récurrent à Hollywood. Collaboratrice pour le New Yorker et le Chicago Tribune, l'auteure et critique Emily Nunn questionne le choix de Tuppence Middleton pour jouer le rôle de Sara Mankiewicz.

Herman J. Mankiewicz et sa femme, Sara, sont nés la même année, en 1897. Pourtant, à l'écran, c'est Gary Oldman, 62 ans, qui incarne le cinéaste, tandis que Tuppence Middleton, 33 ans, prête ses traits à son épouse. "C'est pas nous qui sommes invisibles. C'est vous qui nous effacez", s'indigne la journaliste sur Twitter, tandis que d'autres voix apportent des exemples similaires en commentaires.

Même problème pour le couple incarné par Amanda Seyfried, 35 ans, et Charles Dance, 74 ans. En réalité, l'homme d'affaires William Randolph Hearst et l'actrice Marion Davies avaient bel et bien une différence d'âge importante. Malgré tout, la star de Mamma Mia! est jugée encore trop jeune. À Hollywood, l'âge de 40 ans a toujours été une étape décisive dans la vie des comédiennes. Malgré quelques exceptions - Meryl Streep et Nicole Kidman en tête -, les opportunités tendent à se raréfier pour beaucoup de stars féminines.

Dans un article de 2016, titré Pourquoi les 40 ans sont si importants à Hollywood ?, le Washington Post expliquait que passé cet âge, les hommes occupaient 80% des premiers rôles. C'est quatre fois plus que les femmes. Quatre ans plus tard, les grands de l'industrie se sensibilisent plus sur cette question, notamment du côté des séries télévisées. De nombreuses actrices de plus de 40 ans se tournent vers la télévision pour trouver des rôles à la hauteur de leurs attentes et de leur talent. Si la tendance commence à s'inverser, il ne s'agit pas là d'une révolution. L'âgisme à Hollywood a encore de beaux jours devant lui.

05 décembre 2020

Mank sur Netflix : un premier scénario écrit par... le père de David Fincher

C'est l'un des événements cinéma de cette année particulière. Mank, le onzième long métrage de David Fincher, est disponible sur Netflix, six ans après la sortie en salles de Gone Girl. Ce biopic en noir et blanc, centré sur Herman J. Mankiewicz, ressuscite l'âge d'or hollywoodien pour revisiter les frictions entre le scénariste et Orson Welles, qui prépare son chef-d'œuvre, Citizen Kane. En projet depuis de nombreuses années, le film est une œuvre spéciale pour le réalisateur de Seven puisqu'elle honore la mémoire de son père, Jack Fincher. 

Ce dernier, journaliste de profession, décide, début des années quatre-vingt-dix, d'écrire un scénario. C'est son propre fils qui lui souffle l'idée d'un script sur Herman J. Mankiewicz. Depuis sa tendre enfance, le metteur en scène partage de longues conversations avec son père sur l'art du cinéma. L'histoire de Mank, qui raconte, entre autres, la difficulté pour un écrivain d'exister à côté d'un mégalomane, s'inscrit dans cette passion commune.

Les conflits derrière la caméra, David Fincher ne les connaît que trop bien après sa douloureuse expérience sur son premier long métrage, Alien³ - dont il renie aujourd'hui la version définitive. Depuis cette situation chaotique, il admet avoir "une vision différente des rapports de travail entre les scénaristes et les réalisateurs", comme il l'explique dans un entretien accordé au média américain Vulture.

Quelques années passent et Mank prend forme. Le scénario de Jack Fincher est prêt et les équipes tentent de lancer la production aux alentours de 1997 et 1998, avec Kevin Spacey et Jodie Foster au casting. Finalement, le projet tombe à l'eau. David Fincher tourne bien avec Jodie Foster, mais dans Panic Room, sorti en 2002. Le scénario de Mank est mis de côté et Jack Fincher tombe gravement malade. "Il a passé la dernière année de sa vie en chimiothérapie et à parler du film, se remémore le cinéaste. Mais c'était certain à ce moment-là qu'il ne serait plus là pour le voir." 

Après deux saisons de Mindhunter, série à succès sur Netflix, les dirigeants de la plateforme veulent en savoir plus sur les prochaines idées de David Fincher. C'est en relisant le scénario qu'il prend conscience de son écho avec le monde d'aujourd'hui : "C'était posé là depuis tout ce temps et c'est devenu tellement plus urgent maintenant." Pour le réalisateur, Mank n'aurait pas été compris de la même manière s'il avait été fait il y a vingt ans, en particulier sur le thème des fake news, sujet important de ce nouveau film et qui fait sens avec l'actualité politique. C'est grâce à cette carte blanche que ce projet familial voit le jour, dix-sept ans après la mort de son père.

04 décembre 2020

Mank sur Netflix : c'est quoi ce nouveau film de David Fincher ?

Six ans après Gone Girl, David Fincher est de retour avec un nouveau film : Mank, disponible depuis ce 4 décembre sur Netflix. Ce long-métrage biographique sur Herman J. Mankiewicz revient sur le long et douloureux processus d’écriture du scénariste acerbe et alcoolique sur le script de Citizen Kane, réalisé par Orson Welles. Tourné en noir et blanc, Mank nous plonge dans le milieu hollywoodien des années 1930 où les guerres d’égo, les contrats juteux et les pressions des studios pèsent sur toute l’industrie cinématographique en proie aux doutes face aux élections politiques et à la menace de la montée du nazisme.

A film exceptionnel, casting d’exception : Gary Oldman incarne le fameux Herman J. Mankiewicz, Charles Dance interprète William Randolph Hearst, magnat de la presse qui a inspiré le personnage de Charles Foster Kane dans Citizen Kane, et Amanda Seyfried campe sa compagne et actrice Marion Davies. A l’affiche, on retrouve également Lily Collins sous les traits de Rita Alexander, l’auteure qui aide Mank dans l’écriture du scénario pendant sa convalescence, Arliss Howard dans la peau de Louis B. Mayer, nabab d’Hollywood et vice-président de Metro-Goldwyn-Mayer, Tuppence Middleton qui incarne Sara Mankiewicz, la femme de Mank, Tom Pelphrey qui campe Joseph L. Mankiewicz, le frère de Mank, et Tom Burke dans la peau d’Orson Welles.

Il faut savoir que le script de Mank a été écrit au début des années 1990 par Jack Fincher, le père disparu de David Fincher. Le réalisateur américain, désireux d’adapter ce scénario qui lui tient à coeur sur grand écran, réussit à obtenir 13 millions de dollars en 1998 pour réaliser le projet avec son père qui devait être porté par Kevin Spacey et Jodie Foster. Mais le projet est avorté par ses investisseurs qui ne souhaitaient pas financer un film en noir et blanc. C’est finalement 22 ans plus tard avec Netflix, partenaire privilégié de David Fincher depuis plusieurs années avec qui il est en contrat pendant encore 4 ans, que le réalisateur peut enfin mettre en scène Mank.

L’idée du scénario de Mank, qui retrace ainsi l’écriture de Citizen Kane, ou plutôt American la première version, par Herman J. Mankiewicz, est venue à l’esprit de David Fincher après avoir lu l’essai Raising Kane de la critique Pauline Kael qui revenait sur la question controversée de la réelle parenté du scénario de Citizen Kane. Après plusieurs versions du script de Mank, Jack et David Fincher se sont mis d’accord pour élaborer un scénario sur deux temporalités : l’une dans les années 1940 où Herman J. Mankiewicz rédige Citizen Kane dans sa maison à Victorville et l’autre dans les années 1930 à des moments clés de la vie du scénariste qui nourriront le script du film pour lequel Orson Welles l’a engagé.

Plus que la controverse autour du scénario, David Fincher dresse dans Mank le portait d’un homme brillant, acerbe et lucide mais aussi auto-destructeur qui a retrouvé une seconde lumière en écrivant pour Orson Welles et retranscrit à l’écran le fascinant âge d’or d’Hollywood tout en questionnant ses côtés plus sombres. Le tournage de Mank a duré quatre mois de novembre 2019 à février 2020 à Los Angeles peu avant le confinement dû à l’épidémie de Covid-19. A noter que Gary Oldman s’est glissé dans la peau de Herman J. Mankiewicz sans artifices, ni maquillage ni prothèses.