Jacques Sereys n’est plus. Le palais de l’Élysée a annoncé le décès du comédien à l’âge de 94 ans ce dimanche 1er janvier. Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont eu un mot à l’égard de la star des planches ce lundi 2 janvier, saluant "un homme qui avait voué sa vie au théâtre Il était une figure estimée du théâtre français et un visage familier de notre cinéma populaire". Et d'ajouter qu'il "avait voué sa vie aux auteurs du répertoire, mais c’est son destin même, brillant et inattendu, à travers les milieux, les époques et les tempéraments, qui semblait tiré d’une pièce de Carlo Goldoni". Nos confrères du Monde l’ont décrit comme un homme dont le "visage dégageait la gentillesse, illuminé par un large sourire et un regard bleu bienveillant, un homme élégant à la diction soignée, comédien virtuose".
Né le 2 juin 1928 à Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne, Jacques Sereys n’a jamais connu son père. Sa mère est brodeuse et survient aux besoins de la famille, tandis que le petit garçon est élevé par sa grand-mère, cuisinière chez des familles bourgeoises. Le petit Jacques grandit et fait ses classes à Marseille, baignant dans les odeurs de l’entrepôt de parfumerie au-dessus duquel il vit avec sa mère. Déjà enfant, il se voit bien faire carrière dans les théâtre de Paris. Pourtant, la réalité de la Seconde Guerre mondiale le ramène les pieds sur terre, et il trouve un poste de garçon de bureau au Crédit Lyonnais. Mais la fibre artistique est toujours là : il se met à écrire des poèmes qu’il déclame devant ses clients de la banque et rejoint sur son temps libre une troupe de revues, avec laquelle il reste durant trois ans.
Rattrapé par sa passion, Jacques Sereys part à Paris en 1947, où il enchaîne des petits boulots et s’acharne à dissimuler son accent du sud. À son retour de son service militaire, effectué au Maroc, il devient auditeur au Conservatoire. Très doué, il en ressort en 1955 avec les deux premiers prix de comédie classique et moderne, ce qui lui ouvre les portes de la Comédie Française. Là, le jeune comédien côtoie entre autres François Chaumette, Jacques Charon et Robert Hirsch. Il y rencontre aussi une certaine Philippine Pascal, actrice née sous le nom de de Rothschild, qui deviendra son épouse et avec qui il aura ses deux enfants : Philippe (en couple avec Carole Bouquet) et Camille. Le public le découvre dans les pièces Hernani, Le Menteur ou encore Le Malade imaginaire. En parallèle, il fait ses débuts au cinéma, jouant notamment dans Les Démons de minuit en 1962 et Le Feu follet en 1963.
Désireux de découvrir de nouveaux horizons, le comédien quitte la Comédie Française pour se produire dans des théâtres privés. Le public de l’époque vient le voir jouer Feydeau et Marcel Mithois sur les planches populaires, jusqu’à ce qu’il retourne au Français en 1977. Vingt années plus tard, Jacques Sereys devient sociétaire honoraire de la maison de Molière. "Quand je suis en scène, tout change. Je deviens quelqu’un d’autre. Je suis là pour le public", confiait l’admirateur de Goldoni. En 2006, il obtient le Molière du meilleur comédien grâce à son jeu dans la pièce de Jean-Luc Tardieu Du côté de chez Proust.
Sur grand écran, l’acteur fait des apparitions dans Le souffle au cœur, dans le rôle d’un médecin, dans L’État sauvage, en 1977, dans Le bon plaisir, comme secrétaire des affaires étrangères, en Ministre de la Défense dans L’Opération Corned-Beef, et en père Stanislas dans Chouchou avec Gad Elmaleh, ou encore auprès de Franc Dubosc, dans Disco en 2007. "Jacques Seyres a même fait du trapèze au cirque Bouglione aux côtés de Brigitte Bardot, Fernandel, Gabin et Régine", indique Le Figaro. Nos condoléances à la famille de Jacques Sereys...