Comprendre que l’on est différent et le faire comprendre n’est pas chose aisée. Et le parcours d’Elliot Page est en ce sens très inspirant, comme on l’apprend au fil des pages de son autobiographie Pageboy et dans le portrait qui lui est consacré par le Los Angeles Times.
Elliot Page, découvert dans le film Juno, a eu du mal à accepter sa différence. Enfant, il demandait à sa mère s’il pouvait être un garçon, préférant les jouets associés à l’autre genre. Et quand il a tenté d’assumer son homosexualité, sa famille, notamment son père avec qui il indique avoir une relation inexistante depuis plus de cinq ans, l’a repoussé.
Sa mère, fille de pasteur, disait à son fils que l’homosexualité n’existait pas. Lorsqu’il a commencé à embrasser une carrière dans la comédie à l’adolescence, il a dû se raser la tête pour un rôle. Sa grand-mère alors réagi en demandant à son père ce qu’il ferait si sa fille était « gouine ».
La douleur était telle qu’Elliot Page s’en prenait à lui-même, allant jusqu’à tenter de s’assommer. Puis, un jour, il s’est dit : « Tu n’as pas à te sentir comme ça. » Quelques semaines plus tard, il entamait les premières démarches vers une opération chirurgicale. Les scénaristes de The Umbrella Academy, série dans laquelle il a joué un personnage féminin pendant deux saisons, ont immédiatement commencé à réécrire le rôle pour permettre à son personnage de faire sa transition.
Après avoir résisté pendant des années à l’identité de son fils, la mère d’Elliot Page a fini par l’accepter. Selon lui, l’annonce de son identité transgenre a finalement été un soulagement.
« Le fait qu’elle ait changé et soit devenue une telle défenseuse et alliée de la cause est une véritable source d’inspiration », a déclaré au Los Angeles Times l’acteur, qui lui a pardonné. « Il lui a fallu du temps pour se défaire des idées avec lesquelles elle avait grandi. » Pour son père, c’est une autre histoire. Un silence radio depuis plus de cinq ans.
« Je suis un exemple très rare de ce que signifie être trans », explique Elliot Page. « Je me trouve dans une position étrange où je me dis que mon parcours n’a pas été facile. À certains moments, je me suis dit : "Je ne sais pas quel est mon avenir. Je ne sais pas si j’en vois un. Mais je jouis aussi de privilèges que nombre de personnes transgenres n’ont pas". »
Pageboy, autoportrait d’un artiste, sortira le 7 juin en France aux éditions Kero.