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27 septembre 2024

Le réalisateur John McTiernan n'est pas tendre sur l'avenir du cinéma

Fabuleux cinéaste, John McTiernan a révolutionné le cinéma d'action des années 80-90 en livrant des pépites indéboulonnables que sont Predator, Piège de cristal et A la poursuite d'Octobre rouge. Et même s'il avait sauté la case de 58 minutes pour vivre, laissant le champ libre à Renny Harlin, c'était pour mieux revenir aux commandes d'un formidable 3e volet de la saga Die Hard, Une Journée en Enfer.

On pourra d'ailleurs rajouter, pour faire bonne mesure, son génial Last Action Hero, situé à mi-chemin entre la satire et le blockbuster d'action survitaminé. Gros échec en salle à l'époque, le temps lui a heureusement rendu justice depuis.

"L'époque de mes films est révolue" nous lâchait le réalisateur, lorsque nous l'avions rencontré en 2015, lors du festival de Beaune. Un constat amer pour celui qui reste persona non grata à Hollywood, et ne semble hélas pas prêt de sortir du purgatoire dans lequel il est enfermé depuis bien trop longtemps. Depuis Basic, sorti en 2003, il n'a plus rien réalisé.

Cela ne l'empêche pourtant pas de livrer régulièrement ses impressions sur l'état actuel des productions hollywoodiennes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a un avis tranché sur la question.

"L’industrie du cinéma court à sa perte" a-t-il commenté, dans un entretien accordé à l'AFP, alors qu'il était l'invité d’honneur au Festival européen du film fantastique de Strasbourg. "Il y a une vingtaine d'années, tous les studios de cinéma américains ont été rachetés par des industries bien plus grandes. Maintenant, les gens qui dirigent les studios ne sont plus des producteurs de films.

Ce sont des gestionnaires. Ils se fichent de ce qu'ils produisent, tant que ça rapporte. C'est pour ça que depuis vingt ans, ils font des adaptations de comics. Ils ne peuvent pas faire des films sur les riches, mais ils ne vont pas non plus faire des films sur les pauvres. Donc ils ont trouvé une solution: faire des films sur des choses qui ne sont pas des humains".

On savait que McT. goûtait peu les films de super-héros, qui ont envahi les écrans. "Tous les genres durent à peu près six ou sept ans. Les westerns: six, sept ans. Les polars: six, sept ans. Chaque mode a duré six, sept ans. Et ils font des adaptations de comics depuis vingt ans ! Ce n'est pas parce que c'est populaire, c'est parce que c'est une solution politique pour les gestionnaires qui dirigent les studios".

Il ajoute : "Là, l'industrie court vraiment à sa perte. À cause du Covid, plus personne ne va au cinéma. C'est déjà arrivé, dans les années 1950, quand la télévision a gagné tous les foyers. Les gens qui dirigeaient les studios étaient des producteurs de films, alors ils se sont battus. Ils ont fait des films nouveaux, les grands écrans, un son bien meilleur, des couleurs splendides, et tout ça. Les gens sont retournés au cinéma et ça a marché 50 ans de plus.

Les gens qui font ça maintenant, ce ne sont que des gestionnaires pour les riches. Il n'y a pas de différence entre eux et le propriétaire d'une plantation de coton dans le Mississippi des années 1850. Tout ce qu'ils vont faire, c'est aspirer les marques jusqu'à la moelle et aller voir ailleurs".

Le constat que fait McTiernan sur les têtes pensantes d'Hollywood n'est finalement pas très nouveau. En 2009, c'est dire si ca date quand même un peu, Francis Ford Coppola ne nous avait pas dit autre chose, lorsque nous lui avions demandé son avis sur l'état de la production hollywoodienne.

"Aujourd'hui, c'est pire que jamais. On renonce aux idées nouvelles et à l'originalité. Maintenant, on engage un réalisateur pour qu'il fasse exactement ce qu'on attend de lui. Il doit juste faire un thriller ou un film de super-héros.

La nouvelle génération est plus douée que jamais, elle est sincère et veut réaliser les meilleurs films possible. Mais Hollywood n'est plus dirigé par des personnes extravagantes. Le cinéma est contrôlé par des sociétés, qui sont elles-mêmes contrôlées par d'autres sociétés. A New York, la firme qui contrôle le tout est obnubilée par la bourse [...].

Il y a longtemps que les dirigeants ne sont plus extravagants. J'entend par extravagant une personne qui peut parfois être dure, parfois vulgaire, et désireuse de devenir riche. Mais ces gens-là aimaient vraiment le cinéma, et voulaient produire le meilleur film de l'année. Ils acceptaient donc de prendre des risques. Aujourd'hui, c'est fini".