Affichage des articles dont le libellé est Elephant Man. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Elephant Man. Afficher tous les articles

12 mars 2025

Elephant Man : découvrez qui réalisera le biopic

Le destin de Joseph Merrick, atteint de neurofibromatose, avait été sublimé par David Lynch dans un film devenu un classique en 1980, Elephant Man. Quarante-cinq ans plus tard, un nouveau biopic est actuellement en préparation du côté de Phoenix Pictures.

Simplement intitulé Joseph Merrick, le film sera réalisé par l'acteur Jack Huston et se concentrera sur les derniers mois de sa vie, notamment sur ses aspects "méconnus" comme le révèle The Hollywood Reporter.

"Je suis fasciné depuis longtemps par la vie de Joseph Merrick, marquée par des épreuves inimaginables, mais également marquée par sa profonde gentillesse, sa persévérance et sa force", déclare Jack Huston dans un communiqué.

Apparu, entre autres, dans House of Gucci de Ridley Scott et The Irishman de Martin Scorsese - film dans lequel il incarnait Robert Kennedy -, Jack Huston a réalisé un premier long métrage, Day of the Fight, en 2023.

Aucune information ne précise, pour le moment, qui incarnera le rôle-titre. En 2018, la BBC One préparait un nouveau biopic avec Charlie Heaton (Stranger Things) dans le rôle principal. Le projet a finalement été abandonné après plusieurs polémiques. Des associations reprochaient le choix de l'acteur au profit d'un talent concerné par la maladie dont était atteint Joseph Merrick.

La vie de l'homme anglais a de nombreuses fois été adaptées sur les planches. Parmi les acteurs qui l'ont incarné, on peut citer David Bowie ou encore Bradley Cooper.

Joseph Merrick, prochainement au cinéma

17 janvier 2025

Elephant Man, la monstrueuse parade de Lynch

« Dans dix ans, Des gens comme les autres sera au mieux une réponse au Trivial Pursuit. Alors qu' Elephant Man restera un film à voir. », lance Mel Brooks après la cérémonie des Oscars de 1981 qui a vu le long-métrage de Robert Redford coiffer au poteau celui de son jeune poulain. Près de 40 ans plus tard, on ne peut évidemment pas lui donner tort, sachant, qu’outre Elephant Man, il y avait également dans la course au titre : Tess de Polanski et Raging Bull de Scorsese. Qu’importe, David Lynch, à peine sorti des recoins sombres de son petit hangar où il manipulait à sa guise des créatures cauchemardesques (Eraserhead…), s’est ainsi retrouvé en costard à tailler le bout de gras avec les huiles hollywoodiennes.

Car Elephant Man est certes un film étrange et personnel mais fabriqué dans un moule mainstream (distribué par la Paramount aux Etats-Unis, la Columbia en Angleterre) et chapeauté par Mel Brooks dont la folie et les extravagances artistiques savent rester au service d’une logique industrielle. Brooksfilms produit donc Elephant Man puis plus tard La mouche de Cronenberg permettant aussi au canadien d’affirmer sa singularité au plus grand nombre.

David Lynch a 34 ans quand il tutoie les lauriers des Oscars. Dans le livre d’entretiens avec Chris Rodley (Cahiers du cinéma), le cinéaste se souvient avec détachement et amusement de cette soirée où sur la scène il est présenté comme « un jeune metteur en scène britannique », lui le petit gars du Montana. « Je savais que ça n’avait rien à voir avec moi. Je faisais la même chose qu’avant. C’est là qu’on réalise que ce qui arrive à un film ne dépend absolument pas de soi. »

Elephant Man raconte un peu cette histoire-là, celle d’une créature étrange exhibée à la bonne société victorienne qui en fera une sorte de trophée avec toute la condescendance des privilégiés. Les « malformations » de Lynch surgissent, elles, dès les premières minutes du film avec ce portrait en médaillon d’une belle jeune femme (une Laura Palmer avant l’heure ?) sur lequel se superpose des images floues d’éléphants en furie remplissant l’écran de leurs barrissements affolés.

Ce monde, c’est l’inconscient du héros donc du film en son entier. Ces éclairs de lucidité heurtés apparaîtront à plusieurs endroits. Lors de projections tests, les pontes de la Paramount voulaient supprimer tout ça au nom d’une linéarité souveraine. Mel Brooks tel le Docteur Treves (Anthony Hopkins) réussira à faire taire les sceptiques. Plus de quarante ans plus tard, de telles largesses semblent impensables dans un monde marvelisé où les monstres ont été depuis longtemps domestiqués.

Elephant Man est un film charnière dans l’histoire du cinéma, de ces œuvres qui tiennent à la fois compte d’un héritage et envoient les signaux du futur. Lynch regarde Tod Browning et Friedrich W. Murnau tout en montrant la voie aux frères Quay, à Tim Burton ou Guillermo del Toro. Elephant Man est ainsi enveloppé d’un noir et blanc magnétique et intemporel signé du génial chef op et réalisateur britannique Freddie Francis.

L’hommage dans la dernière partie à La monstrueuse parade est particulièrement émouvante. Lors d’une nuit de pleine lune, les Freaks du cirque libèrent John Merrick de son tortionnaire et lui offrent une liberté dont on se demande s’il saura quoi en faire. Après Elephant Man, Lynch va encore grossir et se voir offrir des ponts d’or. Ce sera la superproduction Dune sur laquelle il va se fracasser. A la fin d’Elephant Man, du haut de sa loge, Merrick se lève devant un parterre de bourgeois qui l’applaudissent à tout rompre. Il se retrouve aussitôt, seul dans sa chambre où il meurt soulagé de ses blessures.

Lynch, lui, va retourner dans son hangar jouer en secret avec ses nouveaux monstres (Blue Velvet puis Twin Peaks…) Pour les 40 ans du film, en 2020, Studiocanal proposait une nouvelle copie entièrement restaurée image et son. Sublime, forcément sublime.    

21 février 2024

Elephant Man : Anthony Hopkins a essayé de faire virer David Lynch

Dans la galaxie des oeuvres de David Lynch, Elephant Man est sans nul doute celle qui reste la plus accessible de son auteur. Elle fut d'ailleurs cruellement et scandaleusement oubliée des Oscars en 1981 d'où elle repartira les mains vides malgré ses huit nominations dont celle du Meilleur acteur pour un inoubliable John Hurt, passé à la postérité sous les traits du personnage.

Endossant les habits de Frederick Treeves, le jeune chirurgien de renom qui recueille John Merrick et découvre chez lui un être doué d'une grande intelligence et assoiffé d'amour, Anthony Hopkins livre une composition admirable; assurément une des meilleures de sa riche carrière.

Elephant Man représentait le premier film de Lynch produit au sein d'un studio, et il avait les coudées franches pour livrer la version qu'il souhaitait, avec la bénédiction de Mel Brooks à la production.

Un Lynch assez Control Freaks d'ailleurs : à l'origine du projet, il voulait faire lui même les prothèses de John Merrick avec de la mousse de polyuréthane souple. Mais peut satisfait du résultat, il s'adressa alors, tardivement, à Christopher Tucker.

La singularité de la méthode de travail de Lynch a fini par susciter de vraies tensions avec Anthony Hopkins, qui trouvait le cinéaste peu professionnel et surtout pas assez taillé pour gérer un film de cette envergure. Au point qu'il passa un coup de fil à Mel Brooks, pour tenter de le faire virer du tournage.

Mais le producteur n'a pas lâché son réalisateur, maintenant sa confiance en lui. "Il est comme un chien fou, bien sûr, et il projette ses propres troubles émotionnels et sexuels dans son travail et nous envahi avec les sentiments qui l'assaillent" racontera Brooks.

Des années plus tard, plus apaisé, Hopkins avouera avoir écrit une lettre au réalisateur, pour s'excuser de son comportement sur le tournage. "Je lui ai écrit une lettre pour m'excuser de mon comportement sur le tournage du film. J'étais très rebelle et me suis très mal comporté. Il voulait faire trop de prises, et moi je ne pouvais pas les faire.

Il était assez distant, et je ne comprenais jamais ce qu'il disait ou voulait, ce qui me rendait particulièrement irritable. Cela fait des années que je ne l'ai pas vu, mais c'est un homme brillant. J'aime beaucoup David".