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03 février 2025

Guy Pearce se trouve nul dans Memento

En décembre, Guy Pearce révélait à Vanity Fair la raison pour laquelle il n'a plus retravaillé avec Christopher Nolan depuis l'an 2000 et leur thriller Memento,qui retourne le cerveau. Selon l'acteur australien, c'était lié à la longue collaboration entre le cinéaste et la Warner Bros. : l'un des dirigeants du studio ne l'aimait pas !

"Chris m’a parlé de rôles à plusieurs reprises au fil des ans. Dans le premier Batman ou Le Prestige. Mais il y avait un dirigeant de Warner Bros. qui a dit très ouvertement à mon agent : « Je ne comprends pas Guy Pearce. Je ne comprendrai jamais Guy Pearce. Je n’engagerai jamais Guy Pearce. » Donc, d’une certaine manière, c'était bon à savoir. OK ! Pourquoi pas après tout, il y a des acteurs avec lesquels j'ai du mal moi aussi. Mais cela signifiait par la même occasion que je ne pourrais plus jamais travailler avec Chris, du coup."

Aujourd'hui âgé de 57 ans et nommé aux Oscars pour son second rôle dans The Brutalist, de Brady Corbet, Pearce pourrait-il à présent refaire équipe avec Nolan, maintenant qu'il a changé de collaborateurs ? Suite au succès d'Oppenheimer chez Universal, ce dernier prépare en effet une adaptation de L'Odyssée d'Homère avec eux eux.

Oui mais voilà, lors d'une interview au Times, Guy Pearce a révélé avoir des doutes sur ses talents d'acteurs :

"J'ai une crise existentielle, confesse-t-il au média britannique. J'ai revu Memento l'autre jour et j'en suis toujours déprimé. Je suis nul dans ce film. Je n'avais jamais pensé ça avant, mais j'ai fait une séance de questions-réponses sur Memento plus tôt ce mois-ci et j'ai décidé de revoir le film. Pendant ce visionnage, j'ai réalisé que je détestais ce que j'avais fait. Et donc tout ce truc sur un dirigeant de chez Warner qui expliquerait pourquoi je n'ai pas retravaillé avec Chris ? Tout cela s'est effondré. Je sais pourquoi je n'ai pas retravaillé avec Chris — c'est parce que je ne suis pas bon dans Memento."

Une confession surprenante, tant depuis 25 ans, ce film au montage très particulier a fasciné les cinéphiles. Pearce a d'ailleurs été nommé pour son travail d'acteur par l'Association des critiques de cinéma de Chicago, la Boston Society of Film Critics et aux Saturn Awards, et il a remporté le prix du meilleur acteur pour Memento aux San Diego Film Critics Society Awards.

C'est d'autant plus étonnant qu'en 2020, interviewé par Première sur sa carrière, Guy Pearce n'avait eu que des compliments pour Memento : 

"Un jour, mon agent m’envoie le script et me dit juste : 'C’est incroyable. Mais ne sois pas surpris, la moitié se déroule à l’envers.' Je le lis, et je tombe de ma chaise. Waouh ! C’était fait pour moi, d’autant qu’à ce moment-là que je ne voulais plus tellement jouer dans des films de studios. Ce qui me branchait vraiment, c’était le cinéma indépendant. L’inattendu. J’avais d’ailleurs tourné Vorace et A Slipping-Down Life peu de temps avant, ça vous donne une idée de mon état d’esprit de l’époque. Bref, je suis hyper enthousiaste et je regarde immédiatement Following, le premier film de Christopher Nolan. Et là, je comprends qu’il se passe un truc avec ce mec. Je ne fais jamais ça, mais je l’appelle pour lui dire à quel point je veux faire ce film. Je tente le truc timidement, en ayant en tête les histoires dingues qu’on entend à Hollywood : 'Cet acteur a campé trois jours devant ma porte, j’ai tout de suite su que c’était lui !' (Rires.) Je suis un peu gêné, je m’excuse presque au téléphone. Je ne sais pas si c’est grâce à ça qu’il m’a pris, mais en tout cas ça s’est fait. Je crois que le rôle a été proposé à Brad Pitt et à quelques autres personnes aussi [Aaron Eckhart ou Alec Baldwin, NDLR]… Quelle chance j’ai eue, ça a été un game changer pour moi. Enfin… Plus ou moins. Ça m’a sûrement ouvert des portes, peut-être que certains ont pu enfin m’imaginer dans des rôles principaux. Le truc, c’est que ce film est sa propre star, vous voyez ce que je veux dire ? Tout est parfaitement exécuté, un vrai coup de maître. C’est marrant, on me dit souvent que L.A. Confidential était le dernier film de son genre : à l’ancienne, bon budget mais pas mirobolant, une vraie belle histoire à l’hollywoodienne. Alors que Memento était le premier de son genre : un film d’avant-garde, petit mais très efficace, hyper dur à appréhender. C’est un honneur d’avoir participé aux deux."

Déjà connu pour pour Priscilla Folle du désert et effectivement L.A. Confidential, Pearce n'a cessé d'étoffer sa carrière de projets ambitieux tels que Mare of Easttown, Prometheus, Des Hommes sans loi, Le Discours d'un roi ou Démineurs. Il a aussi essuyé des échecs, mais il reviendra très bientôt dans The Brutalist, qui a reçu un accueil phénoménal lors de la dernière Mostra de Venise. Il sortira le 12 février au cinéma.

11 octobre 2020

Memento a 20 ans : Christopher Nolan décrypte son propre film

Le 11 octobre 2000, le public français découvrait pour de bon le cinéma de Christopher Nolan. Moins d'un an après Following, son premier long métrage sorti le 1er décembre 1999 de manière confidentielle sur nos écrans, Memento faisait forte impression et retournait l'esprit des spectateurs grâce à sa structure particulière : le récit débute en effet par la fin et remonte vers le début, ce qui permet à chacun de se mettre dans la peau du personnage principal joué par Guy Pearce, qui cherche à se venger du meurtre de sa femme mais souffre d'une forme rare d'amnésie, qui l'empêche de se souvenir de ce qu'il s'est passé dix à quinze minutes plus tôt.

Manipulation, deuil, vengeance, enfermement (ou obsession, les deux vont souvent ensemble chez le cinéaste)… Les thèmes fétiches de Christopher Nolan sont déjà bien présents dans cet opus, au même titre que sa fascination pour le temps, qui s'exprime ici dans sa manière de bouleverser la chronologie : "Ce qui est particulier avec Memento, c'est qu'on a tendance à la décrire comme un film non-linéaire, alors qu'il est extrêmement linéaire", expliquait-il en 2018, lors d'un masterclass donnée pendant le Festival de Cannes. "On ne peut même pas faire plus linéaire, sauf que le récit est raconté à l'envers." Il n'empêche que sa structure est complexe, à tel point que le metteur en scène passe près de vingt minutes à la décortiquer en vidéo pour Eyes on Cinema.

On y voit notamment Christopher Nolan nous conseiller de nous fier davantage aux séquences en noir et blanc, qui nous montrent le personnage principal de manière objective, qu'à celles en couleur, avec lesquelles nous remontons dans le temps et qui se focalisent sur la subjectivité du protagoniste, qui est lui-même perdu face à ses certitudes. Mais le clou du spectacle reste sans conteste ce moment où le réalisateur explique, grâce à un schéma dessiné sur un tableau noir, la façon, non-rectiligne, dont le temps est envisagé dans le long métrage. Un dessin qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler ces scènes d'Interstellar dans lesquelles des scientifiques expliquent le fonctionnement des trous noirs, comme quoi tout est lié chez le Britannique, au même titre que le concept central de Tenet fait écho au générique de Memento.