Sorti en France le 7 juin 2000, American Psycho a fortement marqué les esprits, révélant au passage un jeune acteur au charisme indéniable, Christian Bale. 5 ans avec Batman Begins, le comédien excelle dans le rôle de Patrick Bateman, golden boy arrogant et violent, pur produit de la réussite américaine.
Jeune, riche, il est un de ces traders qui triomphent à la bourse. Seul le nec plus ultra est digne de lui et il s'emploie à ne retrouver que des symboles qui lui renvoient une image de succès. Il accumule, avec une obsession maladive, les vêtements selects, les relations enviables. Son voeu le plus cher est de se fondre dans cette foule, de trouver sa place au milieu de ceux auxquels il s'identifie.
24 ans après sa sortie, le film reste toujours aussi puissant, également porté par un casting de haute volée : Willem Dafoe, Jared Leto, Chloë Sevigny, Justin Theroux et Reese Witherspoon. American Psycho est une adaptation par la réalisatrice Mary Harron du grand classique éponyme de la littérature américaine écrit par Bret Easton Ellis et publié en 1991.
Doté d'un petit budget de 7 millions de dollars, le long-métrage rapporte 34 millions à l'international, devenant rapidement un phénomène. En France, il attire plus de 360 000 spectateurs, un joli score s'il en est. Ce succès va donner des idées à certains producteurs peu scrupuleux.
Deux ans après la sortie d'American Psycho, un projet de thriller de série B voit le jour intitulé The Girl Who Wouldn't Die. Mila Kunis doit en tenir le rôle principal, celui de Rachael, une étudiante instable souhaitant devenir l'assistante de l'un de ses professeurs en criminologie (William Shatner). Elle n'hésitera pas à éliminer tous les obstacles qui se dresseront sur sa route.
Le film, mis en scène par Morgan J. Freeman, aurait dû rester une simple série B horrifique sans prétention comme il en sortait de très nombreuses au début des années 2000, sans doute sous l'impulsion du succès de la saga Scream. Pourtant les producteurs du studio Lionsgate en ont décidé autrement.
Au cours du tournage, ces derniers décrètent que The Girl Who Wouldn't Die deviendrait une suite d'American Psycho. Pour raccrocher les wagons, une scène est rajoutée au chausse-pied dans laquelle l'héroïne assassine Patrick Bateman, ici joué par Michael Kremko. Il s'agira du seul lien qui relie les deux oeuvres, massacrant d'ailleurs sans vergogne le personnage original, qui ne méritait absolument pas ce manque de respect.
Ce revirement de la production en plein tournage n'a pas du tout été apprécié par les acteurs du film, qui ont tous regretté d'avoir pris part à cette entreprise bancale.
Mila Kunis reniera ce long-métrage un peu plus tard au micro de MTV News, confiant son regret profond d'avoir fait le film. L'actrice, horrifiée par le produit final, a finalement été heureuse qu'il soit sorti directement en vidéo.
Elle a aussi expliqué que le film a été radicalement modifié par rapport au scénario original qu'elle avait accepté. L'auteur du roman original, Bret Easton Ellis, a même publiquement dénoncé cette suite opportuniste, affirmant que les personnages n'étaient pas absolument liés à son oeuvre.
En effet, toute la dimension satirique inhérente à American Psycho y est inexistante ; le récit de cette pseudo-suite force le côté slasher sans y injecter l'humour grinçant et la critique acerbe de la société américaine qui fait tout le sel du roman et de son adaptation. La critique mordante du capitalisme et de la culture yuppie est également totalement absente.
