Plusieurs jeunes actrices ont récemment accusé Cary Fukunaga de harcèlement sexuel. Tout a commencé par la colère de Rachel Vinberg, une skateuse professionnelle qui a tourné un clip avec le réalisateur quadragénaire quand elle avait 18 ans. Ils ont alors entamé une relation intime, qui a duré jusqu'à ses 21 ans durant laquelle il a eu un comportement déplacé envers elle : elle le décrit comme manipulateur et l'accuse d'avoir construit une ambiance malsaine au sein du couple, notamment en la présentant comme sa cousine, sa nièce ou sa soeur en public, conscient de leur grande différence d'âge. Alors quand il a pris la parole sur les réseaux sociaux pour "défendre les femmes", elle a publiquement dénoncé ses agissements : "J'ai passé des années à avoir peur de lui. Ce mec est un agresseur, et ce depuis des années. Attention à vous, les filles." Ses messages ont été partagés par des personnes proches du réalisateur, comme son ex-petite amie Margaret Qualley, et ils ont poussé d'autres personnes à parler. Ainsi, les soeurs Hannah et Cailin Loesch ont raconté comment il les avait rencontrées sur le tournage de la série Maniac (2018), sur Netflix, et s'était ensuite arrangé pour les inviter chez lui et leur proposer un plan à trois. Elles ont refusé, mais il a insisté en justifiant que "l'inceste, c'est ok si toutes les personnes impliquées sont d'accord." Une autre comédienne, Raeden Greer, a de son côté expliqué qu'elle avait été virée de la série True Detective (sur laquelle il travaillait en 2014) quand elle a refusé de se dénuder : son contrat ne stipulait pas de scène de nu, mais le réalisateur aurait finalement insisté pour qu'elle enlève son t-shirt sur le plateau. Elle a dit non et n'apparaît finalement pas dans la série.
Peu après ces révélations, Rolling Stone partage des témoignages d'autres actrices, qui, si elles préfèrent rester anonymes, confirment les comportements déplacés du réalisateur de Mourir peut attendre, à de nombreuses reprises et sur différents projets. Sur sa dernière série, Masters of the Air, il a par exemple demandé à deux jeunes comédiennes de rester après une prise, alors que les autres acteurs quittaient le plateau. Habillées en prostituées pour le tournage, il a voulu les photographier, expliquant que cela faciliterait les raccords avec une prochaine séquence à tourner, mais cela ne figure normalement pas dans les missions d'un réalisateur : c'est au chef costumier de vérifier que les vêtements des comédiens et figurants sont raccords d'une scène à l'autre. Les deux actrices auraient été "mal à l'aise" à cause de cette demande, ce qui a poussé des membres de l'équipe à se méfier de lui. D'autres agissements sont ensuite pointés du doigt : Cary Fukunaga aurait récupéré des numéros de téléphone de comédiennes et figurantes sur la feuille de présence, utilisée sur un tournage pour organiser les prises de vue, puis leur a envoyé des textos pour leur proposer de boire un verre après les prises. L'une d'elle explique même avoir appris par ce biais qu'elle ne serait pas retenue pour un rôle mais qu'il lui "proposait un 'date' à la place".
S'il n'est pas question de viol, ni d'agressions sexuelles, l'article évoque de multiples exemples où il aurait abusé de sa position de réalisateur pour proposer des rencards, des photos ou des tatouages à des femmes, toujours plus jeunes que lui. Des demandes jugées déplacées par les intéressées et certains témoins présents avec elles sur les tournages. Il se défend avec son avocat en expliquant qu'il prend des photos de tous les membres du casting, hommes comme femmes, jeunes comme plus âgés, et qu'il aime dessiner des tattoos rapides, qu'il est connu pour ce talent et qu'il n'oblige personne à se faire tatouer. Lui met en avant le consentement de chacune des personnes avec qui il aurait "dépassé les limites professionnelles". Les témoignages sont pourtant nombreux et relatent toujours les mêmes "techniques" pour obtenir un "date", un numéro de portable ou pour tenter d'entamer une relation intime.
L'article se termine sur le témoignage de Nick Cuse, scénariste aux côtés de Cary Fukunaga sur plusieurs projets. Si lui ne reproche rien de sexuel au réalisateur, il dénonce son côté manipulateur et affirme qu'il s'agit de "la pire personne" avec laquelle il ait eu à travailler, détaillant qu'il lui a par exemple imposé d'écrire le nom de Cary Fukunaga sur un script qu'il avait lui-même passé tout le week-end à écrire.