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25 avril 2025

Pour le boss de Netflix, voir des films au cinéma "est un concept dépassé !"

La question claque dans l'air dès les premières secondes de l'entretien : "Avez-vous détruit Hollywood ?"

Le co-PDG de Netflix, Ted Sarandos, était en conférence hier soir avec  le rédacteur en chef du Time Magazine, lors du Time100 Summit. L'occasion de faire un état des lieux du cinéma et de l'industrie. Sans surprise, sa réponse a été claire : "Non, nous sommes en train de le sauver".

Et Ted Sarandos d'expliquer dans la foulée pourquoi Hollywood est en souffrance depuis quelques années, tandis que Netflix croît encore et encore :

"Netflix est une entreprise très centrée sur le consommateur. On se soucie vraiment de livrer les programmes comme vous voulez les regarder."

Pour le boss de l'entreprise de streaming n°1 dans le monde, si le box-office mondial rame autant, c'est un symptôme du mal qui ronge le milieu : "Qu’est-ce que ça dit ? Qu’est-ce que le public essaie de nous faire comprendre ? Qu’il préfère regarder les films chez lui, merci bien ! Les studios et les cinémas se battent pour préserver cette fenêtre de 45 jours qui n’a plus rien à voir avec l’expérience actuelle du spectateur, qui est juste d’aimer un film."

Ted Sarandos fait ici référence à la chronologie des médias américaine selon laquelle dans les 45 jours suivant la sortie d’un film, il ne peut être diffusé qu’en salle de cinéma, pas en streaming ni en VOD. En revanche, il peut désormais sortir en DVD dans les 17 jours qui suivent.

Cedi étant dit, Netflix n’a pas complètement tourné le dos aux salles obscures : la plateforme détient notamment le Bay Theater à Los Angeles et le Paris Theater à New York. Deux cinémas que Netflix a, selon Sarandos, « sauvés » d’une reconversion en pharmacie : "On ne les a pas sauvés pour sauver l’industrie des cinémas. On les a sauvés pour préserver l’expérience du cinéma."

La plateforme est aussi contrainte de proposer des sorties limitées en salle pour que certains de ses films visant des Oscars puissent être éligibles comme Glass Onion (2022) ou Emilia Pérez (2024). "On fait ces sorties sur mesure… Il faut cocher quelques cases pour les Oscars, faire tourner le film un peu, ça aide aussi dans le cycle médiatique. Mais j’ai toujours encouragé les réalisateurs avec qui on travaille à se concentrer sur le public. Faites un film que les gens aiment, et ils vous le rendront bien."

Bien entendu, le boss de Netflix prêche pour sa paroisse, et sans détour, il estime que le modèle de la salle de ciné est carrément révolu !

"Beaucoup ont grandi avec ce rêve : faire des films pour un écran géant, pour une salle remplie d’inconnus et qui resterait deux mois à l'affiche avec des séances pleines et des gens qui pleurent… Mais ça, c'est un concept dépassé !"

Selon Sarandos, créer des œuvres pour les salles, le cinéma en tant qu'expérience collective, est une idée obsolète :

"Je pense que oui, cette idée est dépassée. Pour la majorité des gens, pas pour tout le monde. Si vous avez la chance d’habiter Manhattan, vous pouvez peut-être aller au cinéma à pied, à côté de chez vous et c’est génial. Mais ce n’est pas le cas de la majorité du pays."

Il met alors le doigt sur l'obligation quasi systématique de faire un déplacement, en voiture, pour aller voir un film dans une salle, dans la plupart des villes américaines.

Finalement, le businessman assure ne pas être contre les cinémas, "mais leur déclin ne me dérange pas. Ce qui me dérangerait, c’est que les gens arrêtent de faire de grands films".

Et il met Hollywood en garde : ne vous laissez pas piéger par le fantasme de l’expérience en salle. Ne vous enfermez pas dans cette idée que les films doivent être vus comme vous voulez qu’ils soient vus : "Ce qui compte, c’est comment le public veut les voir. C’est ça, l’avenir de l’industrie."

Une nouvelle vision du cinéma, de Hollywood et de l'industrie en général qui ne devrait pas manquer de faire réagir dans les jours voire les années qui viennent.