Réalisateur du Schpountz, de Manon des Sources, de La Femme du boulanger et bien sûr de la célèbre Trilogie marseillaise, Marcel Pagnol compte parmi les premières légendes du cinéma parlant en France. Celui que l'on connait aujourd'hui plus volontiers en tant qu'auteur a en effet joué un rôle certain dans le développement de l'industrie sur le sol de l'Hexagone.
Créateur de ses propres studios de cinéma (qu'il avait l'ambition de transformer en véritable "Hollywood provençal"), Pagnol a donc mis en scène de nombreux longs métrages.
L'un d'entre eux, pourtant, n'a jamais eu la chance d'atteindre les salles obscures, car il a tout simplement disparu... il y a 83 ans.
Il s'agit de Florence, le premier volet d'une trilogie que Marcel Pagnol avait intitulée La Prière aux étoiles, et dont le scénario évoquait notamment son histoire d'amour passionnée avec sa compagne de l'époque, Josette Day, qui devait d'ailleurs interpréter le rôle principal.
Le film suivait ainsi les relations tumultueuses et la romance mouvementée entre une jeune actrice de cinéma et un compositeur de musique.
"C’était son projet le plus ambitieux", a confié Nicolas Pagnol dans les colonnes de Nice-Matin au sujet de son grand-père Marcel. "Il voulait réaliser trois films, une nouvelle trilogie après Marius, Fanny et César. C’était aussi son projet le plus personnel. Il a mis beaucoup de lui-même dans ses personnages."
Malheureusement, sous l'Occupation, Pagnol est approché par une firme allemande qui veut s'approprier son nouveau film. Il préfère alors s'en débarrasser plutôt que de le céder à l'ennemi :
"On ne l'a jamais vu parce que j'ai été obligé d'en détruire une bonne partie, parce que les Allemands voulaient me prendre le film et le distribuer eux-mêmes", déclarait-il ainsi dans le documentaire Les trésors de Marcel Pagnol diffusé sur France 5.
"Alors, à coups de hache, je l'ai fait détruire devant un huissier, pour leur dire que c'était vrai, et je n'ai pas fini le film. Je me suis dit que je le finirais après la guerre. J'avais fini le premier film, mais il devait y en avoir trois. Et puis, tout ça a disparu."
Espérant néanmoins reprendre le tournage de sa Prière aux étoiles après la guerre, Pagnol finit par laisser définitivement tomber le projet à la mort de Fernard Charpin, le comédien principal (en 1944), et lorsque se termine sa relation avec Josette Day.
Mais contre toute attente, ainsi que l'a récemment annoncé un article de Nice-Matin, une copie de ce film que tout le monde pensait perdu à jamais a été retrouvée.
En effet, en décembre dernier, un dénommé Valécien Bonnot-Gallucci, étudiant corse en histoire de l'art, avait demandé à consulter les archives du CNC, et avait eu la surprise d'y trouver 8 bobines complètes de La Prière aux étoiles (soit environ 80 minutes de film) en très bon état.
Epoustouflé par la découverte du jeune chercheur, Nicolas Pagnol, qui administre aujourd'hui le riche patrimoine de son grand-père, travaille déjà sur un moyen de faire profiter le public de ce trésor inédit. Il y a donc fort à parier que dans un futur proche, nous pourrons nous rendre au cinéma pour découvrir la dernière oeuvre perdue de Marcel Pagnol.