Il y a 39 ans, le 10 octobre 1985, disparaissait Orson Welles, à l'âge de 70 ans. Un génie exubérant et visionnaire, excellant dans tous les domaines artistiques mais largement incompris en son temps.
Le comédien, scénariste et acteur de Citizen Kane, largement considéré comme un des plus grands films jamais fait, était considéré à Hollywood comme un paria dans les dernières années de sa vie. Usé par des années à tenter de mettre sur pied des films dans lesquels personne ne voulait investir, ou alors inachevés.
Usé aussi à force de devoir chercher de l'argent non pas pour faire des films, mais simplement pour vivre, tandis que les acteurs et réalisateurs qui se disaient être ses amis et ayant trouvé l'inspiration grâce à lui, lui tournèrent le dos au moment où il en avait le plus besoin.
Parfois affabulateur et très volontiers provocateur, il n'en reste pas moins que Welles a vécu de sacrées tranches de vie. Comme cette anecdote assez incroyable qu'il a raconté sur le plateau du Dick Cavett Show, tenu et animé par une vedette très respectée, et surtout excellent interviewer, sachant mettre ses invités en confiance.
Le 27 juillet 1970, il a ainsi reçu Orson Welles dans son émission. "J'ai lu que dans votre jeunesse, vous vous êtes retrouvé assis à table à côté d'une personne qui deviendrait puissante quelques années plus tard" lance l'animateur.
"Ah oui ! Le leader politique mondial parti de rien, pour autant que je m'en souvienne, c'était Adolf Hitler. Je suis allé deux fois dans le Tyrol, dans cette région de l'Autriche, pour faire de la randonnée. Une fois ce fut avec un professeur, une autre avec deux autres personnes, dont l'une était un sympathisant nazi. A ce moment là, il y avait un grand rassemblement de nazis organisé non loin d'Innsbruck.
A cette époque, les nazis étaient encore un parti minoritaire, composé de gens que personnes ne prenaient au sérieux, à l'exception sans doute de mon compagnon de randonnée. Il s'est mis à chercher une place sur une table où se trouvait le leader de ce groupe d'individus.
Il y avait notamment Streicher, [NDR : Julius Streicher, éditeur antisémite, qui sera condamné à mort en 1946 au procès de Nuremberg], et deux ou trois autres personnes connues de ce parti. L'homme qui se tenait assis à côté de moi était Hitler. Il m'a fait si peu impression que je m'en souviens vaguement. Il n'avait pas de charisme. Ce dont je me souviens surtout, c'était 5000 personnes qui hurlaient "Sieg Heil !"
Une anecdote assez glaçante quand même...