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25 septembre 2022

Mort de Louise Fletcher, la terrifiante infirmière Ratched de Vol au-dessus d'un nid de coucou

Comme l’a annoncé son fils Andrew Bick au Hollywood Reporter, c’est ce vendredi 23 septembre que Louise Fletcher s’est éteinte à son domicile de Montdurausse, en France. Elle avait survécu à un cancer du sein dont une récidive. Décédée de causes naturelles, elle avait 88 ans.

Détentrice de l’Oscar de la meilleure actrice de 1976 pour son interprétation subtile et même émotionnelle de la cruelle et méprisable infirmière Mildred Ratched dans Vol au-dessus d’un nid de coucou (1962) – une adaptation par Milos Forman du roman du même nom de Ken Kesey –, Louise Fletcher a définitivement marqué le monde du cinéma, aujourd’hui en deuil. 

Son discours d’acceptation lors de la prestigieuse cérémonie restera notamment dans les mémoires : elle avait alors utilisé la langue des signes américaine pour remercier ses parents sourds – tout en remerciant à côté le public de l’avoir détestée !

Le long métrage, qui avait connu un succès substantiel au box-office, avait également remporté les prix du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur pour Jack Nicholson et du scénario le mieux adapté, et avait ainsi été le premier à remporter la fameuse statuette dans toutes les principales catégories depuis 4 décennies – un véritable classique qui a consacré l’actrice à jamais.

Son personnage est si culte que l’infirmière Ratched a été nommée 5ème plus grande méchante de l’histoire du cinéma par l’American Film Institute. Mais ce rôle légendaire, plusieurs actrices de renom l’avaient auparavant refusé, craignant un effet négatif possible sur leur carrière, mais après avoir vu Fletcher dans Nous sommes tous des voleurs en 1974, Milos Forman s’est décidé. Dans ses mémoires, il s’exprimera plus tard au sujet de la comédienne.

"Elle avait tout faux pour le rôle [Ratched], mais il y avait quelque chose en elle. Je lui ai demandé de lire avec moi et soudain, sous l’extérieur velouté, j’ai découvert une ténacité et une volonté qui semblaient adaptées au rôle."

Récemment apparue dans le long métrage A Perfect Man (2013) de Kees Van Oostrum, avec Liev Schreiber et Jeanne Tripplehorn, Louise Fletcher n’a jamais cessé d’étonner.

C’est sur le petit écran qu’elle a débuté et sur le petit écran qu’elle a le plus récemment joué : plus précisément en 2017 dans deux épisodes Girlboss sur Netflix. Apparue dans Star Trek: Deep Space Nine dans la peau de la cheffe spirituelle intrigante et fourbe Winn Adami de 1993 à 1999, elle a également joué dans la série de science-fiction culte VR.5 entre 1995 à 1997 ainsi que dans Urgences et 7 à la maison en 2005 ou encore Heroes en 2009. 

Nommée aux Emmys pour des rôles invités dans High Secret City : La ville du grand secret en 1996 et Le Monde de Joan en 2004, elle s’était aussi illustrée dans le rôle de la matriarche Peggy “Grammy” Gallagher, une ex-détenue rusée souhaitant néanmoins une relation avec ses petits-enfants, dans Shameless de Showtime. 

Après plus d’une décennie d’absence pour se consacrer à sa famille, Louise Fletcher avait recommencé à jouer en 1974 et avait alors livré une belle et forte performance dans Nous sommes tous des voleurs de Robert Altman, mais lorsqu’elle a été choisie pour incarner Ratched, la comédienne n’avait pas encore une grande notoriété à Hollywood – ce qui était sur le point de changer. 

Après ce rôle clé, sa carrière a basculé et l’actrice n’a pas manqué de se diversifier comme dans la parodie noire de 1978, Le Privé de ces dames avec Peter Falk, ou encore dans le drame de 1979, Natural Enemies, dans lequel elle a joué, face à Hal Holbrook, un personnage vulnérable et fragile sans difficulté.

Parmi les autres crédits de l’actrice, on peut citer Sexe Intentions (1999), dans lequel elle a joué une aristocrate géniale et chaleureuse de Long Island, L’Exorciste 2 - L’héretique (1977) avec Richard Burton et Linda Blair, Brainstorm (1983) avec Christopher Walken et Natalie Wood, Charlie (1984) mettant en vedette un très jeune Drew Barrymore ou encore Deux jours à Los Angeles (1996) de John Herzfeld.

Estelle Louise Fletcher est née à Birmingham, en Alabama. Ses parents étant sourds, elle a été initiée au théâtre par la tante qui lui a appris à parler à l’âge de 8 ans. Fletcher a fréquenté l’Université de Caroline du Nord et c’est après avoir fait un voyage à travers le pays qu’elle s’est retrouvée bloquée à Los Angeles et s’est rapidement lancée dans une carrière d’actrice.

Pour la comédienne en herbe, tout commence en 1958 avec un petit rôle à la télévision dans la série Flight. L’année suivante, elle enchaîne les apparitions dans Maverick, 77 Sunset Strip et Les Incorruptibles. Apparue deux fois dans Perry Mason en 1960, elle abandonne sa carrière en 1963 après avoir fait ses débuts sur grand écran dans Le Téléphone rouge de Delbert Mann.

En 1973, après avoir élevé ses enfants, elle reprend sa profession avec une apparition dans la série Médecins d’aujourd’hui. Un téléfilm plus tard, l’actrice est finalement choisie pour jouer un second rôle dans le fameux Nous sommes tous des voleurs de Robert Altman – que son mari, Jerry Bick, produit notamment.

L’histoire de la vie remplie et accomplie de Fletcher a d’ailleurs servi d’inspiration à l’un des personnages principaux du classique de 1975 de Robert Altman, Nashville : elle aurait dû alors incarner le rôle mais à l’époque Bick et Altman se sont disputés et ce rôle lui a échappé.

Louise Fletcher a été en effet mariée à Jerry Bick, un agent littéraire hollywoodien qui fut aussi plus tard producteur, de 1959 à 1978. Il est décédé en 2004. Elle laisse dans le deuil ses fils John Dashiell Bick et Andrew Wilson Bick.

25 septembre 2020

Ratched sur Netflix : pourquoi Michael Douglas est-il crédité au générique ?

Dix-neuf. C'est le nombre de producteurs que l'on retrouve au générique de Ratched, nouvelle série Netflix qui se présente que le prequel de Vol au-dessus d'un nid de coucou, en revenant sur le passé de sa célèbre infirmière. Parmi eux : le créateur Evan Romansky, le showrunner Ryan Murphy, l'actrice principale Sarah Paulson (qui succède à Louise Fletcher dans le rôle) ou encore un certain Michael Douglas. Qui n'est pas un homonyme, car il s'agit bien du comédien oscarisé pour sa prestation dans Wall Street et attendu prochainement dans Ant-Man 3, alors qu'il n'apparaît dans aucun des épisodes du show mis en ligne le vendredi 18 septembre sur la plateforme.

Pour comprendre les raisons de son implication, il convient de remonter, non pas à la sortie de Vol au-dessus d'un nid de coucou en 1975, mais en 1961. Cette année-là, Kirk Douglas, le père de Michael, découvre les épreuves d'un livre signé Ken Kesey, inspiré de sa propre expérience, dont il tombe instantanément amoureux, au point d'en acquérir les droits dès que l'occasion se présente, afin de monter une adaptation. Laquelle voit le jour deux ans plus tard… sur les planches de Broadway. Pendant quatre-vingt-deux représentations, entre le 13 novembre 1963 et le 25 janvier 1964, l'acteur incarne Randal Patrick McMurphy, criminel qui a plaidé la folie pour purger sa peine dans un hôpital psychiatrique où il se révolte contre les traitements infligés par l'infirmière en chef, Mildred Ratched. La star de Spartacus y donne la réplique à William Daniels et Gene Wilder, et compte bien reprendre le rôle dans une transposition sur grand écran.

Celle-ci mettra plus longtemps que prévu à voir le jour alors que Kirk Douglas pense avoir trouvé le réalisateur idéal en la personne du Tchèque Milos Forman, qu'il rencontre en 1966 à Prague dans le cadre d'une tournée de bienfaisance au cours de laquelle il découvre ses films. Il promet même de lui envoyer le roman alors appelé "La Machine à brouillard" une fois revenu aux États-Unis, mais le principal intéressé ne le reçoit jamais car le livre est intercepté à la frontière, et l'acteur interprète son absence de réponse comme un refus. Deux ans plus tard, le metteur en scène s'exile outre-Atlantique, et le projet refait surface au début des années 70 avec un changement important : désormais cinquantenaire, l'acteur est jugé trop vieux pour le rôle de McMurphy qu'il convoitait toujours par la société de production, et passe la main à son fils Michael, désireux de faire ses vrais premiers pas de producteur, après une première expérience non-créditée au générique, sur L'Ombre d'un géant, long métrage porté par son père.

Associé au producteur Saul Zaentz, il lance pour de bon ce qui se présente comme une adaptation de la pièce de Dale Wasserman et du roman de Ken Kesey dont celle-ci s'inspire. Un livre que Milos Forman finit, enfin, par recevoir, son nom ayant été suggéré à Michael Douglas par le co-scénariste Lawrence Hauben. Et le réalisateur ne met pas longtemps à accepter, voyant dans cette histoire et le personnage de Ratched un écho des difficultés qu'il a rencontrées avec le parti communiste dans son pays natal. Porté par Jack Nicholson, premier choix du metteur en scène qui a dû repousser les prises de vues de six mois le temps que l'acteur soit libre, Vol au-dessus d'un nid de coucou se tourne entre janvier et mars 1975, dans un vrai hôpital psychiatrique de l'Oregon trouvé par son jeune producteur (où certains patients jouent les figurants), puis sort le 19 novembre dans les salles américaines, où il rapporte 108 981 000 dollars.

Une somme dont Ken Kesey récupère 2,5% (contre les 5 initialement réclamés) après avoir attaqué le film et ses producteurs en justice, estimant que ces derniers avaient trahi leur promesse verbale de ne pas faire de gros changements par rapport à son roman. Malgré ce point noir, le triomphe du long métrage est total. Il attire 4 774 879 spectateurs dans les cinémas français et fait une razzia aux Oscars en 1976 avec un total de cinq trophées. Et pas des moindres : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Actrice et Meilleur Scénario. Soient les plus importantes des récompenses. Un Grand Chelem, ou Big Five, que seul New York - Miami avait réalisé jusqu'ici, en 1935, et que Le Silence des Agneaux accomplira également en 1992. Ayant joué un aide-soignant dans la pièce, Michael Douglas avait convoité le rôle de Billy Bibbit sur grand écran, mais ce dernier a finalement été attribué à Brad Dourif.

Ce qui ne l'empêche pas de participer à la fête en reçevant, avec Saul Zaentz, l'Oscar du Meilleur Film (remis aux producteurs). Aujourd'hui encore, il est le seul à avoir cumulé ce trophée et celui du Meilleur Acteur à Hollywood (Brad Pitt et George Clooney ont presque réussi à l'égaler, mais n'ont été sacrés "que" pour un rôle secondaire, grâce à Once Upon a Time… in Hollywood et Syriana respectivement, alors qu'ils ont reçu la récompense suprême pour leur implication dans 12 Years a Slave et Argo). Et c'est en tant que producteur délégué qu'il est crédité au générique de Ratched, puisque la série se présente comme le prequel du film qu'il a lui-même produit. Sans son partenaire de l'époque, Saul Zaentz, décédé en 2014, mais avec le neveu de ce dernier, Paul, qui est l'un des (dix-neuf) producteurs du show, d'ores et déjà renouvelé pour une saison 2.

23 septembre 2020

Ratched sur Netflix : décryptage du mystérieux générique et sa musique

Attention, cet article contient des révélations sur l'intrigue de la série Ratched.

Elle est l'une des méchantes les plus emblématiques du cinéma américain. L'infirmière Ratched, inoubliable dans le film Vol au-dessus d'un nid de coucou, a droit à sa propre série grâce à l'imagination de Ryan Murphy et Evan Romansky. À l'écran, elle est interprétée par Sarah Paulson, actrice phare de la série American Horror Story. Disponible sur Netflix, ce programme en huit épisodes revient sur l'histoire personnelle du personnage et les nombreuses rencontres qui ont bouleversé sa vie et ce, dès 1947. Visuellement très travaillée, la série s'ouvre, à chaque épisode, avec un générique lyrique et obscur, rempli de symboles et de détails cachés. Explications

La première image du générique montre une jeune femme, vêtue d'une nuisette blanche, d'un manteau et d'une écharpe rouge, faisant face à une étendue d'eau. L'atmosphère est brumeuse et mélancolique, à l'image de la vie de Mildred Ratched. C'est elle qui apparaît de dos. Sa silhouette fluette laisse penser qu'elle est encore adolescente. Elle se penche et récupère un fil rouge qu'elle s'apprête à suivre aveuglement. Dans la culture asiatique, le fil rouge symbolise le destin et le lien qui unie deux personnes qui finiront, quoi qu'il arrive, par se rencontrer.

Durant tout le générique, Mildred Ratched traverse de nombreux décors. Elle quitte le paysage funeste pour une salle de réception, puis un couloir - dans lequel un homme est en train de tisser le fil -, avant de s'engouffrer dans une forêt lugubre. Cette trajectoire n'est autre que le parcours, mouvementé et tragique, de l'héroïne et les nombreuses étapes qu'elle a dû traverser. Le paysage représente sa solitude et l'inconnu; la salle de réception est l'univers bourgeois dans lequel elle a été recueillie lorsqu'elle était orpheline; le couloir évoque l'univers médical et donc son futur métier; tandis que la fôret n'est autre qu'une métaphore pour le danger.

À la fin de ce voyage, la jeune et innocente protagoniste se retrouve face à elle-même, une femme adulte, abîmée par les épreuves de la vie, qui finit par couper le fil rouge avec des ciseaux. Elles se rencontrent enfin, Mildred peut devenir Ratched. Le générique lève le voile sur le passé de l'infirmière et montre ce qu'elle a enduré pour devenir celle que les téléspectateurs s'apprêtent à découvrir.

Lorsque Mildred Ratched traverse la salle de réception, le décor apparaît saccagé. Les fauteuils et les lampes sont renversés, des débris jonchent le sol, des vases volent en éclats et les lustres n'émettent plus aucune lumière. Cet environnement agité illustre parfaitement le chaos dans lequel cette martyre a grandi. Par la suite, des plans particulièrement violents, comme celui d'une personne asphyxiée dans un sac en plastique ou d'un couteau ensanglanté, viennent entrecouper le générique. Or, dans la série, le personnage de l'infirmière ne tue personne de ses propres mains, elle se contente simplement de manipuler son entourage pour se débarasser de ses ennemis. Ces images évoquent l'esprit torturé de Mildred Ratched, qui tente d'enfouir des pensées beaucoup plus sombres.

Une autre chose frappe immédiatement en découvrant le générique : c'est son air entêtant. Cette musique, très connue, déjà entendue dans nombre de films et séries (de Shrek 3 à Hugo Cabret, en passant par Buffy contre les vampires, par exemple) n'est autre que la Danse Macabre, de Camille Saint-Saëns.

Ne serait-ce que par son titre, et sa musicalité anxiogène, Danse macabre colle parfaitement avec les images énigmatiques décrites ci-dessus. Le nom de Camille Saint-Saëns renvoie par ailleurs inévitablement au cinéma, car sa musique y est souvent utilisée et surtout associée à son Carnaval des animaux, l'un de ses "tubes", qui est la musique d'ouverture des séances du Festival de Cannes depuis plusieurs décennies.

Outre ce générique, la musique est très présente dans la série, et permet ainsi de glisser d'autres clins d'oeil à des œuvres, par exemple à Shining de Stanley Kubrick ou encore au cinéma d'Hitchcock.

05 août 2020

Bande-annonce de Ratched (Netflix) : le prequel de Vol au-dessus d'un nid de coucou se dévoile

Le 18 septembre prochain, Netflix vous invite à l’hôpital Sainte Lucia. La plateforme mettra en ligne ce jour-là la première saison de Ratched, une série qui explore les origines du personnage mythique de l’infirmière iconique de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Ce film sorti en 1975 avec Jack Nicholson (adapté du roman de Ken Kesey) avait remporté cinq Oscars cette année-là. C’est Sarah Paulson, la muse de Ryan Murphy, qui remplace au pied levé Louise Fletcher en prêtant ses traits  à l’infirmière aux méthodes… particulières. La bande-annonce nous donne un avant-goût de sa folie, de sa froideur et de son attrait pour des expériences parfois inhumaines. Tout comme le synopsis de la série : 

En 1947, Mildred s’installe en Californie du Nord pour trouver un emploi au sein d’un hôpital psychiatrique de renom où sont pratiquées des expériences cérébrales inédites et inquiétantes. En mission secrète, Mildred se présente comme l’infirmière dévouée et parfaite. Alors qu'elle commence à infiltrer le système hospitalier et ceux qui en font partie, son apparence élégante parvient à dissimuler la noirceur croissante qui la ronge depuis bien longtemps, révélant que les vrais monstres ne naissent pas ainsi mais sont créés. 

Ratched, c’est surtout un joli casting. Outre Sarah Paulson, nous retrouverons aussi à l’écran Sharon Stone, Vincent D’Onofrio , Corey Stoll ou encore Charlie Carver. Mais il faudra encore attendre un bon mois avant de les découvrir dans la nouvelle production de Ryan Murphy pour Netflix après The Politician.