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21 mars 2024

Vahina Giocante raconte sa longue reconstruction après avoir été victime d’inceste

Après avoir révélé les abus commis par son père sur elle, qui ont commencé lorsqu’elle avait cinq ans, Vahina Giocante a décidé de prendre la plume afin de raconter son chemin pour se reconstruire. A corps ouvert, qui sort le 28 mars aux éditions Robert Laffont, relate comment elle a pu s’en sortir et aujourd’hui être en paix. Avec elle-même mais aussi son géniteur à qui elle a choisi de dédier ce « livre sur l’amour et le pardon ».

Si elle a obtenu justice, son père ayant été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis, il lui aura fallu beaucoup de force pour aller jusqu’au bout. « Il n’y a pas de plus grande épreuve que d’envoyer son père en taule quand on a 17 ans », confie-t-elle à Paris Match.

D’autant que ce trajet a pu commencer à cause d’un élément déclencheur tout aussi traumatique.

Son père a également abusé de sa demi-sœur après l’avoir adoptée, le père de cette dernière étant décédé jeune dans un accident d’avion. « J’ai pris conscience de la gravité de l’acte à partir du moment où ça touchait ma sœur », explique la comédienne.

Au cours de sa « longue reconstruction », Vahina Giocante explique être « passée par toutes les thérapies possibles et imaginables » face à cette histoire « particulière » en raison de l’amour qu’elle éprouvait pour son agresseur. « Il existe un lien entre un père et sa fille. Dans ce cas, c’est un Œdipe poussé à l’extrême, qui détruit les fondations d’une personne », a-t-elle reconnu.

Une reconstruction d’autant plus compliquée que « cette agression n’a pas été faite dans la violence ». « Quand le délit est commis avec délicatesse et tendresse, c’est aussi destructeur et c’est en plus difficile à pointer du doigt et à dénoncer », ajoute Vahina Giocante.

15 mai 2023

Vahina Giocante révèle avoir été victime d'inceste

En annonçant la semaine dernière avoir quitté le cinéma pour des raisons politiques, Adèle Haenel a jeté un sacré pavé dans la mare. Dans sa lettre publiée dans Télérama, elle dénonçait la "complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et, plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est". Un prise de parole qui a généré de nombreuses réactions, souvent négatives…

Le coup de gueule d’Adèle Haenel a poussé une autre actrice, Vahina Giocante, à sortir également du silence. Choquée par le "déferlement de violence à l’encontre de [sa] consœur", elle a publié une longue lettre sur les réseaux sociaux pour lui apporter son soutien, mais aussi expliquer pourquoi elle s’était éloignée des plateaux de tournage pendant de nombreuses années.

La comédienne, connue pour ses rôles dans Blue Berry, 99 francs ou Secret Défense, raconte en préambule avoir "pris un soin tout particulier à rester pudique et silencieuse, à me protéger en protégeant un système qu’il est temps de mettre collectivement à terre sans violence juste par la force de la vérité nue." Aujourd’hui, elle estime qu’il est de son devoir de "se mettre à parler à prendre le relais sans honte, ni peurs ni reproches."

L’histoire d’Adèle Haenel résonne fortement pour Vahina Giocante. Elle aussi révélée très jeune, à l’âge de 14 ans, elle confie pour la première avoir également été agressée sexuellement. "A la différence que c’était par mon père. J’ai découvert ce que c’est que l’inceste aussi tôt que mes souvenirs commencent jusqu’à mes 11 ans. J’enchainais les tournages et en parallèle je portais plainte contre lui à l’âge de 17 ans pour protéger mes plus jeunes sœurs (je n’ai réussi à en épargner qu’une sur deux)."

Marquée par cette terrible expérience, elle raconte avoir ensuite pris de plein fouet "la violence de ce milieu que mentionne avec dégoût Adèle, et que nous avons TOUTES rencontré plus ou moins fréquemment et plus ou moins brutalement. Certains réalisateurs qui confondent le désir créatif avec celui de la chair, certains producteurs qui tentent d’user de leur influence en échange de quelques faveurs, certains partenaires qui profitent d’une scène intime pour se frotter et vous fourrer la langue …. Bref la liste est longue … Et ce sont ces petits abus, ces petites phrases déplacées, ces regards qui déshabillent ainsi que la difficulté d’envoyer chier tout ce petit monde sous peine d’être contrainte au chômage qui usent."

Au film de ce témoignage, on comprend pourquoi Vahina Giocante avait quitté le monde du cinéma et des séries. "Injonctions après injonctions on finit par disjoncter, par s’éteindre, par se mettre en Off. Je me souviens très bien de qui a appuyé sur l’interrupteur, c’était à l’occasion d’une scène de danse sur la série Mata Hari que je tournais… Les producteurs viennent me voir avant la scène et me lancent le plus naturellement du monde sourire aux lèvres - 'Bon là il faut y aller, faut tout donner, faut faire bander dans les caleçons'."

"Faire bander dans les caleçons ? J’en ris aujourd’hui mais considérant mon passif d’enfant sexuellement abusé cette phrase fut l’effet d’une bombe à l’époque… Ça ne s’arrêtera donc jamais, de mon père au parfait inconnu c’est donc ce qu’on attend de moi ??!!! Je pris la décision à cet instant précis de tout envoyer bouler comme Adèle, me cacher m’éloigner des caméras que j’aime tant et de m’enfuir a 10000 kilomètres pour 7 longues années de réflexion mais surtout de reconstruction. À la différence que je suis partie sans un mot sans une explication sans justification. Disparue des radars médiatiques en une fraction de seconde."

Aujourd’hui de retour en France et dans le métier, l’actrice âgée de 41 ans se dit "apaisée, solide, construite, aimée, et libre". Rangée dans "le camp de ceux qui osent", elle croit que le temps du déni touche à sa fin : "Il y a un grondement encore sourd mais qui s’élève inexorablement. Vous pouvez le combattre ou l’ignorer mais rien ni personne ne peut le réduire au néant parce qu’il est puissant, juste et que c’est le moment. Ni le rejet, ni les moqueries, ni la haine, rien ne peut s’opposer à cette grande purge collective."