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01 mai 2024

Melrose Place : une suite est en préparation

Et oui, c’est officiel, Melrose Place sera bientôt de retour sur nos petits écrans mais attention pas avec n’importe qui : Heather Locklear, Laura Leighton et Daphne Zuniga vont se réunir pour une suite du soap incontournable des années 1990. En effet, selon Deadline, un reboot de la série, avec le trio en question en tête d’affiche, serait bien en cours de développement chez CBS Studios et actuellement vendu auprès des chaînes et des plateformes de streaming.

Écrite par Lauren Gussis (créatrice de la série Insatiable de Netflix et CBS Studios), la nouvelle version de Melrose Place reprendra son histoire des années après la série originale et nous permettra ainsi de renouer avec les personnages et de découvrir où ils en sont désormais – et l’un d’entre eux pourrait d’ailleurs ne plus être de ce monde…

Comme annoncé par Deadline, dans la nouvelle série, lorsqu’un de leurs amis les plus chers décède subitement, les résidents originaux de Melrose Place se réunissent pour honorer le défunt. Mais ces retrouvailles ravivent bientôt d’anciens traumatismes, de vieilles romances, d’anciens ressentiments et révèlent de nouveaux secrets bien sûr, plongeant les héros dans un drame chaotique qui rappelle le passé, mais avec une perspective beaucoup plus moderne.

Heather Locklear, Laura Leighton et Daphne Zuniga devraient être au centre de cette nouvelle version, reprenant respectivement leurs rôles culte d’Amanda Woodward, Sydney Andrews et Jo Reynolds. Laura Leighton et Daphne Zuniga, entre autres, devraient également être productrices de la série.

Pour rappel, Melrose Place, ainsi que sa série-mère, Beverly Hills, 90210, ont été créées par Darren Star (Sex & the City, Emily in Paris), sous la coupe d’Aaron Spelling Productions pour la Fox. La série, diffusée pendant sept saisons de 1992 à 1999, suivait la vie d’un groupe de jeunes adultes vivant dans un complexe d’appartements sur Melrose Place, dans la région de West Hollywood, à Los Angeles.

Heather Locklear a participé à l’ensemble des sept saisons, tout d’abord de façon épisodique dans la saison 1, avant de devenir membre du casting à plein temps la saison suivante. Daphne Zuniga a été, quant à elle, une habituée du show pendant ses quatre premières saisons, tandis que Laura Leighton a joué dans les cinq premières saisons du drame en tant que guest, avant de prendre de plus en plus d’importance et de devenir membre du casting à part entière.

D’autres membres du casting original pourraient d’ailleurs être eux aussi de retour, selon Deadline. Parmi les réguliers du casting, on pouvait retrouver Marcia Cross, Thomas Calabro, Josie Bissett, Doug Savant, Grant Show, Courtney Thorne-Smith, Rob Estes, Brooke Langton, Kelly Rutherford, Kristin Davis, Alyssa Milano, David Charvet ou encore Lisa Rinna. Cette dernière, qui a eu vent de la nouvelle, a d’ailleurs exprimé son intérêt pour jouer dans cette suite.

“Eh bien, mon Dieu, j’en ai entendu parler”, a-t-elle déclaré à People. “Je n’ai pas été approchée ou quoi que ce soit, mais j’aimerais voir ce que fait Taylor McBride 25 ans plus tard. Ne serait-ce pas quelque chose ?”

L’actrice a également déclaré que travailler sur Melrose Place et aux côtés de “Heather [Locklear] et de toute l’équipe” a été l’une de ses “plus grandes et de ses plus amusantes expériences d’actrice” : “Je veux dire, c’était juste une super expérience. Donc, s’ils ont besoin d’une apparition de Taylor McBride, ils savent qui appeler. Je ne suis pas loin”, a-t-elle ajouté.

D’ailleurs, un certain nombre d’acteurs originaux, dont Heather Locklear, Laura Leighton et Daphne Zuniga, ont déjà repris leurs rôles en tant que guests dans la version CW/CBS de la série qui a été produite en 2009, Melrose Place, Nouvelle Génération, qui mettait en scène un tout nouveau groupe de personnages. Le show n’a cependant duré qu’une saison. La nouvelle version en préparation, elle, devrait davantage s’inspirer de la série originale que de la suite de la CW dans laquelle le personnage de Laura Leighton a été assassiné.

Au cours des deux dernières décennies, CBS Studios a également revisité Beverly Hills, 90210 à deux reprises : avec le reboot de 2008, 90210 Beverly Hills Nouvelle Génération, qui a été diffusé sur la CW pendant cinq saisons, ainsi qu'avec la série hybride à moitié téléréalité, à moitié scénarisée, BH90210, qui a été diffusée pendant une saison sur Fox. Les deux programmes avaient accueilli certaines des anciennes stars de la série originale donc tout laisse à penser que d’autres retours sont à prévoir dans cette nouvelle version également.

02 février 2022

Killing Eve saison 4 : bande-annonce

À la surprise générale, le dernier épisode de la saison 3 de Killing Eve finissait sur une note délicate. Pas de trahison ou de couteau planté dans le dos. Les deux héroïnes, Eve (Sandra Oh) et Villanelle (Jodie Comer), se retrouvaient sur un pont à Londres avant de se mettre dos à dos pour partir chacune de leur côté. Comment vont-elles se retrouver ? Est-ce la fin de leur relation aussi bouillonnante que mortelle ?

Diffusée dès le 28 février sur Canal+ - le lendemain de sa diffusion britannique -, la saison 4 de la série sera aussi la dernière. Le jeu du chat et de la souris est bientôt terminé. Eve et Villanelle se retrouvent, cette fois séparées par un aquarium à la manière du Roméo + Juliette de Baz Luhrmann.

La bande-annonce explosive reprend le célèbre titre Unchained Melody, interprété pour la première fois par Todd Duncan et popularisé par le film Ghost avec Demi Moore et Patrick Swayze. Alors que Villanelle, assise sur le divan de son psy, continue de remettre en question ses pulsions meurtrières, Eve doit enquêter sur les disparitions des membres du club des Douze.

La Française Camille Cottin est également de retour dans le rôle d’Hélène et bonne nouvelle pour les fans de l’actrice : son personnage aura une plus grande importance dans l’intrigue de cette saison 4. 

15 novembre 2020

Les Miller, une famille en herbe sur TF1 Séries : une scène de streap-tease qui lui a donné du fil à retordre à Jennifer Aniston

En 2013, Jennifer Aniston, Jason Sudeikis, Will Poulter et Emma Roberts sont à l’affiche de la comédie Les Miller, une famille en herbe. Un long-métrage dans lequel ils incarnent une fausse famille bien décidée à aller au Mexique récupérer une cargaison de drogue. Sur leur périple, ils vont notamment rencontrer un certain Pablo Chacon, un dealer mexicain joué par Tomer Sisley. Alors que ce dernier les retient en otage, le personnage incarné par Aniston propose de lui offrir un striptease pour faire diversion.  

La scène en question, à voir ci-dessous, a demandé énormément de travail à l’actrice, qui a dû s’entrainer une fois par jour, six jours par semaine, sous la houlette d'une chorégraphe, afin d'avoir l'air crédible lors des séquences d'effeuillage. L’entraînement le plus dur de sa carrière, confiait-elle à l’époque. Si Sudeikis, Poulter ou encore Roberts sont présents durant cette scène, leur contrechamp a été filmé à part. En effet, afin qu’Aniston puisse se sentir à l’aise, elle a tourné sa partie en comité réduit, sans les autres acteurs. 

Seule la scène au corps à corps avec Tomer Sisley a été réalisée en présence des autres comédiens. Bien que l’acteur français nous révélait il y a peu qu’elle avait fait appel à une doublure à certains moments : "Ce n’est pas toujours elle à l’image. Elle a une doublure corps dans ce film, comme beaucoup d’acteurs et d’actrices ont dans des scènes comme ça. Et donc y’a des moments [les plans serrés ndlr], elle était doublée par une danseuse qui était particulièrement bien gaulée. Mais sinon le moment où elle me met ses nichons sur mon visage, c’était bien elle.

10 novembre 2020

Pixels sur TF1 Séries Films : un Français est à l'origine de ce film avec Adam Sandler

Après s'être frotté à l'heroic fantasy avec les deux premiers volets d'Harry Potter et Percy Jackson : le voleur de foudre, Chris Columbus s'essaie en 2015 à la science-fiction avec Pixels. Cette comédie, portée par Adam Sandler, Michelle Monaghan, Kevin James et Peter Dinklage, raconte comment de vieux potes fans de jeux d'arcade dans leur jeunesse sont obligés d'affronter des aliens qui utilisent PAC-MAN, Donkey Kong, Galaga, Centipede et les Space Invaders pour prendre d'assaut la planète. Ces gamers pourront compter sur l’aide du lieutenant-colonel Violet Van Patten, une spécialiste qui va leur fournir des armes uniques...

Pixels trouve son origine dans un court-métrage français du même nom réalisé cinq ans plus tôt par Patrick Jean. En deux minutes, le film nous montre la ville de New York être envahie par des créatures issues de jeux vidéos en 8-bit. Lauréat du Cristal du meilleur court-métrage d'animation lors du Festival d'Annecy 2011, Pixels ne passe pas inaperçu auprès des studios hollywoodiens. Plusieurs d'entre eux se montrent intéressés pour l'adapter en long-métrage. C'est finalement Sony qui emporte le morceau « parce que c’était avec eux qu'on avait le plus de chances de voir le film aboutir ! C’était le principal pour nous, que le film ne se retrouve pas coincé dans un tiroir quelque part dans un bureau à Hollywood. Quant à Sandler, c’était une idée de mon agent. On a beaucoup plus de chances de voir un film aboutir si un nom important y est attaché ! »*

Producteur délégué du film de Chris Columbus, Patrick Jean a également servi de consultant, présentant à Sony des concept arts réalisés avec l’aide de One More Production, qui a produit le court-métrage. Il précise : « Au départ, le film aurait dû coûter dans les 20 millions. Mais avec le script qui évoluait et le studio qui semblait s’exciter de plus en plus sur le projet, il a vite explosé ! C’est la raison pour laquelle ils ont fait appel à Chris, et m’ont proposé d’être là sur le tournage pour apprendre, et faire ce qu’on appelle ici du "shadowing" ».

Si Pixels reçoit un accueil mitigé à sa sortie, dont 5 nominations aux Razzie Awards, il rapporte 244 millions de dollars à travers le monde pour un budget de 88 millions de dollars.

*Toutes les citations sont extraites d'une interview de Patrick Jean accordée à jeuxvideo.com le 11/08/2015.

06 novembre 2020

L'Opération Corned Beef sur TF1 Séries Films : Jean Reno n'était pas le choix premier pour ce film

Deux ans avant le triomphe des Visiteurs, Jean-Marie Poiré dirige le duo Jean Reno-Christian Clavier dans L'Opération Corned Beef, une comédie d'espionnage dans lequel le premier incarne Le Squale, un agent secret et as de la DGSE chargé de démanteler un réseau international de trafic d'armes et de démasquer un traître au plus haut niveau de l'État français. Pour arriver à ses fins, il va manipuler un honnête citoyen, Jean-Jacques Granianski (Clavier), qui va résister de façon inattendue au super-agent secret.

Entre Clavier et Poiré, il s'agit de retrouvailles puisque tous les deux ont déjà collaboré sur de nombreuses comédies, telles que Le Père Noël est une ordure, Papy fait de la résistance ou encore Twist Again à Moscou. En revanche, c'est la première fois que Reno tourne sous la direction de Poiré et cela a bien failli ne jamais se faire puisque c'est Gérard Depardieu qui est courtisé à l'origine pour jouer Le Squale, en vain. Pour le remplacer, plusieurs acteurs sont envisagés, de Daniel Auteuil à Thierry Lhermitte en passant par Bernard Giraudeau, Pierre Arditi et Gérard Lanvin. Suite à leur refus, Marie-Anne Chazel, alors compagne de Clavier, glisse le nom de Jean Reno, qui décroche le rôle.

Un choix pas évident au premier abord puisque le comédien est jusque-là cantonné à des rôles d'hommes imposants et taciturnes, en particulier chez Luc Besson, comme dans Le Dernier Combat, Le Grand Bleu ou encore Nikita. C'est d'ailleurs par le biais de ce dernier que le producteur Alain Terzian contacte Jean Reno : « J'ai demandé à Luc qui était l'agent de Jean Reno, et il m'a répondu : « C'est mon père [Claude Besson, NDLR] ! Reno est au Yucatán, mais mon père peut lui amener le script. » Il tournait L'Homme au Masque d'Or avec Marlee Matlin »*.

L'Opération Corned Beef est un succès à sa sortie, avec 1,4 millions de spectateurs, et permet à Jean Reno de s'illustrer dans une comédie populaire. Paradoxalement, l'acteur, sous l'influence de Luc Besson qui lui reproche de s'y être fourvoyé, fera part en 1996 de ses regrets d'avoir participé au film de Poiré auprès d'Alain Kruger, journaliste à Studio Magazine : « Je ne suis pas très bon dans ce film, pas plus que dans ma vie privée à l'époque. Je passe le tournage au téléphone. C'est la période de ma vie où je fais la révolution dans ma tronche ».

*Toutes les citations sont extraites de Christian Clavier, Splendid carrière ! de Gilles Botineau, Christian Navarro Éditions.

29 octobre 2020

Gremlins 2 sur TF1 Séries Films : Donald Trump a inspiré le méchant du film

Après l'immense succès de Gremlins en 1984, Warner Bros. cherche à tout prix à mettre en chantier une suite. D'après le réalisateur Joe Dante, le studio ne savait pas comment faire, étant donné qu’il ne comprenait pas vraiment le premier film. "Ils sont donc revenus nous chercher avec le producteur Mike Finnell, pour nous dire en substance : “De toute évidence, vous avez quelque chose à voir avec le succès du premier film. Si vous nous donnez une suite, vous avez carte blanche”", confie le cinéaste à Rockyrama.

Six ans après la sortie du premier film, Gremlins 2 voit enfin le jour. Toutefois, malgré les appels du pied de Warner, le metteur en scène Joe Dante a été réticent à rempiler. Mais la technologie ayant évolué dans l'intervalle, le cinéaste et son équipe "étaient désormais en mesure de faire des choses impossibles à réaliser auparavant."

Pour ce second volet, le réalisateur fonce tête baissée en appuyant encore plus fort le message anti-capitaliste et anti-consumériste du premier opus. Il y ajoute par dessus une critique acerbe des médias et de la société américaine, le tout concentré au coeur d'un immense gratte-ciel. Pour renforcer son propos, Joe Dante invente Daniel Clamp, un homme d'affaires milliardaire dont le cynisme n'a d'égal que sa verve pléthorique.

Afin de constuire un personnage crédible, le cinéaste s'inspire de Ted Turner, grand manitou de la télévision américaine, fondateur des chaînes CNN et TBS, et de Donald Trump, à l'époque magnat de l'immobilier. La Clamp Tower du long-métrage est un clin d'oeil évident à la Trump Tower de New York, érigée en 1983.

"On voulait un magnat de l’immobilier, qui soit populaire, iconique et qui possède un gros tas de choses. Trump remplissait toutes ses conditions. Mais Clamp est aussi le patron d’une chaîne télé et on s’est aussi inspirés de Ted Turner. À la base, Clamp devait être le grand méchant du film, mais John Glover, qui l’interprète, en a fait une sorte d’éternel enfant excité par sa fortune et tout ce qu’elle lui permet de réaliser. Il est devenu plutôt attachant au final. Il n’a donc pas grand-chose à voir avec la star de télé-réalité qui nous sert de président. C'est comme ça qu'il s'est fait élire, c'est un président vedette et nous faisons partie de son émission", taclait Joe Dante chez GQ en 2017.

Comme de nombreuses stars du show business, le metteur en scène ne porte pas dans son coeur l'actuel président des USA et candidat à sa succession. Joe Dante a avoué d'ailleurs que rétrospectivement, Gremlins 2 est le premier film anti-Trump de l'histoire du cinéma américain. Malheureusement pour le cinéaste, le second opus sera un fiasco.

"Le film est sorti six ans après Gremlins, et il a coûté trois fois plus cher. Vous ne pouvez pas laisser passer autant de temps. SOS Fantômes 2 avait eu le même souci l’année précédente, il n'a pas très bien marché non plus. En ce qui concerne Gremlins 2, je crois que l'idée même des Gremlins était devenue quelque peu dépassée. Il y a aussi le fait que la date de sortie a été changée. Le film devait sortir pour fin mai, durant le week-end férié du Memorial Day.

Les spots TV avaient été diffusés et annonçaient cette date, mais le studio a changé d’avis et a décidé de repousser le film de trois semaines. Quand les spots TV se sont remis à passer, les gens ont du se dire que c’était déjà un film qui n’était plus à l’affiche, puisqu’ils ont déjà vu ces pubs à la télévision il y a trois mois de ça. Donc oui, le film a moins bien fonctionné au box-office. Mais c'était un film coûteux, vous savez", analyse le metteur en scène chez Rockyrama.

Tous les films suivants de Joe Dante seront de cuisants échecs au box-office, de Panic sur Florida Beach à Small Soldiers en passant par Les Looney Tunes passent à l'action. Il ne retrouvera jamais le succès rencontré grâce à Gremlins.

Il est du reste assez cocasse de constater que Joe Dante, après avoir essuyé plusieurs revers au cinéma, se soit tourné vers le petit écran. Malgré les critiques virulentes des médias et de la télévision dans ses films, le réalisateur a finalement travaillé pour la petite lucarne, mettant en scène des épisodes de séries comme Les Experts, Hawaii Five-O ou le reboot de MacGyver. Le milliardaire Daniel Clamp a-t-il eu finalement raison de son créateur ?

27 octobre 2020

SOS Fantômes sur TF1 Séries Films : d'où vient le logo Ghostbusters ?

Nous sommes le 12 décembre 1984. SOS Fantômes débarque sur les écrans français, attirant 3 millions de spectateurs. Cette équipe de chasseurs de revenants, composée de Dan Aykroyd, Harold Ramis, Bill Murray et Ernie Hudson, est rapidement devenue culte. Dans le monde, le long-métrage rapporte près de 300 millions de dollars de recettes pour un budget de 30.

Si SOS Fantômes est devenu aussi iconique, c'est également grâce à un dessin que tout le monde connaît désormais... le fameux logo Ghostbusters ! Ce spectre blanc à l'air apeuré barré par un panneau d'interdiction reste gravé dans l'esprit du public et contribue à installer le mythe SOS Fantômes. Ce petit revenant, qui deviendra un symbole de la pop culture américaine, a une histoire un peu particulière.

En 1984, Michael C. Gross, artiste, designer et producteur associé du film, réalise ce logo. Il ne se doute pas que sa contribution va marquer à jamais tout un pan de l'Histoire de la comédie américaine. Baptisé Mooglie par le réalisateur Ivan Reitman et Dan Aykroyd, le petit fantôme deviendra indissociable de la saga. 

Le défi de l'artiste était de créer un logo immédiatement reconnaissable sans avoir besoin d'y ajouter le titre du film. Selon Gross, l'idée d'inclure "Ghostbusters" en lettres sur la barre transversale du logo a vite été abandonnée car c'était illisible. En 1989, la promotion de Batman de Tim Burton s'inspirera de SOS Fantômes, mettant partout en avant le logo de l'homme chauve-souris au lieu du titre.

Avant de se lancer dans le cinéma, Gross a travaillé pour le magazine Esquire. Il au aussi été graphiste pour John Lennon et consultant artistique pour Les Rolling Stones, les Muppets et les Jeux olympiques de 1968 à Mexico. Une des grandes réussites de Michael C. Gross, en dehors du logo Ghostbusters, est une célèbre couverture du magazine National Lampoon paru en 1973. 

On y voyait un chien au regard inquiet avec un pistolet braqué sur la tête. La phrase d'accroche ? "Si vous n'achetez pas ce magazine, on tue le chien." D'une redoutable efficacité, cette Une a tellement frappé les USA que l'American Society of Magazine Editors la classera parmi les 40 meilleures couvertures de l'histoire.

L'artiste a également eu les honneurs du Museum of Modern Art de New York, où ont été exposées plusieurs de ses oeuvres et créations. Après avoir produit 11 longs-métrages, de Métal Hurlant aux deux SOS Fantômes en passant par Jumeaux, Un flic à la maternelle ou Beethoven... Michael Curtis Gross prend sa retraite en 1994 à l'âge de 50 ans. Pendant 20 ans, il a coulé des jours heureux dans sa maison près de San Diego. Il est décédé le 16 novembre 2015, à 70 ans, des suites d'un cancer qu'il combattait depuis des années.

22 octobre 2020

Fast and Furious sur TF1 Séries Films : l'histoire vraie à l'origine du film

8 films déjà sortis en salles, 2 courts métrages, 1 spin-off, 1 série d'animation... La saga Fast & Furious se décline sous différents formats et est devenue au fil du temps, l'une des franchises les plus lucratives du cinéma. Fast & Furious 8, le dernier long-métrage de la saga mère, a remporté plus d'1,3 milliard de dollars au box-office international. Et tout est parti d'une histoire vraie...

En effet, Fast & Furious a été inspiré par l'article Racer X, écrit par Ken Li en mai 1998 et publié dans le magazine américain Vibe. Le journaliste y raconte l'histoire de Rafael Estevez, un pilote de street racing ayant fondé en 1997 le garage DRT Racing, et parle notamment de l'engouement autour du tuning et des voitures japonaises.

Kenneth Li débute son article par une description détaillée de la course qui se tient sous ses yeux. Le lecteur est immédiatement plongé à New York, juste avant le départ de cette compétition : "Une Nissan 300ZX noire et un Mitsubishi Starion blanche sortent du peloton et se faufilent jusqu'à la ligne de départ. Alors que le soleil danse sur la rivière voisine, le bruit des klaxons et les cris des pilotes sont noyés par le souffle sonore des deux moteurs qui tournent, prêts à démarrer. Un Latino trapu en chemise jaune se tient au milieu de l'autoroute et lève les mains. Les deux voitures font des embardées et s'arrêtent comme des pitbulls enchaînés, leurs roues crachant une fumée noire. Les mains se baissent." Et le journaliste poursuit en décrivant les différentes techniques des conducteurs et raconte la victoire du pilote de la Nissan, Rafael Estevez.

Ken Li présente ensuite ce jeune dominicain de 30 ans qui se confie sur sa passion pour les courses de rues et le tuning. L'auteur explique également le difficile travail de la police pour faire cesser ces courses sauvages. Autant de points qu'on retrouve dans Fast & Furious. Le personnage de Dominic Toretto, incarné par Vin Diesel, est d'ailleurs clairement inspiré de Rafael Estevez et le début de cet article pourrait être une fidèle description d'une scène du film de Rob Cohen.

La force de cet article est d'arriver à tenir en haleine le lecteur, même le moins passionné par le sport automobile. Il semblait donc logique qu'après sa lecture, le réalisateur - qui venait de tourner The Skulls, société secrète avec Paul Walker - ait envie de l'adapter au cinéma. Il se renseigne sur les courses de rues et parle de son projet à Universal qui décide d'acheter les droits d'adaptation de l'article. Le titre de travail du film est d'ailleurs  "Racer X". 2 ans plus tard, Fast & Furious sort sur les écrans et totalise plus de 207 millions de dollars de recettes à l'international. 

08 octobre 2020

Fast and Furious 4 sur TF1 Séries Films : quand Gal Gadot faisait ses premiers pas au cinéma

Sorti en 2009, le quatrième opus de la franchise cylindrée voit Dominic Toretto et Brian O'Conner se retrouver et unir leur forces contre un ennemi commun... Si le film marque le retour du duo formé par Vin Diesel et Paul Walker, il constitue également les premiers pas au cinéma d'une certaine Gal Gadot, future Wonder Woman.

La comédienne est choisie pour prendre part à Fast and Furious 4 en 2008. Elle y joue Gisele Harabo, la petite amie du trafiquant de drogue Arturo Braga (John Ortiz) donnant du fil à retordre aux héros. Ce personnage assez important finira par rejoindre Vin Diesel et sa bande dans les épisodes suivants, Fast and Furious 5 et 6.

Pour l'anecdote, Gal Gadot avait été recalée du casting de Quantum of Solace au profit de Olga Kurylenko avant de tenter sa chance dans celui de Fast and Furious 4.

La carrière de l’Israélienne prend une nouvelle tournure. Fin 2013, elle est sélectionnée pour prêter ses traits à Wonder Woman dans Batman v Superman (2016). En 2017, l'héroïne DC a droit à son propre long métrage, qui connaît un gros succès commercial puisqu'il rapporte pas loin de 820 millions de dollars à l'international.

Gal Gadot reprend la même année son personnage dans Justice League, réunissant Batman, Superman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg et Flash. Elle sera aussi à la tête d'un deuxième film solo via Wonder Woman 1984, la suite des aventures de la super-héroïne (pour le moment prévue le 30 décembre prochain).

A sa sortie, Fast and Furious 4 réalise un joli score au box-office (363 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget de 85) et relance la franchise. En 2011, Fast and Furious 5 connaît un succès plus important (630 millions) et marque l'arrivée d'un acteur qui devient l'un des piliers de la saga, Dwayne Johnson.

17 septembre 2020

Matrix 3 sur TF1 Séries Films : pourquoi l'Oracle change de visage dans Revolutions ?

Troisième volet de la célèbre trilogie d'action et de science-fiction, Matrix Revolutions sort début novembre 2003. Tourné dans la foulée du deuxième volet, Matrix Reloaded, le long métrage voit Neo et ses alliés se frotter au redoutable agent Smith, devenu incontrôlable. De plus en plus puissant, il menace de détruire le monde réel et la Matrice...

Comme il en va de même dans plusieurs sagas, un personnage de Matrix doit changer d'interprète en cours de route. Ainsi, l'Oracle est joué dans les deux premiers films par Gloria Foster et dans le troisième par Mary Alice. La raison ? La mort de la première, le 29 septembre 2001, après le tournage de sa dernière scène dans Matrix Reloaded. L'actrice souffrait de diabète.

Née en 1931 à Chicago, Gloria Foster tourne peu pour le cinéma et la télévision. Elle apparaît toutefois dans une dizaine de films et téléfilms dont Les Comédiens de Peter Glenville en 1967, dans lequel elle côtoie Richard Burton, Elizabeth Taylor, Alec Guinness, James Earl Jones et Peter Ustinov. Elle participe aussi à quelques séries télévisées, comme Cosby Show ou Law & Order.

Matrix Revolutions offre ainsi une nouvelle apparence de l'énigmatique Oracle. Une métamorphose à laquelle les Wachowski songent lors de l'écriture du scénario, et qui leur est donc imposée par le destin. Ce décès fait par ailleurs suite à celui de la chanteuse Aaliyah dans un crash d'avion, à l'origine prévue pour le rôle de Zee. Elle est remplacée par Nona Gaye.

Pour l'anecdote, les deux interprètes de l'Oracle s'étaient donné la réplique en 1995 à Broadway dans la pièce "Having our say". Mary Alice avait également incarné la mère de Laurence Fishburne au théâtre (lorsqu'il avait dix ans) et celle de Harold Perrineau (qui campe Link dans la trilogie des Wachowski) dans un épisode de la série carcérale culte Oz ! 

16 août 2020

X-Men sur TF1 Séries Films : retour sur la naissance compliquée du film qui a relancé les super-héros au cinéma

Faire un film de super-héros relève aujourd'hui de la formalité. C'est même devenu un passage obligé et un enjeu stratégique pour les gros studios, qui exploitent au maximum (et parfois essorent) les licences dont ils ont les droits pour tenter de faire bonne figure au box-office mondial. Il y a vingt ans, les choses étaient pourtant moins faciles : alors que le XXe siècle touchait à sa fin, les comic book movies avaient été ringardisés par l'échec de Batman & Robin et ne parvenaient pas à repartir de l'avant malgré quelques tentatives. Sauf que Spawn fait encore rire les rares personnes à l'avoir vu, et le succès de Blade n'a pas eu les répercussions attendues, le long métrage étant avant tout considéré comme horrifique. L'arrivée d'un groupe de mutants au cœur de l'été 2000 va toutefois changer la donne, après plusieurs années d'une gestation compliquée.

Car le projet d'adapter le comic book sur grand écran remonte à la fin des années 80 lorsque Carolco Pictures, sans doute motivé par le succès rencontré par la Warner avec le Batman de Tim Burton, s'en offre les droits. Des rencontres ont lieu, au début de la décennie suivante, avec Stan Lee, co-créateur du titre, et Chris Claremont, auteur de certaines des plus célèbres de leurs histoire ("Days of Future Past" et "Dark Phénix" notamment), alors que James Cameron, qui avait réalisé Terminator au sein de la société, doit produire le film que sa compagne d'alors, Kathryn Bigelow, mettra en scène. Les noms de Bob Hoskins, Michael Biehn, Christopher Lee et Angela Bassett sont évoqués pour les rôles respectifs de Wolverine, Cyclope, Magneto et Tornade… mais tout capote à cause d'un autre super-héros Marvel.

Au cours de ses discussions avec Stan Lee, James Cameron se révèle de plus en plus intéressé par le personnage de Spider-Man. Assez pour laisser tomber les mutants au profit d'un film sur l'Homme-Araignée qui ne verra finalement pas le jour. Mais son départ sonne le glas des rêves super-héroïques de Carolco Pictures qui, trois ans avant de faire faillite suite à l'échec retentissant de L'Île aux pirates, perd les droits des X-Men qui reviennent à Marvel en décembre 1992. La Maison des Idées se tourne alors vers Columbia Pictures, mais c'est la Fox qui décroche la timbale deux ans plus tard grâce à la série animée diffusée sur Fox Kids entre 1992 et 1997.

Produite par Stan Lee et Avi Arad, homme d'affaires israélien qui deviendra l'un des piliers de Marvel Entertainment, la série animée X-Men remporte un franc succès qui convainc la Fox et la productrice Lauren Shuler Donner d'acheter les droits des comic books pour les adapter, en prises de vues réelles, sur grand écran. Mais par qui et avec qui ? Dès 1994, le futur scénariste de Seven et Sleepy Hollow, Andrew Kevin Walker, est mandaté pour écrire ladite adaptation. Et au premier abord, sa version ressemble à celle qui finira par voir le jour quelques années plus tard sur certains points, à commencer par le fait que le Professeur X y recrute Wolverine dans son équipe, aux côtés de Cyclope, Jean Grey, Iceberg, le Fauve et Angel, pour lutter contre les méchants emmenés par un Magneto désireux de conquérir New York, épaulé par Dents-de-Sabre, Crapaud et le Colosse.

Mais Bolivar Trask et ses robots géants, les Sentinelles (que nous verrons finalement dans l'adaptation de Days of Future Past en 2014), devaient aussi être de la partie, tout comme la célèbre salle des dangers, lieu d'entraînement des héros dans les comic books. Il devait également être revelé que Magneto avait causé la catastrophe de Tchernobyl alors qu'une bonne partie du récit se focalisait sur la rivalité entre Wolverine et Cyclope. Mais le scénario est jeté à la poubelle. Pas totalement, car des dialogues et éléments d'intrigue seront réutilisés dans la novellisation officielle du long métrage sorti en 2000, mais le bébé passe alors entre plusieurs mains, et notamment celles de John Logan, James Schamus ou encore Joss Whedon, qui achève sa version par la transformation de Jean Grey en Phénix, idée qui ne plaît guère à la production car jugée trop pop et référencée, au même titre que l'ensemble de son scénario, dont seules deux répliques parviendront à se frayer un chemin vers le grand écran : l'échange entre Cyclope et Wolverine, lorsque le premier suspecte le second d'être Mystique déguisée ; et le moment où Tornade demande ce qu'il advient d'un Crapaud frappé par la foudre.

C'est finalement grâce aux comic books "Gifted", qui ont ironiquement servi d'inspiration pour L'Affrontement final, le troisième volet de la saga, que le papa de Buffy réussira à écrire pour les X-Men, tandis que les Avengers du Marvel Cinematic Universe lui permettront de diriger une équipe de super-héros sur grand écran. Mais les mutants restent au point mort au milieu des années 90, lorsque son script est lui aussi refusé. Heureusement, 1996 se révèle décisive dans l'avancée du projet. Pour commencer, le scénario est confié à Michael Chabon, qui travaillera quelques années plus tard sur Spider-Man 2, et ce dernier choisit de confronter les héros à un groupe mystérieux (qui devait se révéler être la Confrérie des Mauvais Mutants dans une suite) tout en se focalisant sur les deux nouveaux venus que sont Wolverine et Jubilee. Mais c'est surtout à ce moment-là que débute la quête d'un réalisateur. Approché par la Fox, Robert Rodriguez refuse. Tout comme Tim Burton, qui a un Superman Lives sur le feu et ne se doute alors pas que le projet ne verra jamais le jour. Ni que son Miss Peregrine sorti en 2016 aura des allures de X-Men.

Jan de Bont et Roland Emmerich déclinent aussi poliment la proposition des producteurs au profit, respectivement, de Speed 2 et Godzilla. La recherche s'accélère et beaucoup de noms ont visiblement été évoqués, à un moment ou à un autre, sans que l'on ne sache vraiment s'il s'agissait de simples idées ou de vraies approches. Voir Richard Donner, réalisateur du Superman de 1978 et mari de la productrice Lauren Shuler Donner, au sein de cette liste n'est d'ailleurs pas étonnant. Pas plus que la présence d'Irvin Kershner (L'Empire contre-attaque) et John McTiernan (Piège de cristal), qui avaient déjà travaillé pour la Fox. Au vu de sa faculté, aujourd'hui encore, à éviter les blockbusters, savoir que Danny Boyle aurait été en lice, peut surprendre mais c'était peut-être avant qu'il ne refuse de diriger Alien la résurrection pour le studio, faute de parvenir à un terrain d'entente sur une histoire.

On note aussi que Paul W.S. Anderson et Stephen Hopkins ont fait partie des candidats, tout comme Brett Ratner, qui allait se rattraper dix ans plus tard avec L'Affrontement final, et Joel Schumacher, qui s'apprête alors à signer Batman & Robin… et mettre à mal le genre super-héroïque, que les mutants contribueront à relancer. Avec un jeune cinéaste que l'on n'aurait pas immédiatement associé à ce registre. Car à cette époque, Bryan Singer n'a mis en scène que deux thrillers. Mais le second, Usual Suspects, a retourné l'esprit de ses spectateurs avec son twist final et gagné deux Oscars (Meilleur Acteur dans un Second Rôle pour Kevin Spacey, Meilleur Scénario Original), ce qui a attiré l'attention d'Hollywood sur lui.

Et ça, ça tombe bien, car le réalisateur veut se tourner vers la science-fiction. La Fox lui propose alors Alien la résurrection, mais son ami le producteur Tom DeSanto l'oriente plutôt vers les X-Men, lui qui a prouvé avec Usual Suspects qu'il était capable de jongler avec aisance entre plusieurs personnages. Mais Bryan Singer refuse. Trois fois. Le réalisateur juge en effet que les comic books sont une forme de littérature qui manque d'intelligence… jusqu'à ce qu'il y jette un œil et change d'avis, conquis par les notions de préjugés et de discrimination qui font le cœur des aventures des mutants. Cette fois-ci, c'est donc la bonne : nous sommes en juillet 1996 et le studio a enfin trouvé celui qui lancera Wolverine et les siens sur grand écran. A ceci près qu'il faut maintenant établir l'histoire avec laquelle ils feront l'événement dans un long métrage doté de soixante millions de dollars de budget et dont la sortie est prévue pour Noël 1998. Ce qui n'arrivera pas.

En avril 1997, un nouveau scénario est commandé à Ed Solomon (Super Mario Bros.), ce qui repousse, de facto, les prises de vues. Le projet est alors reporté de deux ans, et Bryan Singer se concentre alors sur un film plus petit, Un élève doué, qui aura toutefois des répercussions sur le casting de ses X-Men. Une fois le drame bouclé, et après avoir regardé l'intégralité de la série animée pour déterminer quels personnages mettre en scène en fonction de leurs pouvoirs, il revient vers la Fox à qui il propose un nouveau script aux accents politiques concocté avec Tom DeSanto, que le studio refuse, le jugeant trop coûteux. Une poignée de coupes plus tard, dont Diablo, Pyro et la salle des dangers font les frais, Christopher McQuarrie est appelé à la rescousse pour peaufiner le tout, alors que David Hayter, la voix de Solid Snake dans les versions anglaises des jeux vidéo Metal Gear Solid, est engagé pour faire de même. Un travail de longue haleine qui s'achève à l'issue de la vingt-huitième version d'un scénario dont il ne manque plus "que" les interprètes.

Face aux comic books et à leur adaptation en série animée, Bryan Singer a pu réaliser l'ampleur de la tâche qui l'attendait avec les X-Men. Car il ne s'agit alors pas de trouver un ou deux acteurs pour jouer les super-héros, mais bien une dizaine. Et c'est avec un humain que le casting commence officiellement puisque Bruce Davison est le premier comédien engagé, dans le rôle du Sénateur Kelly, fervent opposant aux mutants de tous poils. Place ensuite au Professeur X, leader des gentils et rôle convoité par un acteur pour le moins étonnant : Michael Jackson. Le roi de la pop avait en effet débarqué dans le bureau de Lauren Shuler Donner, avec le court métrage Ghosts comme preuve de sa capacité à se muer en vieil homme avec un peu de maquillage. A cette époque, la star est déjà sous le coup de plusieurs accusations pour abus sexuels sur mineurs, ce qui incite la Fox à ne pas prendre sa candidature au sérieux. Surtout qu'un favori se dégage clairement.

Grand fan de Star Trek, Bryan Singer n'avait d'yeux que pour Patrick Stewart, ce qui lui faisait un point commun avec bon nombre de fans des X-Men pour qui, tout au long des années 90, l'interprète du Commandant Jean-Luc Picard était un Charles Xavier tout trouvé. Ce que le principal intéressé comprend très vite, car lorsqu'il découvre les numéros que le réalisateur lui a donnés pour l'aider à appréhender le rôle, il se demande ce qu'il fait sur les couvertures de comic books représentant le personnage, inspiré à l'époque par la silhouette de Yul Brynner, autre chauve célèbre du cinéma. Pour le Professeur X, c'est fait, et place alors à son meilleur ami/ennemi : Erik Lensherr, alias Magneto. David Hemblen, son doubleur original dans la série animée, est un temps approché, mais des conflits d'emploi du temps ont raison de son intérêt. Le nom de Terence Stamp, méchant de Superman II, a également circulé, mais Bryan Singer opte pour Ian McKellen, qu'il vient de diriger dans Un élève doué.

Dans un premier temps, le comédien anglais refuse. Mais il se ravise en voyant le costume qui sera le sien et, en tant que militant pour les droits des homosexuels, se sent en phase avec le propos du long métrage : "Ian a été sensible à la métaphore des mutants comme personnages marginaux, privés de leurs droits et esseulés, et au fait que tout ceci se manifeste à l'adolescence, quand des différences apparaissent", expliquera le metteur en scène au Los Angeles Times en 2010. Pour ne rien gâcher, l'acteur a côtoyé Patrick Stewart au sein de la Royal Shakespeare Company pendant les années 70, et leur amitié ainsi que leur histoire commune nourrissent la relation entre leurs personnages. Bryan Singer consent même à arranger son planning de tournage pour qu'il puisse aller filmer Le Seigneur des Anneaux en Nouvelle-Zélande, alors qu'il était à deux doigts de refuser le rôle de Gandalf qui lui avait été proposé peu de temps après son engagement chez les X-Men. Fort de ces deux piliers, le casting du long métrage se poursuit. L'ordre des arrivées n'est pas très clair, mais chaque personnage aurait pu avoir un visage différent de celui que nous avons découvert sur grand écran.

Tornade, par exemple, aurait pu avoir celui de Mariah Carey, si la Fox avait été sensible à la campagne menée par la chanteuse. Ou ceux de Janet Jackson ou Angela Bassett (encore), qui ont été approchées tandis que le nom de Jada Pinkett Smith a été évoqué. Mais c'est en voyant le téléfilm Dorothy Dandridge que Bryan Singer tombe sous le charme de son interprète principale, et décide de confier le rôle à Halle Berry. La future James Bond Girl est ensuite rejointe par une ancienne, Famke Janssen, qui n'était pas le premier choix du studio pour incarner Jean Grey : Helen Hunt a refusé, Charlize Theron aussi, et Peta Wilson se voit contrainte de faire de même à cause du tournage de la saison 4 de La Femme Nikita. Il en va de même pour Lucy Lawless, accaparée par Xena la guerrière ; et si Maria Bello a été en considération, c'est bien l'actrice de Goldeneye qui hérite du personnage alors que le compagnon de la mutante, Cyclope, suscite aussi bien des convoitises.

Révélé par La Ligne rouge de Terrence Malick, Jim Caviezel décroche le rôle du leader des X-Men, handicapé par un regard laser capable de causer bon nombre de dégâts s'il n'est pas maîtrisé. Mais le futur Jésus de La Passion du Christ décide finalement de passer la main au profit de Fréquence interdite. Thomas Jane fait de même et se rattrapera quelques années plus tard, avec moins de réussite, dans l'adaptation du Punisher, tandis que D.B. Sweeney passe une audition qui se révèle infructueuse, même s'il apparaît dans le film, en tant que gardien de la Statue de la Liberté. Vince Vaughn et Eric Mabius, qui n'avait pas encore joué dans The Crow 3, font part de leur intérêt, et les noms d'Edward Burns, Ben Affleck, Matt Damon ou encore Ethan Hawke circulent dans les bureaux de la Fox, mais les producteurs optent pour un visage moins connu, celui de James Marsden qui, lui, ne laisse pas passer sa chance. Il dit oui aux mutants et laisse tomber sa participation à Soul Survivors, nanar horrifique resté inédit dans les salles françaises.

Il en va de même pour Anna Paquin, qui a préféré incarner Malicia dans le long métrage de Bryan Singer, au détriment de Tart, sorti directement en vidéo sur le sol américain. Mais elle n'était pourtant pas le premier choix de la production, contrairement à Rachel Leigh Cook et Katharine Isabelle, ou à Natalie Portman qui a refusé le rôle, tandis que Kirsten Dunst, Christina Ricci et Sarah Michelle Gellar (qui aurait cependant eu des soucis d'emploi du temps par rapport à son investissement dans Buffy contre les vampires) ont visiblement été en considération. L'actrice oscarisée en 1994 pour La Leçon de piano est finalement l'heureuse élue et rejoint le casting qui se complète sans heurts : le catcheur Tyler Mane est embauché pour prêter ses traits au massif Dents-de-Sabre ; Ray Park a sans aucun doute bluffé les producteurs lorsqu'il tournait Star Wars - Episode I, déjà pour la Fox qui offre à l'interprète de Dark Maul le personnage bondissant de Crapaud ; et Rebecca Romijn triomphe de Jeri Ryan et devient la protéiforme Mystique, qui lui vaut neuf longues heures de maquillage au quotidien.

Alors que le début des prises de vues approche, la distribution devient légèrement moins impressionnante que prévu : le personnage du Fauve, qui devait faire partie de l'équipe des X-Men, disparaît du scénario pour mieux faire ses débuts dans une suite, et certaines de ses qualités médicales et politiques sont données à Jean Grey, tandis qu'un caméo de Gambit dans l'école du Professeur X est supprimé par Bryan Singer. Des absences de taille pour les fans, qui n'en attendent pas moins le projet avec impatience. Et le fait que Shaquille O'Neal ait fait campagne pour qu'on lui confie le rôle de Forge, qui n'a pourtant jamais été envisagé dans le récit, prouve bien l'engouement général que suscite ce long métrage. Les prises de vues débutent enfin le 22 septembre 1999, avec la scène du Sommet Mondial sur Liberty Island dans laquelle le Roi et la Reine de Pologne (titre qui n'existe pourtant plus depuis 1795) sont incarnés par le père et la belle-mère du réalisateur. Lequel a encore une équation à résoudre, et pas des moindres.

Car un gros nom manque encore à l'appel : celui de Wolverine, personnage central de l'histoire, auquel beaucoup de personnes ont été attachées. Candidats pendant les années 90, lorsque le projet en était à ses balbutiements, Kiefer Sutherland, Jackie Earle Haley et Gary Sinise ne sont plus dans la course et Bryan Singer pense avoir trouvé son interprète idéal en la personne de Russell Crowe. Mais ce dernier juge le rôle trop proche de celui de Maximus dans Gladiator, en matière d'intensité, et refuse. Il se dit également que ses exigences salariales étaient trop élevées, mais le résultat est le même, et les noms de Mel Gibson, Keanu Reeves, Aaron Eckhart, Edward Norton, Viggo Mortensen ou encore Jean-Claude Van Damme circulent de façon plus ou moins crédible. Le metteur en scène va finalement opter pour un visage moins connu, et la situation se décante grâce à… Stanley Kubrick. Le réalisateur de 2001 et Orange mécanique, oui.

Ou Eyes Wide Shut, dont les prises de vues à rallonge (du 4 novembre 1996 au 31 janvier 1998, puis du 5 mai au 3 juin de cette même année, pour un total de plus de quinze mois) ont retardé celles de Mission : Impossible 2, qui se déroulent du 18 avril au 15 décembre 1999, ce qui contraint Dougray Scott, interprète de l'adversaire de Tom Cruise et à qui le rôle de Wolverine avait été confié, de se désister. Russel Crowe revient alors dans la danse, mais pour suggérer à Bryan Singer le nom de l'un de ses amis, un Australien inconnu du grand public appelé Hugh Jackman. Ce dernier est certes plus grand que le personnage dans les comic books mais le réalisateur lui laisse sa chance et lui fait passer une audition qui manque de tourner à la catastrophe. Car l'acteur ne connaît pas grand-chose au mutant griffu et pense même qu'il tire son pseudonyme du loup ("wolf" en anglais), qu'il se met à imiter pendant son essai. Il apprendra plus tard qu'il s'agit en réalité du Carcajou, ou Glouton, l'un des animaux les plus féroces du Grand Nord, mais cette méprise ne lui coûte ni le film, ni sa carrière, car le cinéaste l'engage dans la foulée et il rejoint un tournage déjà bien entamé, sans préparation.

Ce qui se voit un peu à l'écran. Dans le jeu et le timbre de voix déjà, car Hugh Jackman a reconnu qu'il lui avait fallu plusieurs semaines avant de réussir à trouver son Wolverine, bien aidé, entre autres, par une douche froide inattendue qui lui a permis de réaliser que l'eau glacée l'aidait à se mettre dans le même état de rage et l'a poussé à en subir quotidiennement. Puis sur le plan physique. Bien que déjà musclé au moment de son audition, l'acteur a dû continuer à s'entraîner tout au long du tournage, et apprendre le combat au corps-à-corps, et on remarque qu'il paraît plus mince dans certaines scènes, les premières qu'il a tournées.

Le comédien finit par convaincre le réalisateur et les producteurs, peu emballés par ses premières prises, et le tournage se déroule à priori sans encombre, avec des aléas typiques de ce genre de grosse production : beaucoup de scènes sont modifiées sur place ou purement et simplement supprimées. Écrites et storyboardées, les origin stories de Tornade et Cyclope, qui devaient faire écho à celles de Magneto et Malicia, ne seront jamais filmées pour des questions de rythme, tandis que le triangle amoureux entre Jean Grey, Wolverine et ce même Cyclope évolue tellement que Famke Janssen doit attendre de voir le film terminé pour découvrir laquelle de ces relations est la plus solide.

Des soucis comme on en trouve dans n'importe quel blockbuster, surtout maintenant que les reshoots se sont démocratisés, afin de permettre à un réalisateur et un studio de revoir leur copie. Mais le cas de Bryan Singer s'est révélé plus complexe au fil des années. Parmi les anecdotes qui circulent à son sujet et celui du premier X-Men, il y a celle selon laquelle il interdisait les comic books sur le plateau afin de ne pas influencer les acteurs (qui les lisaient en cachette), et son suivi quotidien de toutes les rumeurs entourant le film, qui lui ont causé une petite frayeur le jour où il a appris qu'il était visiblement renvoyé, avant que les producteurs ne lui disent qu'il n'en était rien. Mais il n'y a pas de fumée sans feu, et ce bruit de couloir n'était visiblement pas basé sur du vent, si l'on se fie aux révélations faites par le Hollywood Reporter à l'occasion des 20 ans du long métrage.

Visé par des plaintes pour abus sexuels sur mineurs, le réalisateur est tombé en disgrâce pendant le tournage de Bohemian Rhapsody. Qu'il n'a même pas achevé lui-même, ses retards et absences inexpliqués ou ses prises de bec avec Rami Malek ayant eu raison de la patience de la Fox, qui visait les Oscars. Mais ces problèmes de comportement ne datent pas du biopic sur Freddie Mercury. Déjà accusé, pendant la pré-production d'X-Men, par des acteurs qu'il avait auditionnés pour Un élève doué, le cinéaste est maintenu en poste par le studio mais ne fait pas profil bas et manque de professionnalisme dans bon nombre de réunions autour du scénario : "Il amenait des gens qui n'avaient rien à voir avec le film. Des jeunes gens. Une personne différente à chaque fois", précise l'une des sources du Hollywood Reporter. C'est au cours de l'une de ses entrevues qu'il convie son assistant, David Hayter, à prendre des notes, sans parler ni révéler qu'il travaille sur le scénario. Un procédé qui n'aurait pas été du goût d'Ed Solomon et Christopher McQuarrie, alors responsables du script.

Crédités comme scénaristes sur les premières affiches du long métrage, les deux hommes ont écrit la grande majorité de ce que nous avons vu à l'écran, selon plusieurs sources, mais refusent, après un arbitrage de leur syndicat, la Writers Guild of America, d'apparaître à ce poste au générique ou sur le matériel promotionnel, où seul le nom de David Hayter est visible alors que le script est passé entre plusieurs mains au fil des ans. Mais le cas de Bryan Singer va bien au-delà : "Il avait un mauvais comportement", dira l'un des producteurs par la suite, alors qu'il a depuis été révélé que le réalisateur aurait promis des auditions pour X-Men à des jeunes gens en échange de faveurs sexuelles, et qu'un inconnu appelé Alex Burton, âgé de 18 ans à l'époque et dénué de la moindre expérience, a décroché le petit rôle de Pyro sans que personne ne se souvienne de la manière dont il avait été engagé. Remplacé par Aaron Stanford dans l'épisode 2, l'acteur a depuis disparu de la circulation et changé de nom, après avoir porté plainte contre trois des associés du metteur en scène, pour abus sexuels et usage forcé de drogue, huit jours après l'avant-première d'un film sur lequel ils n'étaient toutefois pas impliqués.

"Quelle étrange industrie que celle du cinéma", reconnaît Lauren Shuler Donner. "Nous honorons la créativité et le talent, et pardonnons aux plus brillants. Inconsciemment, nous leur donnons sans doute tous les droits en fermant les yeux sur ce qu'ils font et en prenant leur produit pour le mettre sur le marché." Un mea culpa qui explique pourquoi le metteur en scène a été maintenu en poste malgré un comportement parfois erratique qu'il attribuait à des prises de médicaments pour le soulager de son mal de dos quand beaucoup pointaient du doigt son usage de drogues. Colérique et capable de supprimer le personnage de Mystique d'une scène, car incapable d'attendre que son interprète Rebecca Romijn ne termine les neuf heures de maquillage qu'elle devait subir chaque jour, il est surveillé de près par un jeune producteur, chargé de le contrôler. "Nous nous sommes adaptés à lui sur le premier film, donc par conséquent sur le second. Et ainsi de suite. Cela a créé un monstre."

Un monstre en devenir qui achève les prises de vues le 14 février 2000, avec la scène au cours de laquelle le Sénateur Kelly sort de l'eau sur une plage (et où Stan Lee effectue le premier d'une longue série de caméos). Et ce à pile cinq mois de la sortie américaine, qui a été avancée au 14 juillet de la même année, pour occuper le créneau initialement destiné à Minority Report de Steven Spielberg. Une post-production relativement courte, mais la Fox est confiante car les premières images dévoilées lors du Comic-Con de San Diego ont retourné le public présent sur place en août 1999 et lancé un buzz positif à peine terni par la déception des fans face aux costumes, noirs et en cuir, donc éloignés du spandex bleu et jaune des comic books. Dû à un rendu peu convaincant, selon le producteur Tom DeSanto, ce changement fera toutefois l'objet d'un clin-d'œil dans un échange entre Cyclope et Wolverine, alors que les photos de ce dernier rendent méfiants ceux qui ne l'ont pas encore vu en action. Ce que ces derniers ne savent pas, c'est qu'ils s'apprêtent à faire face à une onde de choc dans les salles obscures, car la machine est bel et bien en marche, avec un dernier problème à résoudre : la musique.

En 2006, lors d'une convention, Bryan Singer a révélé avoir approché John Williams pour signer le score de ses X-Men. Mais celui-ci n'était pas disponible et, à défaut de pouvoir compter sur son fidèle compositeur et monteur John Ottman, alors pris par la mise en scène d'Urban Legend 2, le réalisateur s'est tourné vers le regretté Michael Kamen, décédé en 2003. Il s'agit là de son premier et dernier film de super-héros, genre avec lequel il avait peu d'affinités car il n'était pas familier avec les comic books. Comme son réalisateur avant de découvrir l'univers des mutants, et c'est pourquoi il a cherché à coller au ton de ce "film plutôt sérieux sur la capacité de l'humanité à catégoriser les humains par race, religion ou type, et grâce aux préjugés des gens contre eux, basés sur leurs caractéristiques innées", expliquait le principal intéressé dans une interview donnée au Daily Radar en amont de la sortie. Son travail débute une fois les prises de vues terminées, à partir des séquences tournées, avec pour indication de n'utiliser aucune chanson, pour éviter de dater le long métrage.

Employant quelques instruments classiques (dont le violoncelle sur le thème de Mystique, pour souligner son caractère de femme fatale), Michael Kamen signe une bande-originale orchestrale, très proche, on l'imagine, de ce que Bryan Singer avait en tête en jetant son dévolu sur John Williams. Mais le résultat n'est pas du goût de Lauren Shuler Donner, qui demande au compositeur de revoir sa copie pour la rendre moins grandiloquente et l'agrémenter de sons électroniques. A l'image de ce thème, moins mémorable que celui de la suite, que l'on entend dans le générique de début que quelques privilégiés découvrent sur Ellis Island, à côté de la Statue de la Liberté, où a lieu l'avant-première le 12 juillet 2000, deux jours avant la sortie aux États-Unis.

Avec 54,5 millions de dollars de recettes pour son premier week-end d'exploitation, X-Men s'empare de la tête du box-office américain devant Scary Movie, En pleine tempête et The Patriot. Il termine sa course avec 157,3 millions de billets verts sur le sol américain, ce qui fait de lui le sixième plus gros succès de 2000, et un total mondial s'élevant à 296,3 millions, qui lui offre la neuvième place parmi les cartons de l'année. En France, il frôle les deux millions d'entrées, ce qui fait de lui le vingt-deuxième plus gros succès de l'an 2000 dans l'Hexagone. Pris en tant que tels, ces chiffres peuvent paraître déçevants, et peut-être que la Fox attendait plus de son blockbuster estival sur le plan financier. Mais il ne faut pas oublier que son budget, revu à la hause par rapport à ce qui était initialement prévu, n'était que de 75 millions de dollars (contre 125 et 140 pour Mission : Impossible 2 et En pleine tempête, ses principaux concurrents), ce qui accroît sa rentabilité. Et surtout, son principal enjeu résidait aussi bien dans le nombre de ses entrées en salles que dans son image.

Au moment de sa sortie, les super-héros sont au plus mal depuis le ratage de Batman & Robin, et le petit succès de Blade n'a pas suffi à relancer la machine. Plus que la seule Fox, qui a subi l'echec cinglant de Fight Club quelques mois auparavant, c'est toute l'industrie hollywoodienne qui regarde les X-Men avec attention. Des mutants qui, s'ils parlent au grand public aujourd'hui, n'étaient pas si connus en-dehors des États-Unis, à une époque où les geeks n'avaient pas encore pris le pouvoir. Réussir à engranger quelques 300 millions de dollars dans ce contexte n'était donc pas gagné d'avance, et le test s'avère d'autant plus concluant que la critque est positive. Le New Yorker le décrit comme "le film de super-héros le plus beau, étrange et stimulant depuis le premier Batman", tandis que Les Inrockuptibles saluent ce "pari gagné puisque le film est fidèle aux comics originaux et tient la route cinématographiquement, grâce à un esprit de sérieux et une mise en image correcte", ou que Libération évoque l'alliance de la forme et du fond : "Effets spéciaux magiques pour combat antiraciste."

L'Humanité souligne la "poésie [qui] se glisse par les interstices" alors que "la trame de ce spectacle pour ados est (…) émaillée de clichés", tandis que Première déplore "un blockbuster qui se prend trop au sérieux." Mais l'essentiel est là et ce premier épisode encourageant. Parfois balbutiants, à une époque post-Matrix où le "bullet time", les câbles et autres ralentis étaient devenus la norme, les effets spéciaux ne sont pas toujours aussi magiques que ne le dit Libération. Les pouvoirs des différents mutants sont bien mis en images quand d'autres séquences plus spectaculaires sont moins convaincantes, et l'inexpérience de Bryan Singer en matière d'action et de blockbuster se fait ressentir lorsque le rythme s'emballe, même si le principal intéressé avait visité les plateaux de Titanic et Star Wars - Episode I pour observer la manière dont James Cameron et George Lucas travaillaient, et prendre quelques conseils au passage. Sans doute peu aidé par un budget limité, qui a conduit à plusieurs coupes dans le scénario, le cinéaste ne paraît pas totalement à l'aise dans ce registre (comme Christopher Nolan cinq ans plus tard sur Batman Begins), mais se rattrape sur le fond.

En 2016, pour la sortie d'Apocalypse, neuvième épisode (spin-off inclus) d'une saga qu'il avait lui-même faite décoller, Bryan Singer se félicitait dans les pages de Première d'avoir été "le premier à prendre les films adaptés de comic books au sérieux", parlant de ses partenaires et lui-même comme des "pionniers." Ce qui n'est pas totalement vrai dans la mesure où le Superman de Richard Donner et les Batman de Tim Burton n'étaient pas non plus des pantalonnades. Mais ces longs métrages ne possédaient pas le propos politique des X-Men : comme les comic books, qui avaient été inspirés à Stan Lee et Jack Kirby par les mouvements afro-américains des droits civiques des années 50 et 60, le film se sert des mutants comme d'une métaphore de la façon dont les minorités sont traitées par la société, et fait référence à différents types de persécutions, dès la scène d'ouverture qui se penche sur la jeunesse d'Erik 'Magneto' Lensherr dans un camp de concentration. Une manière d'ancrer le récit dans le réel tout autant que d'expliciter les motivations de l'adversaire des X-Men face au projet de loi d'identification et d'enfermement de ses semblables, qui reviendrait à "les enchaîner et marquer un numéro au fer rouge sur leur front."

Le Sénateur Kelly, principal défenseur de cette loi, rappelle quant à lui Joseph McCarthy, acteur majeur de la chasse aux communistes pendant la Guerre Froide sur le sol américain, qu'il va même jusqu'à paraphraser lorsqu'il brandit une liste des mutants vivant dans son pays. Mais il fait également écho à la Section 28 de l'acte de gouvernement local de Grande-Bretagne datant de 1988, car la question qu'il pose quant à la possibilité de ces mêmes mutants d'enseigner renvoie au bannissement des professeurs homosexuels dans les écoles anglaises, contre lequel Ian McKellen s'était lui-même battu.

Des similitudes qui ont sans aucun doute nourri l'acteur pour son rôle, alors que Bryan Singer a très rapidement présenté le film comme une allégorie de sa propre homosexualité, car il s'identifiait au sentiment d'isolement qui était le leur. Et s'il n'a pas explicitement adapté une histoire précise des comic books, il a su en capturer l'essence et l'une des références, en faisant du Professeur X et de Magneto des équivalents de Martin Luther King et Malcolm X, réunis par un but commun mais opposés dans la façon de faire. Que l'une des dernières répliques d'Erik Lensherr soit "Par tous les moyens nécessaires", comme son modèle assassiné en 1965, n'est en aucun cas un hasard.

Après avoir cru, à tort, que les comic books n'étaient pas de la littérature intelligente, Bryan Singer montre que l'on peut mettre de la politique dans un film de super-héros. Et ce dans un récit choral qui donne une place à chaque personnage même si certains peinent à vraiment s'imposer. Il faut dire que le film n'est jamais aussi intéressant que lorsqu'il se focalise sur l'affrontement entre le Professeur X et Magneto, ou sur la relation qui unit Malicia (qui a hérité de certains traits de personnalité de Jubilee et Kitty Pryde, écartées du scénario) et Wolverine, ou encore sur le mystère qui entoure les origines de ce dernier. Et permet au long métrage de revêtir des atours feuilletonnants en posant quelques bases pour d'éventuelles suites, ce que traduisent également les apparitions de plusieurs mutants amenés à gagner en importance dans les épisodes suivants, à l'image de Colossus, Iceberg ou Pyro, qui changera d'acteur dans le second volet. Car la Fox donne très vite son feu vert à un X-Men 2, auquel le réalisateur réfléchit dès septembre 2000.

Mieux écrite, rythmée et mise en scène, forte d'une ouverture renversante et ancrée dans l'après-11-Septembre, la suite confirme que Hugh Jackman est bien une bête de charisme et la star du show, née pour ce rôle de Wolverine qui sera le sien pendant dix-sept ans et neuf films. Le long métrage sort en France le 30 avril 2003, et le 2 mai aux États-Unis, soit la même année que Daredevil et Hulk, qui lui doivent beaucoup. Comme le premier Spider-Man de Sam Raimi, autre projet super-héroïque au long cours, sorti un an plus tôt et qui a bénéficié du succès des X-Men. Car les mutants de Bryan Singer ont lancé une nouvelle vague d'adaptations de comic books qui submerge encore le box-office mondial actuellement. Il y a bien sûr eu du déchet dans le lot, mais sans eux, pas de Blade 2, pas de 4 Fantastiques (également produit par la Fox), pas de Batman (ou pas avec une approche comme celle de Christopher Nolan) et pas de Marvel Cinematic Universe.

Car le long métrage marque aussi les premiers pas d'un jeune producteur, alors âgé de moins de 30 ans : un certain Kevin Feige. Sur le tournage, c'est à lui qu'est confiée la tâche de canaliser Bryan Singer, mais il va profiter de l'occasion pour apprendre les bases en matière de super-héros et de blockbuster. Engagé par Lauren Shuler Donner, il se rapproche d'Avi Arad qui l'emmène avec lui chez Sony et Columbia Pictures pour travailler sur Spider-Man, où son travail ne sera pas crédité au générique. Mais ça n'est que partie remise pour le natif de Boston, qui prend du galon au sein de Marvel Studios jusqu'à en devenir le numéro 2, et participe à chacune des adaptations réparties entre les différents studios qui détiennent les droits des titres de la Maison des Idées. Et c'est au cœur des années 2000 que naît ce projet un peu fou : récupérer la majorité des droits en questions pour produire soi-même les films, et créer, comme dans les comic books, un univers connecté où les héros se croisent dans des longs métrages mi-indépendant, mi-feuilletonnants, articulés autour d'un fil rouge.

Aujourd'hui, le succès de l'entreprise est indéniable. Mais à l'époque, le pari était plus que risqué car Marvel était au bord de la faillite (et c'est notamment ce qui l'avait conduit à vendre les droits de son catalogue pour une bouchée de pain), et la boîte a joué son va-tout avec un emprunt de 500 millions de dollars qui aurait pu la mener à sa perte en cas d'échec. La suite, on la connaît, et c'est pendant les prises de vues d'Iron Man, premier opus du MCU, que Kevin Feige est nommé à la tête du studio à la place d'Avi Arad, alors que la vraie paternité du projet reste encore floue. A en croire une lettre envoyée par le producteur israélien au Business Week (et reproduit par le Daily Mars), l'idée était la sienne, il a en été dépossédé mais il reconnaît avoir "pardonné à Kevin pour avoir suivi les ordres et s’en attribuer le mérite, mais il n’avait pas le choix." Toujours est-il que le Marvel Cinematic Universe est depuis devenu la franchise la plus lucrative de l'Histoire du Cinéma, et Avengers Endgame son plus gros succès mondial, avec 2,8 milliards de dollars de recettes cumulés en 2019. Et cela n'aurait sans doute pas été possible si les X-Men n'avaient pas ouvert la voie pour montrer que les super-héros avaient bel et bien un avenir à Hollywood.

Les accusations portées à l'encontre de Bryan Singer (et que ce dernier a toujours niées), que ce soit avant le tournage, pendant ou après, ont certes noirci le tableau, en symbolisant cette époque pré-#MeToo pendant laquelle les studios fermaient les yeux sur les agissements de certains réalisateurs et producteurs pour ne pas entâcher un film. Mais vingt ans après, nul ne peut nier la réussite que constitue le premier X-Men, car celle-ci va bien au-delà du long métrage en lui-même, de son casting, de ses effets spéciaux… Son succès a eu un impact structurel sur les blockbusters du XXIè siècle, et concouru à faire des super-héros un enjeu stratégique pour les studios. Et c'est ce qui a notamment conduit Disney, qui héberge Marvel Studios, à racheter la Fox pour s'offrir les mutants (Deadpool inclus) et Les 4 Fantastiques, et leur donner une nouvelle jeunesse sur grand écran. L'occasion, pour Kevin Feige, de boucler la boucle en renouant avec les personnages qui lui ont mis le pied à l'étrier. Mais nul doute que, cette fois-ci, il fera bien plus que surveiller le metteur en scène sur le plateau.