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31 août 2023

Ana de Armas et la bande-annonce mensongère de Yesterday : la justice a rendu son verdict

Quand le marketing d'un film est jugé trompeur ! C'est une affaire étonnante qui avait été lancée à l'initiative de deux spectateurs : attaquer en justice un studio pour bande-annonce mensongère !

Le film en question n'est autre que Yesterday, mis en scène par Danny Boyle. Deux fans de Ana de Armas se sont plaints d’avoir loué le film Yesterday après avoir vu Ana de Armas dans la bande-annonce, mais problème, l'actrice n'y apparaît pas : toutes les scènes avec la comédienne ont été coupées du film terminé et sorti sur les écrans.

Dans un premier temps  le juge fédéral avait rendu un verdict dans cette affaire, sous-entendant que les studios de cinéma pourraient désormais être poursuivis en vertu des lois sur la fausse publicité pour avoir publié des bandes-annonces de films jugées “trompeuses”.

Pendant le procès, Universal, avait cherché à rejeter l’affaire en arguant que les bandes-annonces ont droit à la protection du premier amendement en tant qu’“œuvre artistique et expressive” et devraient donc être considérées comme un discours “non commercial”. Mais le juge a rejeté cet argument, affirmant qu’une bande-annonce est un “discours commercial” et est donc soumise aux lois californiennes sur la publicité mensongère et la concurrence déloyale.

Finalement, ce même juge fédéral a balayé l'affaire. Stephen Wilson a rejeté la plainte pour "fausse déclaration". Le cas a été clos définitivement. Universal n'aura donc pas à faire face à des poursuites, et cette décision devrait cesser d'inquiéter les studios sur les conséquences possibles de leur stratégie marketing.

Rappelons que les scènes avec Ana de Armas, qui représentaient une brève sous-intrigue (le héros du film tombait amoureux d'elle après l'avoir croisée sur un plateau télé), avaient été coupées suite à des projections test.

23 décembre 2022

Yesterday : Ils font un procès à Universal pour "bande-annonce mensongère"

C'est un précédent aussi aberrant que dangereux : une bande-annonce de film doit-elle être considérée comme une pub à part entière ?

Un juge fédéral américain, Stephen Wilson, vient de trancher en ce sens (via Variety), donnant raison à un dépôt de plainte absolument ubuesque et autorisant la tenue d'un procès. De quoi inquiéter Hollywood et l'industrie des studios, qui peuvent maintenant être poursuivis en vertu des lois contre la publicité trompeuse.

La jurisprudence pourrait ainsi s'appeler Yesterday, le film de 2019 de Danny Boyle, qui raconte un monde sans les Beatles. Deux fans d'Ana de Armas ont loué le film pensant y voir l'actrice de Blonde. Elle apparaissait effectivement dans la bande-annonce et a bel et bien tourné quelques scènes... coupées au dernier moment dans le montage final, après les projections tests.

Furieux et avec le sentiment d'avoir été floués, les deux fans ont donc intenté une action en justice en janvier, alléguant qu'ils avaient loué le film après avoir vu Ana de Armas dans la bande-annonce. Universal souhaitait absolument rejeter un procès, arguant que les bandes-annonces de films ont droit à une large protection en vertu du premier amendement (qui protège en gros la liberté d'expression). Les avocats du studio ont fait valoir qu'une bande-annonce est une "œuvre artistique et expressive" qui raconte une histoire de trois minutes véhiculant le thème du film, et doit donc être considérée comme un discours "non commercial".

Mais le juge a rejeté cet argument ce jeudi, concluant qu'une bande-annonce est un discours commercial et, de fait, soumise à la loi californienne sur la publicité mensongère et à la loi sur la concurrence déloyale de l'État. Un procès aura donc lieu !

"Universal a raison de dire que les bandes-annonces impliquent une certaine créativité et une certaine discrétion éditoriale, mais cette créativité ne l'emporte pas sur la nature commerciale d'une bande-annonce. À la base, une bande-annonce est une publicité conçue pour vendre un film en offrant aux consommateurs un aperçu du film" estime le juge Wilson.

Universal conteste et fait valoir que cela fait des décennies que les bandes-annonces comportent des scènes qui sont ensuite coupées, citant Jurassic Park en exemple. Ce classement des trailers en discours commercial pourrait ouvrir la porte à un défilé de poursuites judiciaires de la part de cinéphiles mécontents, s'inquiète le studio, qui craint de voir une foule de fans les attaquer, affirmant subjectivement qu'un film n'est pas à la hauteur des attentes créées par la bande-annonce !

"Selon le raisonnement des plaignants, une bande-annonce pourrait potentiellement être soumise à litige, chaque fois qu'un spectateur prétendrait être déçu de savoir si et combien de personnes ou de scènes qu'il a vues dans la bande-annonce sont bien dans le film au bout du compte. Ou juste si le film s'inscrit bien dans le genre auquel ils prétendaient s'attendre etc..."

Le juge Wilson ne l'entend pas de cette oreille et argue que la loi sur la publicité mensongère ne s'appliquera que lorsqu'une "partie importante" de "consommateurs raisonnables" pourra être induite en erreur. "La décision de la Cour se limite aux représentations indiquant si une actrice ou une scène est dans le film, et rien d'autre", écrit le juge, estimant que sur la base de la bande-annonce de Yesterday, il était plausible que les spectateurs s'attendent à y voir Ana de Armas.

Pour mémoire, l'actrice devait jouer une amoureuse que croisait le héros, joué par Himesh Patel, sur le talk-show de James Corden, et durant lequel il lui jouait une sérénade avec la chanson des Beatles "Something". Or, la jeune femme a été coupée car le public - lors des projections tests - n'aimait pas l'idée que le héros s'éloigne trop de son amoureuse principale - jouée par Lily James.

Suite à cette décision de justice et en attendant le procès, les studios hollywoodiens devront faire attention : désormais les scènes présentes dans une bande-annonce (a minima les acteurs et actrices) devront bien être incluses dans la version finale du film présenté au public ! Les plaignants réclament, eux, 5 millions de dollars de dédommagements...

25 janvier 2022

Yesterday : : Ana de Armas coupée au montage du film ? Deux fans attaquent Universal

Au pays où les affaires judiciaires sont un vrai business lucratif pour des armées d'avocats, il arrive de temps à autre sur le bureau d'Hollywood des plaintes plutôt étonnantes. Comme celle que viennent de déposer deux fans d'Ana de Armas contre Universal, rapporté par Variety.

La raison ? Ayant loué sur Amazon Prime le film Yesterday de Danny Boyle, ils ont peu goûté le fait que la comédienne a été coupée au montage du film, alors qu'elle figure dans la bande-annonce. Le scénariste du film, Richard Curtis, avait d'ailleurs regretté cette coupe au montage.

"C'était une coupe très traumatisante, parce qu'elle était brillante dedans" avait-il lâché au site Cinemablend, dans un entretien publié en 2019. "C'est une de ces choses qui arrivent sur nos scènes préférées d'un film, mais nous avons dû les couper pour le bien de l'ensemble".

Toujours est-il que les deux plaignants, Conor Woulfe, 38 ans et originaire du Maryland et Peter Michael Rosza, 44 ans, originaire de San Diego, attaquent donc la Major pour tromperie, et demandent 5 millions de dollars au titre du préjudice estimé.

Cette plainte n'est pas sans rappeler celle qui avait été déposée en 2011 par une femme américaine contre District Film, le distributeur du film Drive de Nicolas Winding Refn.

Elle aussi avait estimé que la bande-annonce du film avait laissé entendre une oeuvre dans la veine d'un Fast & Furious. En clair, ca manquait pour elle de poursuites, cascades à gogo et voitures hyper tunées... "Drive partage très peu de similarités avec des courses-poursuites visibles dans un film d'action, [...] et il y a peu de scènes de conduites " précisait la plainte.

Tant qu'à charger la mule, la plainte affirmait en outre que Drive "comporte un racisme diffamatoire envers les membres de la communauté juive, faisant ainsi la promotion de la violence à l'encontre de la communauté juive"... L'interessée tenta même de battre le rappel pour que sa plainte se transforme en Class Action, sans succès.

Ce type de plainte est-il abusif ? Fondé ? Est-ce une spécificité propre aux Etats-Unis, ou bien la même chose est-elle possible en France ? Une bande-annonce d'un film peut-elle devenir une publicité mensongère ?

Nous avons contacté pour avis deux avocats. Elisabeth Marrache, du cabinet Marrache Avocat, spécialisé sur les divers domaines de la création et notamment en droit d’auteur et du numérique; ainsi que Frédéric Calinaud, fondateur du cabinet du même nom en 2013. Entretiens croisés.

Elisabeth Marrache : En France, il n’y a pas encore eu de cas de plainte à ce sujet. C’est une démarche très anglo-saxonne pour le moment de faire un recours pour « non satisfaction » ou « non promesse tenue ». Pour le moment, les tribunaux américains n’ont pas jugé qu’une bande-annonce rentrait dans le cadre de l’application du code de la consommation américaine.

Intégrer une mention « images non contractuelles », c’est compliqué : une bande-annonce est considérée comme une œuvre cinématographique et comme un outil d’auto promotion, et pas comme un outil publicitaire. Elle n’a pas une qualification d’œuvre publicitaire en France. De fait, on échappe aux recours de publicité trompeuse ou déloyale.

La définition de la bande-annonce et le régime de la bande-annonce n’est pas prévu par le code du cinéma. Il n’y a pas de définition stricte. C’est une zone floue. Le CNC est compétent en termes de classification vis-à-vis du public auquel s’adresse la bande-annonce. Mais il n’a pas la compétence pour juger de la qualité du contenu et si les images correspondent au film.

La question, en France, se pose plus sur le droit d’auteur que sur l’intérêt du public. L’angle juridique qui m’aurait intéressé, c’est celui d’un cinéaste qui poserait un recours pour atteinte à son droit moral ou non-respect de son œuvre vis-à-vis d’une bande-annonce. On serait là sur une problématique de dénaturation d’une œuvre originale. Mais pour le moment, il n’y a pas eu de jurisprudence.

Frédéric Calinaud : Il y aussi une différence entre choisir les images qui vendent le mieux un film ou une ambiance, chercher à faire passer un film pour ce qu’il n’est pas pour vendre des billets, et chercher à volontairement dérouter le spectateur pour l’amener sur des fausses pistes en termes de scénario. Ce qui est le cas sur Avengers.

La limite est très ténue entre la volonté de vendre et la démarche de ne spoiler ou de surprendre le spectateur. Juridiquement, c’est compliqué à déterminer. Le cas Avengers relève du pur marketing. On s’adresse à un public très averti qui passe des heures à décrypter, décoder et commenter chaque image.

C’est quelque chose d’assez récent cette démarche de décrypter des bandes-annonces. Et donc d’y trouver des images qui ne sont pas dans le film final, ou qui sont modifiées. Mais si on remonte l’histoire du cinéma, énormément de bandes-annonces de classiques ont sans doute le même souci. Même chose pour les photos d’exploitation qui étaient à l’époque affichées devant les cinémas. Et personne ne criait au scandale, personne ne s’est senti floué de ne pas retrouver une image précise dans le film.

Le phénomène est surtout exacerbé par le web, par le fait qu’un blockbuster à trois ou quatre bandes-annonces sans compter les bandes-annonces internationales… Peut-être que cette surenchère visuelle a généré une surenchère dans la frustration.

Elisabeth Marrache : La question au final, c’est qui aurait intérêt à agir et contre qui se retourner. Ce qui est complexe, encore plus quand on sait que les bandes-annonces varient d’un pays à l’autre en termes de contenu et de durée. Il faut aussi ajouter à cela que tout le monde ne comprend pas un film de la même façon…

Indiquer « images non-contractuelles » dénature dès lors la notion même d’œuvre. C’est le propre d’une œuvre de laisser la place à l’imagination : enfermer une bande-annonce dans des clauses contractuelles risquerait de contractualiser toutes les étapes de la création. Je ne pense pas que ce soit la solution de tout légiférer. Surtout en matière d’œuvre artistique.