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26 octobre 2025

Pour Edgar Wright, Les Yeux sans visage est l’un des plus grands films du genre horrifique

On ne dira jamais assez à quel point le support physique, en particulier l'UHD 4k, est d'une supériorité écrasante face au streaming. Reste que les galettes n'en finissent pas de subir, depuis des années, les coups de boutoir des plateformes, et plus largement de la tendance de fond à la dématérialisation. Parmi les soutiens indéfectibles du support figurent des cinéastes bien connus, comme Christopher Nolan, Guillermo del Toro, ou Edgar Wright.

Ce dernier, qui revient d'ailleurs très prochainement au cinéma avec une nouvelle version de Running Man, est un authentique cinéphile doublé d'un collectionneur absolument incroyable, possédant des milliers de films dans sa bibliothèque.

En 2011, il avait accepté de livrer au fameux éditeur Criterion (dont il doit, on imagine, posséder la quasi intégralité du catalogue !) le top 10 de ses films préférés. Parmi eux, pas moins de trois films français, trois chefs-d'oeuvre d'ailleurs. Et l'un d'entre eux est, selon lui, probablement le plus grand film d'horreur jamais réalisé : Les Yeux sans visage, de George Franju.

"Je suis devenu obsédé par l'horreur dès mon plus jeune âge" raconte-t-il. "Sachant cela, mon père me racontait souvent le meilleur film d'horreur qu'il ait jamais vu. C'était un film en noir et blanc, français, et selon ses propres mots, "vraiment, vraiment gore".

Il me racontait qu'il s'agissait d'un chirurgien fou qui tentait de restaurer le visage de sa fille, défigurée dans un accident de voiture, en mutilant des jeunes femmes et en leur volant leur belle peau. Et il n'arrêtait pas de me dire à quel point ce film était génial, à quel point il était effrayant et à quel point je devais absolument le voir. Mais...

Il ne se souvenait plus du titre du film. J'ai essayé de faire des recherches dans les guides sur les films d'horreur de la bibliothèque, mais sans Internet et sans mots-clés sur l'intrigue, je suis resté longtemps dans l'impasse.

Des années plus tard, j'ai vu Les Yeux sans visage et j'ai immédiatement appelé mon père. Je lui ai révélé l'information cruciale qui lui manquait, le titre exact du meilleur film d'horreur qu'il ait jamais vu. Je lui ai ensuite donné raison en lui disant que c'était effectivement un film extraordinaire".

Les Yeux sans visage, ce sont donc ceux de la malheureuse Christiane Genessier, défigurée suite à un accident de voiture. Son père, un chirurgien très respecté (admirable Pierre Brasseur), souhaite remodeler le visage de sa fille. Mais pour cela, il doit effectuer des greffes de peau qu'il aura prélevée sur des jeunes filles...

Dans le chef-d'oeuvre de Georges Franju (qui est, on ne le répètera jamais assez, un authentique film d'horreur), Edith Scob arbore un masque terrifiant, morne, sans vie, silencieux. Un premier exemple sans doute de ce qu'on appellera bien plus tard la théorie de la Uncanny Valley, ou "Vallée dérangeante".

Le mot "Uncanny" étant la traduction anglaise du terme freudien de unheimlich, qui se traduit en français par "inquiétante étrangeté". Késako ? Il s'agit en fait d'une théorie scientifique du roboticien japonais Masahiro Mori, publiée pour la première fois en 1970, selon laquelle plus un robot androïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses.

Pour la petite histoire derrière le masque, c'est à Henri Assola et Georges Klein qu'on le doit. Le tandem avait déjà réalisé le masque de Quasimodo porté par Anthony Quinn dans Notre-Dame de Paris. Pendant longtemps, les masques ont été fabriqués en matière plastique, jus de l'arbre à caoutchouc, importée de Grande-Bretagne.

Mais des chimistes français venaient de mettre au point une méthode plus efficace. Les masques en latex étaient désormais coulés sur des moules en plâtre reproduisant les visages des interprètes. Ce détail de fabrication est important : il montre la volonté de Franju de faire du masque de Christiane un second visage, dont la beauté doit rivaliser avec le vrai.

"A partir du moment où l'on peut voir l'horreur d'un film comme celui-là, car le sujet est à base d'horreur, à partir du moment où l'on peut voir ce qu'il y a de terrible, même de grotesque et de poétique dans la réalité qu'il exprime, c'est-à-dire dans la réalité quotidienne et qui nous est très proche, alors j'ai touché mon but" dira George Franju à propos de son admirable film.

Envie de découvrir cette pure pépite du genre ? Elle est disponible en DVD / Blu-ray, en VOD et même en streaming.