Dans la galaxie des oeuvres de David Lynch, Elephant Man est sans nul doute celle qui reste la plus accessible de son auteur. Elle fut d'ailleurs cruellement et scandaleusement oubliée des Oscars en 1981 d'où elle repartira les mains vides malgré ses huit nominations dont celle du Meilleur acteur pour un inoubliable John Hurt, passé à la postérité sous les traits du personnage.
Endossant les habits de Frederick Treeves, le jeune chirurgien de renom qui recueille John Merrick et découvre chez lui un être doué d'une grande intelligence et assoiffé d'amour, Anthony Hopkins livre une composition admirable; assurément une des meilleures de sa riche carrière.
Elephant Man représentait le premier film de Lynch produit au sein d'un studio, et il avait les coudées franches pour livrer la version qu'il souhaitait, avec la bénédiction de Mel Brooks à la production.
Un Lynch assez Control Freaks d'ailleurs : à l'origine du projet, il voulait faire lui même les prothèses de John Merrick avec de la mousse de polyuréthane souple. Mais peut satisfait du résultat, il s'adressa alors, tardivement, à Christopher Tucker.
La singularité de la méthode de travail de Lynch a fini par susciter de vraies tensions avec Anthony Hopkins, qui trouvait le cinéaste peu professionnel et surtout pas assez taillé pour gérer un film de cette envergure. Au point qu'il passa un coup de fil à Mel Brooks, pour tenter de le faire virer du tournage.
Mais le producteur n'a pas lâché son réalisateur, maintenant sa confiance en lui. "Il est comme un chien fou, bien sûr, et il projette ses propres troubles émotionnels et sexuels dans son travail et nous envahi avec les sentiments qui l'assaillent" racontera Brooks.
Des années plus tard, plus apaisé, Hopkins avouera avoir écrit une lettre au réalisateur, pour s'excuser de son comportement sur le tournage. "Je lui ai écrit une lettre pour m'excuser de mon comportement sur le tournage du film. J'étais très rebelle et me suis très mal comporté. Il voulait faire trop de prises, et moi je ne pouvais pas les faire.
Il était assez distant, et je ne comprenais jamais ce qu'il disait ou voulait, ce qui me rendait particulièrement irritable. Cela fait des années que je ne l'ai pas vu, mais c'est un homme brillant. J'aime beaucoup David".
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