1982 – 2022. Toute une vie sans Romy Schneider. Ou presque. 40 ans tout rond après sa mort, le mythe perdure avec les litanies de rigueur (vie tragique, beaux amants, grands rôles, immense tragédienne, icône…) Les mêmes films repassent à la télé - Sissi, La Piscine, Les Choses de la vie… – et l’on se noie dans ses yeux bleus alors que Romy semble regarder sans cesse ailleurs. Avec Schneider, rien de figé, on continue donc de creuser. Les plus curieux pourront ainsi laisser les "Sautet" de côté pour le seul "Cavalier" : Le combat dans l’île (1962). Ce magnifique long-métrage ne figure pas dans la mini-rétro de la Cinémathèque Française en marge de la grande exposition qu’elle lui consacre (du 16 mars au 31 juillet) mais un beau Blu-Ray existe chez Gaumont. On l’entend dire à Trintignant : "Je voulais vivre, tu me fais mourir !", le tout enveloppé dans un noir et blanc tranchant de Pierre Lhomme. A l’autre extrémité du spectre, il y a les rares Clair de femme de Costa Gavras (1979) et Fantôme d’amour de Dino Risi (1981), où Romy semblait déjà nous faire ses adieux. Entre tout ça, il y a bien-sûr L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski (1975) qui sort pour la première fois en Blu-ray (Le Chat qui fume). Film que l’on espère avoir été pour elle un miroir déformant. Elle y incarnait une comédienne en souffrance obligée d’accepter des rôles "olé olé" pour masquer la misère. "Faites pas de photos, je vous en supplie… disait son personnage angoissé. Je suis une comédienne vous savez ? Je sais faire des choses bien… Ça, je le fais pour bouffer…"
Netflix de son côté dégaine neuf films labellisés "Romy" avec entre autre les films majeurs de sa prolifique collaboration avec Claude Sautet: Les Choses de la vie, Max et les ferrailleurs, César et Rosalie. A noter la présence du plus rare Christine de Pierre Gaspard-Huit (1958) avec le jeune Alain Delon.
L’expo de la Cinémathèque porte le sous-titre "L’invention de la femme moderne" pariant sur l’immortalité supposée - et avérée - de l’icône Romy. Bien en vue, la commissaire de l’exposition, Clémentine Deroudille, a placé un extrait du journal de la star : "En réalité, j’étais simplement en avance sur mon temps. A une époque où il n’était encore nulle part question de libération de la femme, j’ai entrepris ma propre libération. J’ai forgé moi-même mon destin, et je ne le regrette pas." L’absence de regrets n’a bien-sûr pas empêché les blessures. La vie de Romy Schneider ressemble à s’y méprendre à un long supplice déguisé en ronde de nuit. Enfin pour sortir la tête de l’eau, il reste La Piscine. Aussi bleue que la pupille de ses yeux. Le film de Jacques Deray, celui de la renaissance à la fin des sixties, semble tout résumer : une tragédie ensoleillée. Notons donc la parution de ce beau livre : La Piscine, histoire illustrée du film culte par Luc Larriba (Huginn & Muninn), où l’eau vient forcément à la bouche des lecteurs. Happy you Romy !
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