Assurément un des plus beaux films de l'année, The Fabelmans est une passionnante et très émouvante radiographie de l'enfance de Steven Spielberg, sur les blessures intimes et la passion d'un immense cinéaste en devenir. Et, parmi les moments forts du film figure en bonne place la rencontre finale du jeune Sammy Fabelman avec une légende absolue d'Hollywood : John Ford.
Borgne, équipé d'un cache oeil, casquette vissée sur le crâne, et tirant voluptueusement sur son gros cigare, le cinéaste est incarné dans cette géniale séquence par nul autre que David Lynch, que Spielberg n'imaginait d'ailleurs même pas pouvoir convaincre de faire l'acteur.
"Au départ, je ne sais pas pourquoi, mais je ne voulais pas le faire. Il y avait la pandémie, et d’autres problèmes. Mais Steven et Laura Dern sont amis. Laura a plaidé pour que j’accepte. Puis Steven m’a parlé. Je lui ai dit que Peter Bogdanovich devrait plutôt le faire : il avait connu John Ford, il aurait été parfait. Mais Steven m’a répondu: "Non, non, non. C’est toi qui dois le faire, David. –Bon, d’accord, d’accord…" confiait Lynch aux Cahiers du cinéma.
Ajoutant : "En acceptant le job, je me suis rendu compte que Steven Spielberg était un type super. Je veux dire par là: un être humain réellement bon. J’ai finalement adoré travailler avec lui, pour lui. Je n’ai tourné qu’un seul jour, mais c’était très amusant".
Dans le numéro à venir du magazine Empire où figure un long entretien avec Lynch, celui-ci révèle, facétieux, la monnaie d'échange qu'il a accepté pour faire ce rôle, certes court mais mémorable : il s'est littéralement fait payer... en bonbons ! Ou plutôt en biscuits apéritif. Et ce n'est pas une blague.
"Un gros sachet de Cheetos dans ma loge, oui. [NDR : les Cheetos sont des biscuits apéritif soufflés, un peu à la manière des Curly]. J'adore ça. A chaque fois que je peux, j'essaie d'en avoir. Je sais que c'est pas vraiment un aliment bon pour la santé. Alors dès que je peux quitter la maison et que j'ai la chance d'en avoir... Mais je n'en ai pas si souvent, honnêtement.
Donc quand je peux en avoir, je veux un gros sachet. Parce qu'une fois que vous commencez à les avaler... Vous allez en manger pas mal avant de ralentir la cadence et vous dire "stop". Sinon, avec un petit sachet, vous seriez condamné à rôder pendant des jours pour en trouver davantage [..] Ca a un goût absolument incroyable.
Le verdict est le suivant : "la ligne d'horizon au milieu, c'est chiant" [NDR : allusion à une réplique de John Ford dans le film, où il demande au jeune Sammy de lui indiquer la ligne d'horizon dans un cadre]. Les Cheetos, c'est passionnant !"
On croirait à une blague, si ce n'est à se souvenir que l'on parle de David Lynch, le seul cinéaste capable de faire quotidiennement sur sa chaîne Youtube... Un bulletin météo. Et donc, de philosopher sur les vertus des Cheetos.
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