Depuis l’arrestation des réalisateurs Jafar Panahi (Trois visages, Taxi Téhéran) et Mohammed Rasoulof (Le diable n’existe pas, Un homme intègre) en juillet dernier à Téhéran, la vague de répression sur le cinéma iranien s’intensifie. C’est au tour du cinéaste de 32 ans, Saeed Roustayi (révélé pour son thriller carcéral La loi de Téhéran, l’un des plus gros succès commerciaux du pays), d’être condamné à la prison ferme. "Le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Saeed Roustayi et Javad Norouzbeigui, le réalisateur et le producteur du film Leïla et ses frères, à six mois de prison", a rapporté le quotidien réformateur Etemad. La peine prononcée est assortie d’une interdiction de tourner de cinq ans, et de communiquer avec toutes personnes actives dans le domaine du cinéma.
Pour les autorités iraniennes, la montée des marches du casting de Leïla et ses frères (présenté à Cannes en compétition officielle) aurait contribué à "la propagande de l’opposition contre le système islamique". Son réalisateur aurait "enfreint les règles en participant sans autorisation à des festivals étrangers […] à Cannes et ensuite à Munich" et refusé de "corriger" son œuvre comme le lui demandait l’Organisation cinématographique de son pays, chargée d’accorder les autorisations de distribution. Le drame familial, qui dressait le portrait d’une famille pauvre dans un Iran plongé dans une profonde crise économique, avait été interdit dans le pays depuis sa sortie l’année dernière.
L’une des actrices à l’affiche du film, Taraneh Alidoosti, figure du cinéma iranien (célèbre pour ses rôles dans plusieurs films d’Asghar Farhadi) et ardente militante des droits des femmes, avait elle aussi été arrêtée par la police des mœurs iranienne, en lien avec le mouvement de contestation agitant le pays depuis bientôt un an. La nouvelle avait très vite suscité la consternation dans le monde du septième art. "La courageuse actrice d'Iran a été arrêtée", avait dénoncé sur les réseaux sociaux sa consœur Golshifteh Farahani, contrainte à l'exil en 2008.
Saeed Roustayi devrait bénéficier d’une réduction de peine avec sursis. Le verdict pourrait faire l'objet d'un appel dans "les vingt jours suivant sa notification", a précisé le journal iranien. Pour l’heure, de nombreux messages de soutien lui sont apportés sur les réseaux sociaux.
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