Deux ans après son triomphe au Festival de Cannes où il avait remporté la Palme d'or pour son extraordinaire Parasite, premier jalon dans une marche vers un succès planétaire, Bong Joon-ho est revenu à Cannes cette année.
Ce mercredi 7 juillet, dans le cadre de la 74e édition du festival, une session de discussions avec le cinéaste s'est tenue, sous le nom de "Rendez-vous avec".
L'occasion pour lui d'évoquer à nouveau une autre pépite de sa filmographie, le sensationnel Memories of Murder, sorti en 2004, qui relatait l'enquête authentique menée pour arrêter un tueur en série sévissant dans les années 80 en Corée du Sud.
Le cinéaste est revenue sur une jolie anecdote, à propos du sens du plan ultime du film; qui montre le visage de l'acteur Song Kang-Ho regarder directement la caméra. Une anecdote connue par les cinéphiles, mais pas par tous, loin s'en faut : "Lorsque nous tournions le film, en 2002, le tueur n'avait pas encore été arrêté. On s'est dit : "si ca se trouve, il ira peut être voir le film en salle. [...] Ce regard de l'inspecteur face caméra, c'était une volonté de ma part de créer un face à face entre l'inspecteur et le criminel, s'il venait voir le film dans une salle de cinéma".
En 2019, l'agence de police provinciale de Gyeonggi Nambu a pu confondre les traces ADN du serial killer prélevées sur le sous-vêtement d'une des victimes avec celles d'un homme d'une cinquantaine d'années, déjà en prison.
La police sud-coréenne affirma que le suspect avoua cette série de meurtres mais en revendiqua aussi cinq autres : trois à la même période et deux autres avant l'assassinat de sa belle-soeur. Le délai de prescription ayant pris fin en avril 2006, le tueur identifié n'a pas été poursuivi pour cette affaire qui a traumatisé la Corée du Sud. Néanmoins, l'homme était déjà incarcéré pour des faits similaires et il devrait rester encore longtemps emprisonné.
Bong Joon-ho avait d'ailleurs réagi à cet incroyable rebondissement comme le rapportait le Los Angeles Times : "Quand j'ai tourné le film, j'étais très curieux et j'ai beaucoup pensé à ce meurtrier. Je me demandais à quoi il ressemblait, [...] j'ai pu voir une photo de son visage. Et je pense que j'ai besoin d'un peu temps pour digérer la nouvelle et comprendre ce que je ressens. Pour le moment, je voudrais simplement applaudir les forces de police pour leurs efforts incessants dans la recherche du coupable."
Trente ans plus tard, l'affaire fut ainsi définitivement refermée.
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