L'acteur écossais Sean Connery s'est mis en grève avant le début du tournage du film de guerre Un pont trop loin, en raison de disparités salariales. Il s'estimait sous-payé comparé à d'autres stars du film.
S'inscrivant dans la mode des films de guerre "fresques" à la façon du Jour le plus long, des Canons de Navarone ou du Pont de la rivière Kwai, Un pont trop loin possède un budget pharaonique, des figurants par centaines, le film est un blockbuster de l'époque. Réalisé par Richard Attenborough, il possède un casting de stars impressionnants.
On voit ainsi se succéder à l'écran Dirk Bogarde, James Caan, Michael Caine, Sean Connery, Edward Fox, Elliott Gould, Gene Hackman, Anthony Hopkins, Hardy Krüger, Laurence Olivier, Ryan O'Neal, Robert Redford, Maximilian Schell et Liv Ullmann.
La première de ces stars a avoir signé pour le film était Sean Connery dans le rôle du général Robert Urquhart, pour la somme de 250 000 dollars, soit 1,2 million d'aujourd'hui. Mais à trois semaines du tournage, il découvre dans les journaux des disparités de salaire :
"Au début, j'ai cru à une erreur, mais j'ai appris que ça n'en était pas une. Au prorata de la taille de mon rôle dans le film, le salaire sur lequel nous étions tombés d'accord semblait juste. Mais quand j'ai découvert combien d'autres obtenaient - pour la même quantité de travail et à jeu égal - c'est devenu injuste."
Parmi ces "autres" mieux payés, on trouve Robert Redford, qui a moins de présence que Connery dans le film, et touche bien plus (la rumeur parle de 2 millions de dollars, près de 10 millions d'aujourd'hui).
Il faut dire que Redford est alors au fait de sa gloire (il vient de tourner L'Arnaque, Gatsby, Les 3 jours du Condor et sort des Hommes du président), là où les derniers films de Connery n'ont pas vraiment été de gros succès depuis qu'il a raccroché le rôle de Bond en 1971 après Les Diamants sont éternels.
La volonté de Connery de toucher plus n'est pas un caprise, si l'on en croit le comédien Ian Bannen, qui avait tourné avec lui La Colline des hommes perdus :
"Ce n'était pas de la cupidité ou de l'arrogance égocentrique. Je connais Sean, l'un de ses slogans après Bond était : 'payez-moi ce que je vaux'. Bien entendu, il a tiqué que puique Redford était payé si haut, il méritait plus."
Avant même de tourner la moindre image du film, Sean Connery a donc exprimé son mécontentement auprès du producteur Joseph E. Levine. Se mettant en grève et refusant de se rendre au travail sans revalorisation de son salaire, le comédien a finalement obtenu ce qu'il souhaitait.
Levine lui a accordé une augmentation de 50%, et le tournage a pu commencer dans les temps à Deventer (Pays-Bas).
A peine 4 ans plus tard, Sean Connery reviendra sur le devant de la scène au début des années 80 avec successivement Meurtres en direct, Highlander, Le Nom de la rose et Les Incorruptibles, relançant sa carrière auprès du grand public.
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