28 janvier 2022

Chine : appel au boycott contre Keanu Reeves

C'est peu dire que les autorités de Pékin et le milieu nationaliste chinois aligné sur le gouvernement sont particulièrement chatouilleux sur la question du Tibet. Et Keanu Reeves vient de l'apprendre à ses dépens.

Motif ? L'acteur a prévu de participer à un concert le 3 mars prochain, dont les bénéfices doivent aller au soutien de la cause du Tibet. L'organisateur du concert, l'association Tibet House, à but non lucratif, a été classée par Pékin comme une organisation séparatiste soutenant la cause du Dalaï-Lama, militant pour l'indépendance du Tibet.

Il n'en fallait pas plus pour provoquer la fureur des nationalistes, qui appellent au boycott de l'acteur et de ses films, à commencer par son dernier, Matrix : Resurrections. Récemment sorti dans l'Empire du Milieu, le film y est d'ailleurs un échec cuisant, avec à peine 7,5 millions $ récoltés pour son démarrage, et 12,4 petits millions ramassés depuis. Autant dire que cet appel au boycott ne va pas arranger les affaires du film, déjà bien mal en point...

Le backlash risque d'être d'autant plus douloureux que l'acteur compte de nombreux fans en Chine. Ayant lui-même des ancêtres venant du pays, il y avait aussi tourné son premier film en tant que réalisateur, Man of Tai Chi, sorti en 2013. A ce stade, il n'est pas impossible d'envisager que le gouvernement chinois interdise à l'acteur de rentrer dans le pays...

C'est qu'il existe un passif lourd en la matière. Richard Gere, bouddhiste et notoirement connu comme un défenseur de la cause tibétaine, est depuis longtemps persona non grata en Chine. Même tarif pour Brad Pitt depuis son film Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud. Le film fut interdit par Pékin, qui n'avait pas supporté le portrait positif fait du Dalaï-Lama.

Kundun de Martin Scorsese avait également subi les foudres de la censure et fut interdit. Disney, qui avait produit et distribué ce film, était passé outre les avertissements des autorités chinoises durant la production du film.

En retour, la société avait subi une mesure de rétorsion temporaire : tous les films du catalogue de la firme furent interdits. Cette interdiction fut levée deux ans plus tard, pour la sortie du film animé Mulan. Depuis cette époque et ses multiples tentatives de percer le marché chinois, Disney a largement revu sa position concernant l'empire du Milieu.

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