Palme d'Or en 1995, Underground revient en salles le 31 janvier dans une version restaurée 4K sous la houlette du distributeur Malavida. Réalisé par le cinéaste iconoclaste Emir Kusturica, l'oeuvre nous entraîne en avril 1941.
Les premières bombes allemandes tombent sur le Zoo de Belgrade. Commence alors l’odyssée de Marko et Blacky, deux amis qui, sous couvert de la résistance du Parti communiste, prennent prétexte de la patrie humiliée pour entreprendre de dangereuses et lucratives activités.
Les combats s’intensifiant, Marko cache dans l’immense cave de son grand-père un groupe de réfugiés, famille et amis, où ils peuvent vivre en autarcie totale, et à qui il fait fabriquer des armes. Marko est un affairiste, malicieux et opportuniste, Blacky un bouillant résistant, crédule et impulsif, qui finit par enlever Natalija, la comédienne qu’il idolâtre. Mais Marko tombe aussi amoureux d’elle.
À l'occasion de cette ressortie, Malavida propose également des séances du film dans une version intégrale inédite de 5h16 ! 30 projections exceptionnelles de ce montage dit "XXL" sont ainsi organisées dans certains cinémas. À noter que la version cinéma dure déjà 2h44 !
"Underground est le film le plus ambitieux réalisé par Kusturica, une comédie épique sur les ruses du pouvoir, la manipulation et les faiblesses humaines, qui couvre un demi-siècle d’histoire européenne, de l’occupation nazie à la désintégration de la Yougoslavie", indique le distributeur Malavida.
À noter que le film présentée à Cannes en 1995 durait 3h15. Emir Kusturica l'a remonté en coupant des séquences pour arriver à 2h44. Le montage de 5h16 a déjà été diffusée sous forme de série sur Arte avec le titre Il était une fois un pays. Toutefois, cette version n'avait jamais été projetée sur grand écran.
Emir Kusturica a créé l'événement sur la Croisette en 1995 lorsque le jury, présidé par Jeanne Moreau, lui décerne la seconde Palme d'Or de sa carrière, après Papa est en voyage d'affaires (1985). Le metteur en scène est alors entré dans le club très fermé des doubles vainqueurs de la Palme d'Or (Francis Ford Coppola, Shohei Imamura, Bille August et les frères Dardenne).
"Underground est avant tout un grand film anti-militariste sur l’absurdité de la guerre. Il nous paraît dommage que l’œuvre de l’un des plus grands réalisateurs contemporains soit si difficile à voir, c’est pourquoi la sortie d’Underground marque le début d’un travail de fond autour de Kusturica", explique le distributeur Malavida.
Si Underground a autant marqué, c'est en partie en raison de sa tonalité comique, un parti pris audacieux autour du thème délicate de la Seconde Guerre mondiale. "Cela faisait très longtemps que je souhaitais tourner une comédie mais je n’y arrivais pas car certains côtés tragiques de ma personnalité prenaient invariablement le dessus", confie Emir Kusturica.
"Cette fois, je disposais d’un script qui me permettait de mieux doser drame et comédie. Ce film est très différent des précédents. Je le considère un peu comme un 'best of', ou comme la résultante de trois ou quatre longs métrages mêlant des tonalités et des émotions très contrastées", poursuit le cinéaste franco-serbe.
Dès sa première projection à Cannes le film a suscité une vive polémique polémique. Emir Kusturica a été violemment pris à parti par certains journalistes qui l'ont traité de fasciste et de propagandiste. La controverse atteindra son apogée autour de l'opposition entre Emir Kusturica et Alain Finkielkraut. Ce dernier a accusé le premier de soutenir le régime de Slobodan Milosevic.
Kusturica s'est défendu en reprochant au philosophe de n'avoir pas vu le film, ce qui sera confirmé par celui-ci. Il continuera tout de même à attaquer le film. Subissant de vives critiques autour de son oeuvre, Kusturica avait pensé arrêter le cinéma avant de revenir sur sa décision.
"La polémique qui a marqué la sortie du film a été initiée par Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Levy ; peu après, ils ont publiquement n’avoir pas vu le film au moment de leurs écrits", précise le distributeur Malavida.
Underground est ressorti au cinéma le 31 janvier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire